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« Au feu les pompiers » de Milos Forman. Critique cinéma-Blu-ray

A défaut de jeunes candidates, une grand-mère s'autoproclame reine des pompiers

Synopsis: Dans une bourgade, un bal des pompiers est organisé . Avec une tombola, un concours de miss beauté est proposé. Mais rien ne se passe comme prévu : les lots de la tombola disparaissent tandis que les jeunes prétendantes ne sont guère enthousiastes. Et tout près, un incendie se déclare …

La fiche du film

Le film : "Au feu les pompiers !"
De : Milos Forman
Avec : Jan Vostrcil, Frantisek Debelka
Sortie le : 20/11/2019
Distribution : Carlotta Films
Durée : 70 Minutes
Genre : Comédie, Drame
Type : Long-métrage
Le film
Le bonus

Le dernier film de Milos Forman tourné en Tchécoslovaquie. L’affaire est-elle préméditée ? Ivan Passer écrit le scénario mais rien ne permet de l’imaginer. Pourtant,  le ton résolument caustique de cette farce politique est une cinglante diatribe à l’égard du pouvoir.

Il est, en raison de la fiction et surtout de la censure, représenté par quelques pompiers préparant leur bal traditionnel.

L’apparence de l’ordre ambiant est vite démentie par des dysfonctionnements surréalistes. Les lots offerts pour la tombola disparaissent peu à peu et la querelle qui s’en suit annonce bien d’autres pugilats.

Les soldats du feu n’y sont pas étrangers. A la manière d’une désorganisation kafkaïenne, une jolie pagaille orchestre la mise en place de cette soirée dont le clou demeure l’élection de la reine de beauté.

Mais sans candidate officielle, nos valeureux organisateurs se mêlent aux danseurs afin d’en dénicher quelques-unes et se rendent au balcon pour vérifier les décolletés. Forman ne fait pas dans le détail, mais dans le grotesque qui vire au burlesque, histoire de sauver les meubles et la morale.

Ca date un peu aujourd’hui, mais la satire demeure d’une virulence exemplaire sur le compte d’un cinéma revendicatif, qui dénonce l’oppression du petit peuple, son aliénation. On envoie ces jeunes filles à l’abattoir, comme on se rince l’œil d’un spectacle dégradant.

La scène finale est encore plus sordide, voire déprimante. Un incendie se déclare près de la salle des fêtes, et son vieux propriétaire est tout de suite pris en pitié, mais sans réelle bienveillance.

On le ramène plus près des flammes pour qu’il se réchauffe ( scène incroyable ) avant que les pompiers ne se disputent, toute bêtise confondue, sur le vol des lots de la tombola.

La je vous jure que la discussion est méritoire et mérite d’être entendue cent fois sur le genre de « ceux qui ont volé s’attendent en toute logique à ne rien gagner ». Mais à contrario ceux qui n’ont rien volé et qui possèdent un billet, à quoi peuvent-ils s’attendre ?

C’est vraiment triste un pays qui n’a pas d’avenir. Forman le quitte avant qu’il ne soit trop tard. Au feu les pompiers !

LE SUPPLEMENT

 MILOS FORMAN, ANNÉES 60 ( *) un documentaire de Luc Lagier (2010 – Couleurs et N&B – 50 mn)  – 1948 l’arrivée communiste met aux placards les films français et américains pour des films soviétiques, et le réalisme socialiste qui allait avec . « La différence était si énorme que je ne comprenais pourquoi ces films étaient aussi stupides et ennuyeux ».

Luc lagier en compagnie de Milos Forman

« Je n’ai jamais pensé faire des films politiques, mais j’étais conscient que montrer la réalité c’était déjà de la politique , mais avant tout je voulais éviter d’ être ennuyeux ».

Milos Forman que l’on voit en interview, sur des plateaux de tournage ou entre deux vidéos explique  comment il tournait avec presque rien, des gens de sa famille, la sœur de sa première femme ( « Les amours d’une blonde » ) .

La présentation de «  Au feu les pompiers » (interdit en Tchécoslovaquie) , dans le contexte du printemps tchèque est savoureuse..

 

Son arrivée aux Etats Unis . L’envie de tourner tout de suite «  Hair » après l’avoir vu sur scène. «  Voir des jeunes aussi libre depuis les pays de l’Est c’était inimaginable ».

« Taking off »

Le printemps de Prague, la certitude qu’il ne pourra plus retourner dans son pays, il prépare alors «  Taking off » , bien accueilli mais sans réellement promotion , la chanson «  Fuck » n’étant pas du goût de tout le monde chez Universal. Comme quoi la censure savait franchir les frontières

L’histoire de «  Vol au-dessus d’un nid de coucou » , le livre qui n’était jamais arrivé en Tchécoslovaquie, stoppé à la douane , « mais je l’ignorais, si bien que quand je l’ai reçu 7 ans plus tard aux USA …. »  la suite est absolument à découvrir dans ce documentaire excellent.

« Mes amis américains me disaient que je n’allais rien y comprendre, qu’il était purement américain, alors que ce livre racontait ma vie, l’infirmière c’était le parti communiste… ».

Coffret Milos Forman, 4 œuvres de jeunesse ( 04 novembre 2020 ).---- Le dernier film de Milos Forman tourné en Tchécoslovaquie. L’affaire est-elle préméditée ? Ivan Passer écrit le scénario mais rien ne permet de l’imaginer. Pourtant,  le ton résolument caustique de cette farce politique est une cinglante diatribe à l’égard du pouvoir. Il est, en raison de la fiction et surtout de la censure, représenté par quelques pompiers préparant leur bal traditionnel. L’apparence de l’ordre ambiant est vite démentie par des dysfonctionnements surréalistes. Les lots offerts pour la tombola disparaissent peu à peu et la querelle qui s’en suit…
Le film
Le bonus

Poussée à fond, cette « comédie humaine » hésite entre l’absurde et le grotesque, pour ne donner qu’un son de cloche très pessimiste sur l’avenir du pays du réalisateur : la Tchécoslovaquie. Il s’apprête à le quitter et règle quelques derniers comptes au pouvoir en place et à ses apparatchiks, un ensemble figuré par le bal des pompiers où se déploie l’absurdité kafkaïenne. A la rigueur imbécile des dirigeants, le cinéaste oppose l’abrutissement de la foule, illustration de la satire politique en forme de bras d’honneur. Ca date un peu aujourd’hui, mais la satire demeure d’une virulence exemplaire sur le compte d’un cinéma revendicatif, qui dénonce l’oppression du petit peuple, son aliénation.

AVIS BONUS  Milos Forman évoque ses souvenirs de cinéaste dans la Tchécoslovaquie des années 1960 jusqu’aux années de gloire aux USA. Très beau documentaire

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