L’histoire : A l’Atlantic Bar, Nathalie, la patronne, est le centre de l’attention. Ici, on chante, on danse, on se tient les uns aux autres. Après la mise en vente du bar, Nathalie et les habitués se confrontent à la fin de leur monde et d’un lieu à la fois destructeur et vital.
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Il y a beaucoup de complaisance de part et d’autre dans ce documentaire qui se rapporte à une tradition populaire, le bar de quartier, de village, qui habituellement dit l’Histoire de ce lieu et de ses gens, qui l’habitent, voire qui l’animent.
Cette fois on se raconte plus que l’on raconte. La caméra fascine ses interlocuteurs et la gouaille de Nathalie, la patronne du bistrot, trouve idéalement sa place dans ce cadre formaté à son humeur. C’est plutôt là qu’il faut chercher l’intérêt du documentaire, dans cet élan de vie qui se brise pour un trop plein d’alcool, ou des problèmes financiers.
Le dernier ne date pas d’hier, mais Nathalie et son mari Jean-Jacques repoussent l’échéance comme ils peuvent. Le propriétaire veut vendre le fonds de commerce. Ils n’ont pas les moyens de suivre sa proposition qui fait hurler Nathalie quand elle boit encore un peu trop.
Une addiction à la bouteille qu’elle sert du matin au soir et dont elle parle très consciemment. Elle pensait en être sortie, mais la menace de fermeture la replonge dans ses travers. Le monde qui s’écroule c’est celui des habitués du lieu devenus des amis et qui à leur tour content leurs joies et leurs misères.
L’ancien SDF recueilli par le couple qu’il accompagne partout. « Ils viennent toujours me chercher quand ils s’en vont ». (photo)
Claude , poète de comptoir autant que dérisoire tient la vie par ce fil ténu où son frère égorgé « pour des bêtises » le rappelle à l’ordre. « Je préfère être un lâche vivant, qu’un héros mort »
Jean-Jacques, le compagnon de Nathalie, à l’écoute ( il écoute beaucoup) et parle peu . Un vrai patron de bar pour qui la vente programmée est un crève-cœur.
Alors on va chanter une dernière fois, réunir les amis pour l’anniversaire du fiston et puis … On ne sait pas comment ils se sont quittés. Peut-être cette dernière danse solitaire, Claude et Bourvil pour un moment de tendresse, inouï.
LE SUPPLEMENT
- Rencontre avec Fanny Molins ( 40 mn ) – Elle explique la genèse de son projet . Montrer l’individualité de ces gens , « que l’on dit piliers de bar, des éléments d’architecture, j’ai voulu les faire bouger et qu’ils se racontent »
Mais le film a bien pris une autre tournure au moment de l’annonce de la vente du fonds de commerce : « ils venaient d’apprendre la fin de leur monde, ça a généré des émotions terribles. (…) Nathalie a replongé à cause de la vente de son café , elle est extrêmement lucide sur sa maladie dont elle parle bien ».
Le bar vu comme un théâtre, avec Nathalie en metteur en scène et les habitués, des comédiens « où tout le monde a son petit rôle » .
Les réactions des protagonistes ? » Ils n’ont pas mesurer à quel point la caméra s’approchait d’eux, célébrés comme des héros de cinéma ,ils ont appris des choses les uns sur les autres ».
Le documentaire
Le bonus
« Le vrai bar, c’est populaire » dit Jean Jacques, l’âme de ce bistrot appelé à disparaître par la volonté de son propriétaire. Mais malgré cette vision d’un lieu de tradition , la réalisatrice Fanny Molins s’en écarte très vite pour laisser place à un état d’esprit.
Ici on se raconte plus que l’on raconte . Fanny la patronne et tous ses soucis, ses problèmes, son alcoolisme renaissant quand les habitués prennent la parole entre deux verres et quelques sorties pour les loisirs.
Nulle soci
ologie dans le traitement filmique, mais des tranches de vie regroupées dans un même élan arrêté en plein vol.
Le bar est devenu un théâtre, un lieu de répétition de la vie leur file entre les doigts . Le commun de nombreux recalés au bonheur universel, et pourtant, même édentés leurs sourires est plein d’espoir.
On ne sait pas comment ils se sont quittés. Peut-être sur cette dernière danse solitaire, Claude et Bourvil pour un moment de tendresse, inouï. J’ai rarement vu au cinéma, un plan aussi magnifique …
AVIS BONUS
Commentaires et explications de la réalisatrice qui tient bien son projet en main