Sur le mode d’une fiction qui ressemble à un documentaire. Exercice délicat, Boris Khlebnikov l’assume totalement.
La fiche du film
Le film
- DVD : 25 août 2020
- Prix de la critique au festival d’Arras.
- Prix de la presse au festival du cinéma européen des Arcs
Le titre, parfait, joue sur les deux tableaux de l’histoire . Katia et Oleg , un jeune couple d’hospitaliers confronté à une activité professionnelle de plus en plus exigeante, voit dans leur vie privée lui échapper les rares moments de bonheur, voire d’intimité.
L’arythmie est un trouble du rythme cardiaque .
Oleg, urgentiste, consciencieux et compétent rencontre au quotidien des cas particuliers, de plus en plus épineux. Pour compenser, il boit beaucoup. Ce que ne supporte plus son épouse, tout aussi absorbée par son travail.
Le retour au foyer vire au psychodrame. Jamais violent, Oleg est pitoyable dans sa soûlographie et ses regrets du lendemain. Quand il retrouve ses esprits et le service des Urgences.
Boris Khlebnikov le filme tel quel, sans pathos, ni effets dramatiques. Oleg ressemble à ses concitoyens perdus dans la masse, chaque jour un peu plus désespérés.
C’est bien l’état de santé d’un pays qu’il nous révèle, un pays que la belle Katia porte elle aussi à bout de bras, lasse, mais bienveillante, attentive aux écarts de son homme, qu’elle aime malgré tout.
Malgré ses écarts, ses rappels à l’ordre professionnel. Pour sauver une vie, Oleg dépasse parfois le cadre, piétine le règlement. La bienveillance de son patron ( Vladimir Kapustin ) atténue les plaintes qui se succèdent jusqu’à l’arrivée d’un nouveau chef. Aux ordres aveugles de la nouvelle politique de santé. Maksim Lagashkin est intraitable.
Certains articles sont ridicules, outrepassent le bon sens, détériorent un système qui malgré tout fonctionnait correctement. Une escalade dans la sourde révolte d’Oleg désormais au pied du mur . La soumission ou l’explosion.
Ce que le réalisateur traduit par une issue incertaine, mais presque heureuse, au regard de ce monde qui se délite tranquillement. Alexander Yatsenko et Irina Gorbacheva l’expriment vivement dans une interprétation presque naturelle. Sur le mode d’une fiction qui ressemble à un documentaire. Exercice délicat, Boris Khlebnikov l’assume totalement.
Le film
Le titre qui joue à la fois sur la vie privée et professionnelle du jeune couple est parfaitement choisie pour exprimer l’état de santé d’un pays que sa nouvelle politique de soins risque de mettre en péril. A l’image de cette femme médecin et de son mari urgentiste dont les liens se distendent devant l’impuissance de l’homme confronté à trop de problèmes , mal résolus dans l’alcool. Incapable de contrôler une activité qu’il gère parfois en dehors du règlement. Trop contraignant, absurde parfois, ce règlement dérègle le bon ordre d’une humanité dont le réalisateur nous dévoile son quotidien . A travers ses troubles du rythme cardiaque ( Arythmie ) c’est bien l’état de santé d’un pays qu’il nous révèle en compagnie de deux acteurs au jeu si vrai, si naturel : Alexander Yatsenko et Irina Gorbacheva .