Synopsis: Dans les montagnes sardes, une prison vétuste est en cours de démantèlement quand le transfert de douze détenus est soudainement suspendu. Gaetano, le surveillant le plus expérimenté, est chargé de la faire fonctionner quelques jours encore, en équipe réduite. Lagioia, le parrain, qui purge une longue peine, entrevoit la possibilité de faire entendre les revendications de quelques détenus...
La fiche du film
Le Film
- DVD : 16 octobre 2023
Le transfert de détenus dans différents établissements pénitentiaires est momentanément suspendu. Une dizaine de prisonniers vont devoir encore attendre entre les murs vétustes de leurs cellules délabrées. Mauvaise humeur ….
Les gardiens désignés pour rester sur place sont tout aussi désabusés.
L’équipe est réduite et la réorganisation de leur service s’opère autour d’ un regroupement des hommes dans un même quartier. Celui de la rotonde où la surveillance circulaire parait la plus facile.
Et la plus propice à Leonardo Di Costanzo qui s’empare habilement de cette scène de théâtre pour édifier une pièce magnifique autour de l’acceptation et du renoncement. Une histoire piégeuse tant elle recèle de moments attendus et de relations convenues.
Toutes ces embûches biffées à demi-mot par le réalisateur-scénariste qui les exploite au mieux dans le fond et la forme d’une cohabitation surprenante . Les gardiens et les prisonniers n’ont jamais été aussi proches.
Entre l’ordre et la servitude, les codes établis depuis toujours n’ont alors peut-être plus lieu d’être.
La cuisine ne fonctionne plus, la lumière est défaillante, et les détenus se côtoient, se parlent et revendiquent maintenant leur part d’humanité.
La prison en cours de démantèlement est comme abandonnée à cet îlot de résistance fortuite.
Pour des surveillants un brin déboussolés par leur institution qui les enferme à leur tour dans ce système infaillible, pensaient-ils. Leur chef Gaetano, inflexible (Toni Servillo, talent et distinction ), voit la faille qui peu à peu les divise et l’entraîne lui aussi sur un terrain dangereux. De la promiscuité à la complicité …
Leonardo Di Costanzo filme avec finesse, et attention l’emprise de ce dérèglement carcéral auquel l’ancien parrain Don Carmine ( Silvio Orlando , extraordinaire ) participe habilement . Avec son petit monde, il prône une entente sinon cordiale, du moins salutaire.
C’est la scène du banquet partagé au cœur de la rotonde, à la lueur des lampes torche, à la faveur d’une panne d’électricité. Elle est poignante et magnifique de cette humanité qui suintait autrefois sur des murs inhospitaliers, pour rejoindre maintenant la dimension d’un rêve raisonnable.
Le retour de la lumière signe la fin du repas. Les prisonniers regagnent leur cellule sous l’œil presque attendri de Gaetano. Une musique singulière les accompagne, des bravos cadencés par des mains invisibles. La séquence, dépouillée de ce qui l’animait, vide de tout acteur, est encore plus belle et généreuse dans son partage.
J’y voyais personnellement la fin de ce film. Et je reste sur ma fin !
Le Film
C’est déjà une belle histoire sur le papier, mais tellement prévisible dans son déroulement qu’elle devient risquée, compromettante. Le sort de quelques prisonniers qui en attente d’un transfert se retrouvent confinés dans un quartier face à des surveillants qu’ils n’ont jamais côtoyés de si près. Ils vont alors les observer, les approcher , levant peu à peu des barrières autrefois infranchissables , mais qui sous l’effet complice d’une situation inattendue va les réunir de façon imprévisible. Leonardo Di Costanzo filme avec finesse, et attention l’emprise de ce dérèglement carcéral, en contradiction avec l’ambiance habituelle de ces lieux qui ne connaissaient que la réclusion et la soumission. Le contraste est fort, saisissant quand l’entente sinon cordiale, du moins salutaire, lève toutes les barrières et beaucoup d’interdits L’affiche est tout aussi saisissante, menée par deux grandes figures du cinéma italien Toni Servillo et Silvio Orlando … Le talent et la distinction.