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« 4 Minutes » de Chris Kraus. Critique cinéma

Synopsis: Depuis soixante ans, Traude Krüger enseigne le piano à des détenues. Quand elle rencontre Jenny, jeune femme incarcérée pour meurtre, elle comprend immédiatement qu'elle a affaire à une musicienne prodige. Passionnée par le talent de la jeune fille, Traude veut la préparer pour le Concours d'entrée du Conservatoire. Mais la jeune femme, violente et suicidaire, est réfractaire à la moindre discipline. Traude Krüger ne désarme pas.

La fiche du film

Le film : "4 minutes"
De : Chris Kraus
Avec : Monica Bleibtreu, Hannah Herzsprung
Sortie le : 16/01/2008
Durée : 112 Minutes
Genre : Drame
Type : Long-métrage
Le film
  • Meilleur film au Festival international du film de Shangaï
  • Prix du public au Festival de San Francisco.
  • Meilleur film et meilleur actrice pour Monica Bleibtreu et Hannah Herzsprung au German Film Awards.

Une jeune fille talentueuse, prisonnière entre quatre murs. Génie du piano, elle s’en moque comme de l’an quarante.

Une vieille femme  va tout faire pour lui redonner le goût des noirs et des blanches, et celui de la liberté.

Une histoire cousue de fil blanc, si souvent relayée dans les romans et les films, si prévisible.

Mais très vite le regard vif acier de Jenny relègue sa décadence au niveau d’une posture dont elle ne se départira jamais. Jenny est rebelle, rétive à toute forme d’autorité, malgré les matons et les barbelés. Elle suit les cours de piano de la prison mais Traude Krüger n’a aucune influence.

« Je ne suis pas la pour changer votre nature » reconnait bien volontiers son professeur, pianotant Schumann quand elle joue ce que Traude appelle de la musique de nègre. Un conflit ajouté à bien d’autres confrontations dont espère profiter son entourage.

Une co-détenue particulièrement méchante, Ayse ( Jasmin Tabatabai ) mais surtout l’inattendu Mütze ( Sven Pippig ) un gardien plutôt débonnaire et amoureux du piano à la folie. Mais ses gros doigts boudinés contrarient une passion qu’il voit totale dans celle qui la refuse.

La guerre est déclarée. Jenny l’agresse sauvagement, mais Mütze tient les menottes. Et les agite auprès de l’encadrement pénitentiaire divisé sur cette pratique musicale au sein de l’établissement, et sur les largesses accordées à Jenny.

Un piano à queue dans les murs d’une prison, tout le monde n’est pas d’accord. Et si c’est pour le confier à une rebelle …

Chris Kraus a écrit sa partition sur le mode d’une fugue. L’histoire  nous échappe joliment, dramatiquement . Il renvoie le dilemme à des altérations tout autre, bien particulières.

Si le passé de Jenny s’inscrit dans son enfermement physique et mental, celui de sa tutrice est encore plus torturé, réminiscences d’amours d’autrefois, interdites au cœur du désastre berlinois devenu son chemin de croix.

Du pardon à  la rédemption, l’histoire s’écrit différemment pour les deux protagonistes, mais réunies au cœur d’un même drame qui fait de l’injustice le terreau du mal et des compromissions.

Privée d’un véritable clavier, Jenny s’accommode

Hannah Herzsprung donne plus qu’elle-même dans sa composition où ses retenues épisodiques demeurent paradoxalement sa force. Et conforte le jeu introverti de Monica Bleibtreu, magnifique de résignation résistante.

  • Un peu dans le même esprit : 

« Le professeur de violon » de  Sergio Machado

« L’institutrice » de  Nadav Lapid

Meilleur film au Festival international du film de Shangaï Prix du public au Festival de San Francisco. Meilleur film et meilleur actrice pour Monica Bleibtreu et Hannah Herzsprung au German Film Awards. Une jeune fille talentueuse, prisonnière entre quatre murs. Génie du piano, elle s’en moque comme de l’an quarante. Une vieille femme  va tout faire pour lui redonner le goût des noirs et des blanches, et celui de la liberté. Une histoire cousue de fil blanc, si souvent relayée dans les romans et les films, si prévisible. Mais très vite le regard vif acier de Jenny relègue sa décadence…
Le film

L’histoire du petit prodige malheureux qui ne veut pas se montrer sous son vrai jour, j’ai cru encore le percevoir dans cette énième confrontation entre l’être et le savoir… Où les sentiments chutent en cascade, avec du fil blanc qui n’en finit pas de dévider un récit si prévisible. Et bien il n’en est rien. On peut déjà citer l’interprétation exemplaire et bien souvent à contre-sens de Monica Bleibtreu et Hannah Herzsprung, le professeur et son élève , qui font montre d’une résistance exemplaire, à l’histoire que l’on a voulu leur imposer. Qui fait de l’injustice le terreau du mal et des compromissions. C’est raconté ainsi dans une dramaturgie parfois peut-être un brin poussée à l’excès, mais la vigueur du propos et l’allant de la mise en scène justifient amplement quelques verbiages excessifs .

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