Synopsis: Durant 10 jours, 11 femmes d'un même village du Nord du Portugal se lancent dans un pèlerinage de 400 km à pied jusqu’à Fátima. Elles devaient partager un grand moment de joie et communion. Mais l'extrême dureté physique du voyage les mènera à des conflits frisant parfois la crise de nerfs collective. Et malgré leur grande complicité du départ, leurs véritables identités changeront le cours du chemin …
La fiche du film
Le film
L’idée de la marche est déjà étonnante, la filmer tout aussi surprenante. 400 km à pieds pour rejoindre Fatima, c’est un pèlerinage classique au Portugal, guidé par la foi et la vénération pour cette vierge.
Ce que l’on suppose au départ du périple que João Canijo entame lui aussi avec l’intime conviction d’une croyance supérieure. Très vite, on se rend compte que l’autorité suprême d’Ana Maria, la chef du groupe, (Rita Blanco) est mise à mal par de fortes personnalités.
Assez éloignées des préoccupations virginales. « Les sacrifices à faire pour la Vierge, on n’écoute pas de la musique en marchant » s’énerve la responsable, pas vraiment commode avec ses ouailles, leur indiquant la cadence à tenir.
Le sort d’Isabel est déjà réglé (Teresa Madruga) .Toujours aux avant-postes, souvent solitaire, on se demande ce qu’elle fait là . Elle n’est pas solidaire, et surtout « pas catholique »… Le ton est donné et en quelque sorte me rassure.
João Canijo ne fait pas un documentaire béni oui-oui sur l’avenir de la chrétienté, mais joue habilement sur ses codes pour l’amener à un point de rupture …. Un récit totalement réécrit pour la circonstance. Mais pour dire quoi ?
Ces femmes se chamaillent , puis s’engueulent copieusement ( la scène du miroir dans le van ! ) avant de chanter à plein cœur .
Elles souffrent d’une hanche, et d’ampoules inévitables et puis se frottent les mirettes quand le soleil à peine levé, il faut reprendre la route.
« On n’est pas là pour faire la nouba » dit une voix perdue dans l’amoncellement de jambes et de têtes serrées dans l’habitacle. L’intendance suit toujours, sans concession. La responsable des fourneaux tient du sergent major. La Vierge a de bons soldats, mais Céu (Anabela Morera ) est prête à déserter. Trop de souffrance, le chemin de prière est devenu un chemin de croix.
Un peu plus tard ce sera celui de Nanda (Vera Barreto Lete) atteinte d’une tendinite. Mais c’est marche ou crève, la piqûre de Relmus attendra. Fatima et ses vrais pèlerins.
Entre le casting de Canijo et ses hommes et ses femmes venus prier leur Vierge, le contraste est saisissant .Nous sommes bien devant la basilique Notre-Dame du Rosaire, avec ses anges dorés, où les gens s’agenouillent et implorent .
Ana Maria et son équipe les rejoignent pour la retraite aux flambeaux. Communion totale. La boucle est bouclée !
Le film
J’ai eu du mal à saisir au départ qui du documentaire ou de la fiction indiquaient la bonne marche à suivre. Mais très vite João Canijo met tout son petit monde dans les conditions d’une mise en scène tellement incroyable que le doute n’est pas permis. Surtout que les intentions imaginées pour un tel pèlerinage sont très vite balayées par les tempéraments forts de ses participantes. Le chemin de prière que la responsable imagine au départ devient vite pour beaucoup un chemin de croix. Entre les blessures inhérentes à ce genre de périple et la mésentente des marcheuses, le cinéaste nous raconte l’histoire d’une aventure qui aurait pu se passer pareillement sur un chemin de grande randonnée, ou dans tout autre défi sportif. Mais nous sommes sur les routes du Portugal, dans les montagnes, il pleut, le ravitaillement se fait attendre, et la solidarité ne se rallie pas à la foi qui logiquement devrait guider tout le monde. Un réalisateur ambitieux ( un documentaire me parait plus facile à construire), des comédiennes plus actrices de leur personnage que réellement portées par la force du sujet… De quoi parle réellement ce film ?