Accueil » A la une » « White god » de Kornél Mundruczó. Critique DVD

« White god » de Kornél Mundruczó. Critique DVD

Synopsis: Pour favoriser les chiens de race, le gouvernement inflige à la population une lourde taxe sur les bâtards. Lili, 13 ans, adore son chien Hagen, mais son père l'abandonne dans la rue. Tandis que Lili le cherche dans toute la ville, Hagen, livré à lui-même, découvre la cruauté des hommes. Il rejoint une bande de chiens errants prêts à fomenter une révolte contre les hommes.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "White God"
De : Kornél Mundruczó
Avec : Zsófia Psotta, Sándor Zsótér, Lili Horváth, Szabolcs Thuróczy, Lili Monori
Sortie le : 15 avril 2015
Distribution : Pyramide Vidéo
Durée : 119 minutes
Film classé : 12 ans et plus
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Le bonus

Meilleur dvd Avril 2015 ( 4 ème )

C’est une histoire qui en rappelle beaucoup d’autres, au cinéma, ou dans les livres. Ce sujet fort, la révolte des bêtes, Basset-Chercot le décrit très bien  dans « Le Massacre des lombes ». « La planète des singes » est aussi symbolique du phénomène.

Cette fois, il s’agit de chiens élevés pour combattre. A l’origine, ils sont retenus par une loi qui interdit à tout bâtard de vivre. Cette disposition déjà très particulière dans un pays qui ne dit pas son nom est détournée par les magouilles inhérentes au système. Ce qui conduit de sympathiques bêtes, très belles le plus souvent à se retrouver au cœur d’un univers sauvage qu’elles n’avaient jamais côtoyé.

A l’image de la jeune Lili, maîtresse d’un bâtard super, Hangel, le héros malgré lui de cette légende fantastique et cruelle, remarquablement filmée à hauteur de l’adolescence, et des chiens. Zsófia Psotta interprète là son premier rôle, et elle est extraordinaire. Kornél Mundruczó s’y emploie avec un luxe de moyens (voir le making of) et une énergie quasi insurmontables  .250 bêtes dévalent dans les rues d’une ville devenue fantôme, par peur d’une vengeance qui s’abat sans distinction, sur les gens et leurs maisons.

Un père (Sándor Zsótér ) et une fille, qui vont devoir composer, face à la menace
Un père (Sándor Zsótér ) et une fille, qui vont devoir composer, face à la menace

Ce préambule, magnifique, et terrifiant,  nous place dans un contexte fort où l’appréhension et le ressenti mélangent des attitudes contradictoires .La banalité triste, mais quotidienne d’un chien abandonné sur le bord du trottoir, prend des allures de drame. Son regard cherche encore celui de Lili, jolie petite fille partagée entre la douleur de le quitter, et sa passion pour la trompette qu’elle exerce au sein d’un orchestre symphonique. 

Deux horizons bien distincts et pourtant en osmose parfaite dans le cœur du récit que le cinéaste conduit avec une détermination sans faille contre les régimes totalitaire. On parle ici de race pure. «  Je comprends que vous l’ayez mis à la poubelle » dit la responsable de la fourrière.

La diatribe pose les limites des dictatures et de l’indifférence à l’égard des autres, comme le découvre Lili dans son double apprentissage de la vie.

La voici désormais presque femme, elle aussi abandonnée et plongée dans le monde de la nuit où l’entraînent sa solitude et son copain d’orchestre. Pendant ce temps, la vie de chien, c’est le trafic, l’élevage intensif, « inhumain » pour les préparer aux combats, pour en faire des chiens méchants. Leur révolte n’en sera que plus dure  à l’égard de leurs tortionnaires. Des chiens en bande organisée, conduit par leur chef, Hangel. Quand Lili lui fait face, Hangel montre ses crocs, désormais acérés. Il ne la reconnaît plus. Elle ne le reconnait plus.

photo-White-God-Feher-Isten-2014-4

  • Making of (17 mn)

Un excellent documentaire sur le film (plusieurs scènes de tournage) mais principalement sur la manière de conduire les chiens dans une telle aventure. 250 bêtes à diriger, avec leurs dresseurs à leur côté, c’est gigantesque et formidable à suivre.

Les astuces pour susciter telle ou telle réaction, démonstration à l’appui. «  On ne met jamais les animaux en danger, ou dans des conditions impossibles. Le ring où ils se battent à un sol mou, par exemple, avec de la moquette, capsules caoutchoutées sous les ongles » explique la dresseuse qui évoque ensuite la manière dont la scène de combat a été réalisée, c’est époustouflant à voir.

Meilleur dvd Avril 2015 ( 4 ème ) C’est une histoire qui en rappelle beaucoup d’autres, au cinéma, ou dans les livres. Ce sujet fort, la révolte des bêtes, Basset-Chercot le décrit très bien  dans « Le Massacre des lombes ». "La planète des singes" est aussi symbolique du phénomène. Cette fois, il s’agit de chiens élevés pour combattre. A l’origine, ils sont retenus par une loi qui interdit à tout bâtard de vivre. Cette disposition déjà très particulière dans un pays qui ne dit pas son nom est détournée par les magouilles inhérentes au système. Ce qui conduit de sympathiques bêtes,…

Review Overview

Le film
Le bonus

On a une impression de réalisme, mais l’histoire ne l’est pas. On y croit pourtant, dès les premières images, fulgurantes : une horde de chiens dévale dans une ville désertée par ses habitants.  L’aboutissement de tout un processus de radicalisation qui interdit à tout bâtard de vivre. Une petite fille va tenter de se soustraire au diktat, mais son apprentissage de la vie se mêle à celui des contraintes inhérentes à toute société. Une vérité première s’échappe de ce regard qui n’est plus enfantin, mais qui tarde à devenir celui d’une femme. Zsófia Psotta interprète là son premier rôle, et elle est extraordinaire. « L’interprétation » des bêtes est également à noter (voir le bonus). Et leur révolte apparait réellement dans  un contexte émotionnel assez fort : ils agissent comme en bande organisée, pour se venger de leurs mauvais traitements, du mal qu’on leur a fait, et de leurs tortionnaires. Si la littérature et le cinéma ont souvent évoqué un tel sujet, ici il prend une signification politique et sociale très forte, doublée d’une mise en scène tout à fait symbolique. Un grand film.

Avis bonus Un excellent documentaire sur la manière de faire jouer les chiens, avec des scènes de tournage. Edifiant et super !

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Trois amies » d’Emmanuel Mouret. Critique cinéma

Beaucoup moins inspiré par ses marivaudages, Emmanuel Mouret en rajoute

Laisser un commentaire