Synopsis: Interdit aux moins de 12 ans John Grant, un jeune instituteur, fait escale dans une petite ville minière de Bundayabba avant de partir en vacances à Sydney. Le soir, il joue son argent et se soûle. Ce qui devait être l'affaire d'une nuit s'étend sur plusieurs jours...
La fiche du DVD
Le film
Les bonus
Meilleur dvd Juillet 2015 ( 8 ème )
Un film perdu depuis 1971.
Dans un coin perdu du désert australien, John Grant un jeune homme bien sous tout rapport se retrouve confronté à un pays qu’il pensait connaître. C’était sans compter sur les aléas d’un voyage apparemment très banal. Une halte, une simple halte dans une ville avant de prendre l’avion pour Sydney.
Bière après bière, et sous la férule du chef de la police, faussement débonnaire, mais vrais tyran, notre héros revisite les bas-fonds d’une société sans foi, ni loi, où boire et s’enivrer suffit au bonheur de ses habitants.
Les couleurs sont chaudes, de l’ocre et du jaune violent, la chaleur est excessive. Kotcheff qui par la suite se perdra avec son Rambo de compagnie dépeint avec une insistance parfaite l’ambiance de ce coin de l’Outlak où les kangourous distraient nos chasseurs avinés.
Une scène de chasse terrible que le réalisateur a réellement filmée (voir les bonus) dans une effroyable course à la mort à laquelle prend part notre instit complètement déboussolé.
John Grant atteint là le tréfonds de son être, dont il ignorait la bassesse la plus dégradante. Il agit de manière insensée, réalise des choses dont il se croyait incapable, qu’il ne soupçonnait même pas.
Quelques instants de lucidité ne suffiront pas à modérer cette descente aux enfers, où le diable a pris les habits d’un toubib en goguette, docteur par oubli mais clochard par vocation.
L’évocation de la débauche la plus totale dans l’interprétation de Donald Pleasence mérite bien des éloges : son personnage de décadent céleste est une figure de rhétorique. Fourbe et sympathique, faussement bienveillant, Ted Kotcheff ne se prive pas de taillader le portrait d’un homme qui n’a rien à envier à ses congénères.
Des forts à bras, des grandes-gueules qui vous écrasent la main avec un sourire brillantine. Plus sournois, notre flic local, on y revient toujours, sous l’œil de Chips Rafferty, despote en son pays. Il déteste le genre de type que représente l’instit, un intello, un gars de la ville.
Gary Bond est peut-être trop beau pour endosser une panoplie aussi graisseuse et poussiéreuse, rejet de l’humanité qui a perdu toute notion de civilisation. Un individu qui va chercher au plus profond de lui-même le mal qui le ronge.
C’est pas très beau à voir, mais « un homme en smoking, un verre de whisky à la main est-il plus fréquentable quand il s’apprête à appuyer sur le bouton ? » se défend le toubib dans son rire édenté qui n’appartient qu’à lui. Après quoi, il ne reste plus qu’à tirer l’échelle. La chute est superbe.
LES SUPPLEMENTS
- Rencontre avec le réalisateur.Ted Kotcheff voit son film comme « un voyage initiatique pendant un week-end de débauche. Le héros n’arrive pas à s’intégrer dans cette ville étrange, un sentiment que j’ai bien connu quand je vivais au Canada ».
Le film n’est pas très bien accueilli par les autochtones qui lui reprochent de les salir. « Je veux comprendre les gens, les juger ne m’intéresse pas ». En s’appuyant beaucoup sur le livre de Kenneth Cook, le cinéaste a vécu pendant plus de deux mois dans Broken Hill, similaire à la ville de la fiction.
La scène du jeu « pile ou face » a été tournée à Sydney, dans un vrai tripot clandestin avec les vrais joueurs et les deux propriétaires des lieux.
Pour la scène de la chasse, « il n’y a pas eu un seul cascadeur, mais une vraie chasse opérée par des professionnels. Ils me demandaient sur quelle partie du kangourou ils devaient tirer, je leur ai dit de ne pas me parler et d’agir comme ils en avaient l’habitude.
Vers 2 h du matin leurs coups étaient beaucoup moins précis, ils avaient bu beaucoup de whisky car il faisait assez froid, j’ai dit qu’on arrêtait les frais par-là, assez choqué, mais j’avais besoin de ce genre de séquence, et comme il n’était pas question que je tue des bêtes pour un film … ».
- Sur le tournage En 1971, le cinéma australien cherche son identité. C’est le sujet de ce petit reportage TV de l’époque, qui explique comment le pays espère obtenir la caution internationale. Le tournage de « Wake in fright » sert d’exemple. L’appui financier du gouvernement est sérieux.
- Chips Rafferty .Un acteur australien très en vogue au moment du tournage. « Le type costaud qui n’a peur de rien » dit un de ses amis qui raconte alors son histoire. « Ce n’était pas un grand acteur, il le reconnaissait lui-même, mais là, il n’a jamais été aussi bon ».
- Un tournant dans l’histoire du cinéma australien.Plusieurs personnalités évoquent l’impact de ce film sur l’industrie cinématographique australienne alors moribonde. Pour le critique Philip Adams, « il a capturé une époque et un lieu, il savait l’effet que les grands espaces faisaient sur les européens soi-disant civilisés ».
On met également en avant le film de Nicolas Roeg « Walkabout » (La randonnée) : deux ados Australiens, un frère et une sœur, abandonnés dans le bush. Survivant tant bien que mal dans le désert hostile, ils rencontrent un jeune Aborigène en plein « walkabout », une errance initiatique rituelle…
« Sans ces envahisseurs qui ont parlé de notre peuple et de nos paysages, nous serions toujours dans l’anonymat culturel » (le critique Philip Adams)
On parle aussi à nouveau du refus des Australiens de se reconnaître à travers le film (« Nous ne sommes pas comme ça ») et de la scène de la chasse, une fois encore détaillée par le réalisateur,
Review Overview
Le film
Les bonus
« J’en ai marre de cette hospitalité agressive » se défend le héros qui ne voit pas encore vers quoi va le conduire ces gens si accueillants dans une ville qui n’était pour lui qu’une étape avant de prendre son avion pour Sydney.
Perdu depuis 1971, ce film revient en dvd et le temps ne l’a pas trop abîmé. Le récit de Ted Kotcheff inspiré de l’œuvre de Kenneth Cook, est toujours d’une nature contemporaine, et d’une sauvagerie très primaire.
Ca sent la graisse et la sueur, la saleté et la viande avariée dans cet environnement sous canicule permanente. Une bière appelle une bière et les bagarres sans mal sont monnaie courante. C’est justement là, dans un jeu à pile ou face, dans un tripot clandestin, que le héros va se brûler les ailes.
Un enchaînement de circonstances et de situations l’entraîne dans une descente aux enfers, couronnée par une chasse aux kangourous, qui s’apparente à un véritable massacre. La cruauté augmente au fil de la nuit, de la bière et du whisky. L’évocation de la débauche la plus totale incarnée par la fabuleuse interprétation de Donald Pleasence, toubib dégénéré, mais clochard céleste.
Avis bonus
Des éclairage assez différents qui nous font découvrir le cinéma australien , à travers un film dont on apprend aussi beaucoup.
3 Commentaires
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