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« Wajib-L’invitation au mariage » de Annnemarie Jacir. Critique dvd

Synopsis: Abu Shadi, 65 ans, divorcé, professeur à Nazareth, prépare le mariage de sa fille. Dans un mois, il vivra seul. Shadi, son fils, architecte à Rome depuis des années, rentre quelques jours pour l’aider à distribuer les invitations au mariage, de la main à la main, comme le veut la coutume palestinienne du "Wajib". Tandis qu’ils enchaînent les visites chez les amis et les proches, les tensions entre le père et le fils remontent à la surface et mettent à l’épreuve leurs regards divergents sur la vie.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Wajib : L'invitation au mariage"
De : Annemarie Jacir
Avec : Mohammad Bakri, Saleh Bakri, Tarik Kopty, Monera Shehadeh, Lama Tatour
Sortie le : 03 juillet 2018
Distribution : Pyramide Vidéo
Durée : 102 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
le film
Le bonus
  • « Tu parles leur langue mieux qu’eux, mais eux ne te regardent même pas » .-
  • Prix du Jury au festival d’Amiens

Jafar Panahi fait école. Sa manière de promener ses histoires en voiture inspire la palestinienne Annemarie Jacir, dont le rendu intérieur est cependant moins évident que celui de l’auteur de « Taxi Téhéran ».

Question de technique, de sensibilité, de présence aussi peut-être pour ces deux hommes, un père et son fils, qui se retrouvent après des années d’éloignement. Mais aujourd’hui tout les sépare.

Le père, fermement attaché à sa terre de Palestine ( et à ses compromis )  ne comprend pas ce fils qui vit et travaille en Italie. De retour chez lui à l’occasion du mariage de sa sœur, plus exactement pour le Wajib ( la distribution porte à porte des invitations ) Shadi se heurte à ce passé qui s’affiche honteusement à ses yeux dans les rues de son village.

Un mode de vie, une conception sociale et politique d’un pays en contradiction avec ce qu’il vit désormais. De la chemise à fleur et pantalon rouge aux immondices répandus sur les routes, du chanteur ringard mais ami de la famille à l’union libre que Shadi représente,  la réalisatrice systématise des antagonismes qui ne font qu’éclairer les failles et déséquilibre d’un monde qui ne tourne pas à la même vitesse.

Un peu à l’image de cette voiture qui conduit Abu et Shadi vers leur destin incertain. Le mariage n’aura peut-être pas lieu à la date indiquée et leur histoire s’écrit à contre-courant, voire à contre-sens. C’est la force de ce film plein de subtilités, de petits riens dans les gestes et les actions qui paraissent insignifiantes.

Comme cette traversée de Nazareth que l’on découvre peut être comme on ne l’avait jamais vue au cinéma, dans ses ruelles pentues, ses maisons magnifiées par le temps et salopées par le plastique qui recouvre les terrasses.

Shadi est architecte . Cette fausse modernité l’agace et renforce l’aversion grandissante pour son pays et pour son père qui ne veut ni voir ni entendre, la force militaire et politique qui s’exerce encore là où il l’avait laissée autrefois, sous la contrainte. Il avait dû quitter le pays…

Des vérités, des révélations, et une tension tout aussi ténue quand ils ne parlent pas. Père et fils à la ville comme sur l’écran Mohammad Bakri et Saleh Bakri se fondent dans le paysage avec l’ évidence du sens de leurs responsabilités. Ils en deviennent parfois très drôles. On peut bien rire de tout !

LE SUPPLEMENT

  • Entretien avec Annemarie Jacir ( 20 mn )

La réalisatrice parle de son travail, le décrypte très bien, surtout la manière dont elle a façonné ses personnages à travers l’Histoire de la Palestine, et du rapport engagé entre les deux comédiens père et fils également dans la vie . Une particularité intéressante dans ce genre de situation…

« Tu parles leur langue mieux qu’eux, mais eux ne te regardent même pas » .- Prix du Jury au festival d'Amiens Jafar Panahi fait école. Sa manière de promener ses histoires en voiture inspire la palestinienne Annemarie Jacir, dont le rendu intérieur est cependant moins évident que celui de l’auteur de « Taxi Téhéran ». Question de technique, de sensibilité, de présence aussi peut-être pour ces deux hommes, un père et son fils, qui se retrouvent après des années d’éloignement. Mais aujourd’hui tout les sépare. Le père, fermement attaché à sa terre de Palestine ( et à ses compromis )  ne comprend pas ce…
le film
Le bonus

Un film palestinien qui prend à cœur son Histoire sans trop s’épancher sur le voisin israélien, pourtant bien présent dans les rues de Nazareth et les pensées de ses habitants. Mais l’heure est à la préparation d’une fête pour laquelle un père et son fils se retrouvent après des années d’éloignement. Shadi vit en Italie et son retour au pays confirme tout ce qu’il pensait sur ses racines foulées au pied par des générations de palestiniens qui désormais semblent avoir admis leur sort et leur avenir. Le jeune homme s’élève contre cet avenir sans espoir quand le père tente de le résonner pour son retour. Le quotidien apparait alors ( du plastique mode sur les terrasses aux poubelles jonchant les rues … ) au gré des visites que les deux hommes rendent aux invités du mariage. Une belle idée de scénario conformément mise en scène par une réalisatrice qui a du bien s’inspirer du travail de Jafar Panahi. La voiture est un des éléments principaux de l’argument scénique. Le réalisateur iranien en a fait son cheval de bataille, Annemarie Jacir y va au petit trot.

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