Synopsis: Riwka a soixante-cinq ans. Son car d'excursion tombe en panne sur une route entre Varsovie et Auschwitz. Dans le tumulte des conversations en yiddish, l'angoisse ... A la recherche d'une cousine perdue de vue depuis de longues années, Vera, vieille Russe de quatre-vingts ans, seule au monde débarque à Tel Aviv ... Par hasard, elle rencontre Riwka.
La fiche du film
Le Film
Les bonus
Coffret : 15 Décembre 2022 ( « Voyages » (1999 )- « Nulle part terre promise » (2008). Prix Jean Vigo 2008 – « Casting » (2001)
- Versions originales Yiddish / Français / Russe – Sous-titres français et anglais
- Sous-titres pour sourds et malentendants . Audiodescription sur « Voyages »
- César 2000 du Meilleur premier film et du Meilleur montage –
- Prix Louis Delluc 1999
Trois femmes revenues de la guerre croisent leur destin au hasard de leur mémoire alertée par de nouveaux événements . Riwka (Shulamit Adar) participe à un voyage en car vers le camp d’Auschwitz.
Elle ne sait plus très bien pourquoi elle a choisi cet itinéraire, maintenant perdue au milieu des autres passagers, d’anciens déportés, des parents de disparus, un fils et son père ( comme une réconciliation)…
Riwka n’est pas bien dans son couple, et l’Histoire, son histoire, la heurte pareillement. Les discussions dans le car sont animées.
Comment doit-on parler de la Shoah interroge Emmanuel Finkiel en laissant le bus aux portes d’Auschwitz ? Un grand écart de l’Histoire ( on évite le tourisme patrimonial ) pour ces témoins qui aujourd’hui entendent la replacer dans des perspectives réelles.
Mais un retour sur le passé est-il suffisant se demande Riwka pour donner un sens à sa démarche, à son avenir ? Bien plus tard une autre femme lui répond par le hasard d’une rencontre à Tel Aviv.
Vera (Esther Gorintin) une Russe de 85 ans a suivi ses voisins de palier moscovites venus s’installer en Israël ( photo ) . Dans la capitale elle se met en quête d’une cousine perdue depuis bientôt trente ans.
Elle s’engage dans un long périple, là où plus personne quasiment ne comprend son yiddish. « Il n’y a plus de juifs, que des Israéliens » dit-elle à Riwka de plus en plus impressionnée par le courage de cette vieille femme fatiguée qui vient finir ses jours sur la Terre Promise.
Le monde s’est arrêté autour d’elle, il ne la regarde même plus, mais Vera persiste et signe pour dire qu’elle est encore en vie et que plus rien cette fois ne pourra l’arrêter.
Ce troisième volet est celui qui je pense peut atteindre le plus directement le spectateur, le mener là où le réalisateur pense avoir trouver des réponses, sinon des solutions à l’exil mental et physique qui conduit chaque protagoniste à refaire le chemin de ses ancêtres.
L’illustration parisienne de « Voyages » éclate alors comme une vérité première au moment où Régine (Liliane Rovère) entend au téléphone la voix de son père qu’elle pensait mort dans les camps. Leur face à face est celui de cinquante ans d’absence, et de circonstances douteuses qui la mène à imaginer un subterfuge, un mensonge, une nouvelle tromperie de l’Histoire.
Son passé lui revient, son présent lui échappe, sentiment commun à ces autres femmes héritières de la Shoah que Emmanuel Finkiel a su réunir pour remettre sur le travail cette volonté mémorial qu’il forge sans expressionnisme daté, ni reconstitution scénarisée.
Par la parole, le regard, les souvenirs, du drame à la comédie passagère, il tient pourtant là , l’un des plus beaux films sur la mémoire d’un peuple.
Les Suppléments
« Le voyage d’Esther » (2000 – 26 min.)- Un documentaire de David Quesemand . Comment devient-on vedette à 85 ans ?
Livret de 8 pages : » Voyages vers quelle terre promise ? » de Jean-Michel Frodon
Le Film
Les bonus
Un film faussement documentaire, qui renseigne le présent sur l’héritage de la Shoah à l’heure où ses enfants et petits-enfants tentent de récupérer les morceaux de leur passé. Emmanuel Finkiel suit différemment trois femmes juives ( en voyage, à domicile et en déambulation dans Tel Aviv ) et joue ainsi sur différents tons, de l’archiviste au road movie, via la fantaisie légère et le drame en se demandant comment parler de l’Holocauste, sans formaliser un scénario et des comédiens ad-hoc ? Son triptyque remet le thème au cœur de notre vision contemporaine de l’Histoire mondiale, sans jamais altérer sur les faits ou les commentaires d’historiens. La femme perdue dans Tel Aviv à la recherche de sa cousine, recherche tout autant un sens à l’Histoire qui a marqué son passé et peine à lui offrir ce qui lui reste à venir. On la suit sans aucune difficulté, on l’écoute raconter son histoire. Ca parait si simple de faire de grand film …