Synopsis: Sofia, jeune mère récemment divorcée vit à Valdivia. En quête de tranquillité et de vérité elle fait un vœu de silence inversé : plus de portable, de tv, d’internet, ni de lecture pendant un an. Au lieu de trouver la paix intérieure espérée, elle va déclencher une crise familiale comique et existentielle.
La fiche du film
Le film
Entre la comédie familiale et la dramatique, Cristián Jimenez ne choisit pas. C’est le bonheur de son film. Il nous raconte le quotidien d’une jeune femme qui récemment divorcée vit avec ses deux enfants, qu’elle confie toujours à reculons à son ex. Sofia est possessive, exclusive, végétarienne et la voici qui fait vœu de déconnexion spirituelle.
Le portable est exclu, la TV interdite, Internet prohibé. Ce qui fait un peu sourire son entourage qui se demande comment cette comédienne dans l’attente d’un grand rôle (Ingrid Isensee vient de le trouver) va bien pouvoir se déplacer. Ses enfants la regardent avec affection et amour, mais ils aimeraient manger parfois de la langouste.
C’est déjà tout une ambiance qui se mêle à un environnement propice. Le retour au pays de la sœur aînée (María José Siebald), on ne sait pas trop pourquoi, la séparation annoncée entre les parents des deux filles, et la grand-mère qui voit tout mais ne dit rien. Un climat bizarre, presque serein : chacun s’en tient à son mode de vie et respecte le voisin tout en l’observant discrètement.
Jimenez a le sourire en coin et l’inspiration conforme à un titre qui n’a jamais aussi bien porté un récit argumenté en léger différé. Le poids des mots qui se racontent sur des images décalées ou étrangères à la conversation. C’est magnifiquement agencé, filmé, commenté.
Qu’importe d’où nous vient cette voix off, et qui elle est, énigme supplémentaire à celles qui se chevauchent dans la tête des deux sœurs quand elles découvrent que leur papa n’était pas forcément l’homme qu’elles avaient toujours côtoyé.
On le pense gay, on le dit Don Juan (Cristián Campos dans un très beau rôle), et cette voix off qui rapporte bien autre chose. Une autre vie sur d’autres souvenirs, dissonance poétique qui adoucit la teneur des propos. La vérité en face ferait trop mal.
« Il n’était quand même pas le chef d’un camp de concentration nazi » se rassurent les frangines avant d’affronter la mère ( Paulina Garcia, la « Gloria » chilienne ) qui ne doit rien savoir des doutes et des rumeurs.
« Avec des filles comme vous pas besoin d’ennemi » annonce l’intéressée qui n’a comme seul recours que son gendre, Antoine (Niels Schneider, à l’aise dans le demi-ton) un français qui parle peu l’espagnol.
Leur belle complicité dépasse l’entendement et les règles de la famille. Le tout avec élégance, empreinte d’un réalisateur paradoxalement plutôt discret. Jimenez laisse son petit monde aller et venir en compagnie de comédiennes qui elles aussi n’en font pas des tonnes.
Mais le si peu porte ce film magnifique, original dans la transparence de cette voix off qui gomme le procédé pour en faire un personnage à part entière. Une trame supplémentaire à une histoire sans fin. C’est encore tout le bonheur de ce film.
Le film
C’est une famille qui se délite, mais avec la conviction que tout ira bien. Un sentiment partagé par un réalisateur élégant et discret (paradoxe ?) qui utilise très intelligemment le procédé de la voix off pour en faire un personnage à part entière. Je vous laisse découvrir la manière dont la mise en scène utilise cette voix qui s’ajoute à toutes celles de la famille au sein de laquelle deux sœurs découvrent que leur père, en cours de séparation, n’était pas forcément celui qu’elles imaginaient. C’est finement raconté, c’est assez drôle, mais une fois encore derrière le vernis et les apparences, Cristian Jimenez réussit à donner à sa comédie le ton juste de leurs maladresses. Un film original et magnifique.
2 Commentaires
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