Synopsis: Raffaella, une bourgeoise riche et arrogante, invite des amis à passer quelques jours sur son yacht dans la mer Méditerranée. Gennarino, un matelot aux idéaux communistes, n’apprécie que moyennement la compagnie de ses hôtes. Un jour, il accepte d’emmener Raffaella faire un tour en bateau, mais le moteur tombe en panne et les deux échouent sur une île déserte. Leur relation va s’en trouver bousculée…
La fiche du DVD / Blu-Ray
le film
Le bonus
Le cinéma italien nous a habitués à des fanfaronnades des plus excentriques .Celle-ci y trouve sa juste place. On comprend très rapidement les enjeux posés sur le pont de ce bateau où le petit peuple des matelots est au service d’une oligarchie dégoulinante et suffisante. Une vision assez tranchée pour ne pas dire manichéenne des rapports de société que Lina Wertmuller illustre entre l’humour à la papa ( rien de la tonicité de la comédie italienne estampillée ) et l’esprit de plus en plus corrosif d’une révolte grandissante.
Les portraits sont marqués au fer rouge : Raffaella n’arrête pas de, blablater sur le communisme, avec des arguments primaires. « Elle est ennuyeuse et vulgaire » dit l’un de ses invités. Son futur bourreau n’a pour l’heure que ses yeux pour crier sa colère et quelques apartés au moment de préparer « le café pour la pute capitaliste ».
La croisière loufoque se transforme en cauchemars quand les deux faux tourtereaux se retrouvent face à face au milieu de l’océan, moteur en panne, en quête d’un bout de terre. Je ne vous détaille pas la liste des invectives, le capitaine Haddock serait aux anges.
Mais malgré toutes les avanies inimaginables sur aussi peu d’espace, rien de palpitant ne trouve sa raison d’être dans l’écriture d’un scénario un peu facile, sinon de confirmer la bêtise crasse de la riche propriétaire. Hyper énervante, elle décuple quand le bon serviteur prend à son tour la commande des opérations.
C’est la révolte de l’esclave, l’inversion des valeurs, une séquence qui n’en finit pas, mais joliment tournée dans un décor paradisiaque, où les injures de charretiers font taches.
Son monologue de râleuse est fabuleux (LinaWertmuller ménage bien la chèvre et le chou) et le thème du servant-maître inversé n’a cette fois rien de consentant. Faire le ménage, laver son slip, il n’en est pas question et le calvaire qui suit devient une revanche sociale, cruelle et dégradante.Un affrontement violent qui donne enfin de la hauteur à un récit par ailleurs beaucoup trop convenu malgré la puissance de ses ressorts.
LE SUPPLEMENT
- « La femme aux lunettes blanches » de Valerio Ruiz (2015 – Couleurs et N&B – 108 mn) . Le portrait de Lina Wertmüller, première femme cinéaste à avoir été nominée pour l’Oscar® du Meilleur réalisateur pour » Seven Beauties » (1975). Ce qui conforte « son critique préféré » John Simon, pour qui elle est l’une des deux très grandes réalisatrices féminines de l’histoire avec Leni Riefenstahl.
Le réalisateur de ce documentaire est visiblement lui aussi fasciné par la personnalité de la dame que l’on suit sur les lieux qui ont marqué sa carrière.
Entre ses fans et ses détracteurs (certains la jugent sexiste) on retient de celle qui assista Fellini sur « 8 ½ » qu’elle n’était pas très bonne. Son job, c’était de dénicher dit-elle les visages exotiques que Fellini aimait, dont celui de sa propre mère.
Harvey Keitel (1985 « Camorra ») dit lui aussi tout le bien qu’il pense de Lina Wertmüller suivi par des personnalités aussi différentes que Sophia Loren, Rutger Hauer, Nastassja Kinski et Martin Scorsese.
le film
Le bonus
Tourné en 1974, « Vers un destin insolite sur les flots bleus de l’été » est une comédie qui tourne en dérision les traditionnels thèmes de la lutte des classes et de la guerre des sexes. Cinéaste féministe et engagée, l’Italienne Lina Wertmüller (« Pasqualino ») signe pour l’époque un film audacieux, véritable pied de nez à l’ordre établi et à l’Italie patriarcale des années 1970. Le cinéma italien nous a habitués à des fanfaronnades des plus excentriques, et celle-ci trouve sa place au sommet. On comprend très rapidement les enjeux posés sur le pont de ce bateau où le petit peuple des matelots est au service d’une oligarchie dégoulinante de suffisance. Une vision tranchée pour ne pas dire manichéenne des rapports de société que la cinéaste illustre entre l’humour à la papa et l’esprit de plus en plus corrosif d’une révolte grandissante. Reprenant le thème servant-maître et son retournement, la cinéaste arrive à donner toute la hauteur à son propos lors de l’affrontement final révélateur d’une violence sociale, et sexuelle inouïe. AVIS BONUS Pour tout savoir sur la réalisatrice, c'est le documentaire qu'il vous faut
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