Synopsis: Chérif, 15 ans, est un adolescent rebelle et solitaire. Dépassée, sa mère décide de le placer chez son oncle et sa tante à Strasbourg, où il doit reprendre son CAP maçonnerie. C’est sa dernière chance. Très vite, dans cette nouvelle vie, Chérif étouffe. Mais toutes les nuits, des graffeurs œuvrent sur les murs de la ville. Un nouveau monde s’offre à lui …
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Meilleur DVD Mai 2014 ( 2 ème )
Un premier film, très bien, après plusieurs courts ou moyen métrages, d’excellentes factures. Les suppléments qui ne sont pas radins, en font la démonstration. On pourrait d’ailleurs retenir quelques thèmes communs au réalisateur à travers ce regard préoccupé par la jeunesse, et peut-être plus particulièrement l’adolescence.
Ce qui ressort de « Vandal » portrait d’un garçon en mal d’existence, Chérif ( Zinedine Benchenine ), révolté normal mais difficile à suivre.
La mise à l’écart par sa maman chez son frère (Jean-Marc Barr, plutôt sévère) n’est pas forcément une bonne solution. Sauf que Thomas ( Emile Berling ), le cousin de son âge, va lui révéler que derrière les apparences se cachent parfois des réalités exemplaires.
Sérieux devant papa, maman, la nuit venue, il rejoint ses copains pour taguer. A l’artistique de leur engagement, ils adoptent une discipline quasi militaire. La bande se prépare, tel un commando, repère, planifie l’opération et attaque « le spot » retenu.
Le débriefing est aussi cadré que la réalisation de Cisterne. Franche, directe, en quelques plans la situation est claire. Une zone d’ombre, si la technique est au point, celle d’un mystérieux concurrent solitaire, qui signe Vandal, inquiète les graffeurs. Il faut l’identifier, le retrouver, détruire son territoire, une guerre de gangs en quelque sorte.
C’est un mode de vie que repère le cinéaste, plus qu’une activité ludique. Le portrait d’une adolescence normale, qui débroussaille son propre terrain en vue des mornes plaines à venir. Le monde adulte peut attendre (Chérif travaille sans entrain sur un chantier avec son père), les voici dans une chasse à l’homme, un jeu pour débusquer « l’ennemi ».
Pas totalement admis , Chérif doit alors faire ses preuves. Un exploit, par exemple, comme retrouver le fameux Vandal. Sa petite copine, Elodie (Cloé Lecerf) , tout aussi révoltée et indépendante, taille dans le vif. Plus radicale, encore, avec elle c’est à prendre ou à laisser.
La nuit bleutée ajoute un peu d’angoisse et d’adrénaline à la traque, aux émois amoureux, au petit matin qui tarde à venir, là où tout s’abandonne. Les façades découvrent leur nouveau visage. Vandal a encore frappé…
Les suppléments
Les courts-métrages de Hélier Cisterne
- « Les Deux Vies du Serpent » (45mn) –2006 .Pierre a 17 ans. Pendant l’été, il fuit en douce le foyer familial pour rejoindre ses amis. A proximité d’une rivière, ils se jouent des tours pendables. C’est à ce moment-là qu’arrive l’accident…
Dans ce récit totalement abouti, le cinéaste a déjà un regard pertinent ; l’adolescence est à son point d’ancrage. Quand l’histoire se délite, se perd dans les méandres d’un autre récit, c’est pour nous entraîner dans l’étrange et le bizarre, tout en conservant les acquis de la mise en scène. Le jeu des acteurs incite encore plus à retenir ces instants de cinéma.
- « Les Paradis Perdus » (30mn) – 2008. Mai 68, Isabelle, rentre chez elle sous le choc. Ses parents, dépassés, décident de l’emmener à la campagne. Le lendemain,elle n’a qu’une idée en tête. Rejoindre Paris. Elle ne sait pas encore qu’elle prendra une tout autre direction.
Un peu caricatural sur le conflit des générations, au départ, mais le récit dévisse très vite pour des contrées totalement inattendues que Cisterne filme toujours avec un sens du détail et de la démesure, bien plaisant. Il y a beaucoup d’élégance dans sa manière de conduire une intrigue, jusqu’au point de rupture qu’il amène toujours sans discernement. A prendre ou à laisser, moi je prends.
- « Sous la Lame de l’Epée » (13mn). L’univers des graffeurs mais là encore Cisterne nous prévient, il ne faut pas se fier aux apparences. Bien vu !
- Entretien avec Hélier Cisterne (10mn) . Il raconte comment ce film lui est venu en tête, à travers sa « vision de l’ado, comme un espace qui est écartelé par plein de questions : la famille, la scolarité, l’amour, l’appartenance .La particularité de cet âge-là c’est qu’on prend toutes ces questions en pleine figure ».
La culture du graffiti, le romanesque, l’interdit, et le super héros contemporain qu’est aujourd’hui le graffeur, ont ensuite marqué l’écriture du scénario. Cisterne termine en rappelant que tout a commencé avec « Crash » de Cronenberg …
Review Overview
Le film
Les bonus
C’est l’histoire d’une adolescence en quête d’existence, et qui va la trouver dans sa révolte normale au sein de la famille, quand celle-ci lui demande d’aller voir un peu plus loin. Là Chérif va découvrir une autre famille, son cousin Thomas, et ses manies de graffeur professionnel. L’univers de la nuit qui s’ouvre à lui permet au cinéaste de poser son regard sur une jeunesse qui n’est pas forcément celle des docus TV ou des manuels sociologiques. Un ado, normal, qui s’apprête à franchir le grand pas : sur la passerelle, l’initiation de la vie et de l’amour.
Avis bonus
Un moyen métrage et deux courts, plus un entretien, c’est l’univers de Cisterne qui se révèle ici pleinement, et les trois films sont tous très intéressants. On ne lésine pas sur les bonus, bravo.
Un commentaire
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