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« Une Vie violente » de Thierry de Peretti. Critique cinéma-dvd

Il faut parfois "convaincre" les industriels de payer l'impôt révolutionnaire...

Synopsis: Malgré la menace de mort qui pèse sur sa tête, Stéphane décide de retourner en Corse pour assister à l'enterrement de Christophe, son ami d'enfance et compagnon de lutte, assassiné la veille. C’est l’occasion pour lui de se rappeler les évènements qui l’ont vu passer, petit bourgeois cultivé de Bastia, de la délinquance au radicalisme politique et du radicalisme politique à la clandestinité.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Une vie violente+Lutte Jeuness ( digipack)"
De : Thierry de Peretti
Avec : Jean Michelangeli, Henry-Noël Tabary, Cédric Appietto, Marie-Pierre Nouveau, Délia Sepulcre-Nativi
Sortie le : 02 janvier 2018
Distribution : Pyramide Vidéo
Durée : 102 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

  Thierry de Peretti persiste et signe. Après « Les Apaches » la jeunesse corse demeure à ses yeux prisonnière d’un système politique et clanique malfaisant. Entre la soumission et l’auto-destruction, la voie est bien étroite rappelle-t-il.

C’est pourquoi Stéphane a quitté l’île pour la capitale où il apprend la mort violente de son meilleur ami, et compagnon de lutte de la première heure. En revenant pour l’enterrement, l’étudiant signe peut-être son arrêt de mort. Mais lâche une fois dit-il, il ne le sera pas pour ce retour à hauts risques au cours duquel son récent passé reprend le cours d’une Histoire dont la Corse n’aura jamais fini d’écrire ses pages les plus sanglantes.

Stéphane est un jeune homme de bonne famille inscrit à Sciences Po Paris. Pour avoir rendu service à un ami lors d’un retour sur le continent, il se retrouve en prison. Où il entend  le discours indépendantiste qu’il va intellectualiser avant de le servir à ses amis bastiais.

Entre la lutte officielle et les clandestins, les exécutions minent les bases du combat indépendantiste. Fatale surenchère …

Stéphane vient de poser les bases d’un mouvement clandestin qu’un grand leader nationaliste rencontré derrière les barreaux va subtilement récupérer. Parlait-on alors de radicalisation ? La mise en perspective des idéaux nationalistes atteint peut-être une autre complexité, mais force est de reconnaître à Thierry de Peretti l’intelligence d’un discours clair et limpide.

Le réalisateur englobe le problème corse en le rendant très accessible par son versant policier âpre et tendu. Sa vision documentaire s’appuie sur des archives télévisées et un récit dont la narration suit logiquement le parcours des protagonistes, et surtout leur quotidien, un volet absolument fabuleux. Il n’y a rien de linéaire dans cette évocation historique. Aux confrontations idéologiques et réflexions sur la lutte armée répondent des attentats et  des exécutions.

Des faits bruts et tragiques au sein des différents mouvements corses dont les dissensions mineront les bases. D’une faction à l’autre Stéphane doit se prévenir d’un traître possible ou d’un ami passé dans l’autre camp. C’est tout l’enjeu de son nouveau combat qu’il reprend sur le terrain abandonné autrefois. Il en connaît les risques, mais la Corse «  et son peuple » -leitmotiv de son engagement- n’attendent pas. Jean Michelangeli est dans le personnage à l’image de tous les comédiens du plateau, totalement habité par la nécessité d’aller au-delà d’un message. Lui donner un sens, le réhabiliter. De Peretti ne se voile pas la face, son film en atteste.

LES SUPPLEMENTS

  • Scènes coupées. En règle générale elles sont toutes dans un registre idéologique. Des réflexions sur :
  • La raison d’être d’une organisation armée vis-à-vis de la direction politique (« Les militants »)
  • Quid des héros (« Aix »)
  • Les rapports de la Corse avec l’administration française (« Gérard en Prison ») … J’aurais bien gardé les deux minutes de « Ferry » ou la menace explicite d’être passé par-dessus bord…
  • Making of (50 mn). Les séances de lecture prennent une part importante dans ce documentaire qui s’éloigne du making of habituel pour privilégier des moments de vie.

Dans le noir d’une scène, on entend ainsi le réalisateur : « A Paris j’avais beaucoup de mal à raconter d’où je venais, le film essaie de répondre à la question, comment raconter un territoire… ». Il évoque également après un texte sensible lu par Jean Michelangeli (Stéphane), le fait d’être « confronté à la brutalité la plus extrême », eu égard au témoignage d’un enfant qui a vu un homme tué sous ses yeux.

L’analyse d’une scène avant sa répétition, très travaillée, le questionnement des comédiens et leur remise en question parfois d’un texte (sur la société corse, par exemple) on s’interroge beaucoup sur le plateau.

Mais la technique n’en est pas pourtant oubliée. « Cette scène on ne la refera plus jamais, donnez-moi ce qu’il y a à donner, dans un quart d’heure on n’a plus de lumière, ce n’est pas juste une scène de cinéma… ».

  • Digipack :  » Une vie violente » – « Lutte Jeunesse »

« Lutte Jeunesse » rapporte le casting pour le rôle principal de « Une vie violente. Des jeunes corses témoignent ainsi de leur vécu sur l’île, à travers son histoire et les perspectives d’avenir. Au présent c’est bien une autre Corse qui se dessine entre le nationalisme de plus en plus marqué dans les discours et l’envie pourquoi pas de rejoindre le continent, et surtout de vivre l’aventure de l’étranger.

  • Des films sur le problème corse

« Les Anonymes «  de Pierre Schoeller

« Mafiosa » de Pierre Leccia

« Les Apaches » de Thierry de Peretti.

  Thierry de Peretti persiste et signe. Après « Les Apaches » la jeunesse corse demeure à ses yeux prisonnière d’un système politique et clanique malfaisant. Entre la soumission et l’auto-destruction, la voie est bien étroite rappelle-t-il. C’est pourquoi Stéphane a quitté l’île pour la capitale où il apprend la mort violente de son meilleur ami, et compagnon de lutte de la première heure. En revenant pour l’enterrement, l’étudiant signe peut-être son arrêt de mort. Mais lâche une fois dit-il, il ne le sera pas pour ce retour à hauts risques au cours duquel son récent passé reprend le cours d’une Histoire dont…
Le film
Les bonus

Dans le genre docu-fiction, ce film est une pleine réussite qui n’opte jamais pour l’un ou l’autre. L’alliage d’une subtile mise en scène renforce le propos du réalisateur pour qui la jeunesse corse est sacrifiée sur l’autel d’un héritage clanique persistant. Il le disait déjà dans « Les apaches » et le souligne dans cette très forte évocation d’un pays qui ne demande qu’à vivre de ses propres richesses, trop convoitées peut-être par des factions et des intérêts bien divergents. A travers le récit de Stéphane de retour sur son île pour l’enterrement d’un ami très proche, l’Histoire de la Corse reprend racines de manière évidente , entre thriller et documentaire. La politique y retrouve ses droits et ses zones d’ombre quand les exécutions répondent aux exécutions. De Peretti ne se voile pas la face, son film en atteste. AVIS BONUS Des scènes coupées, qui méritent d'être vues, et certains conservées au montage, et un making of très original

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