Synopsis: Marie élève seule son fils adolescent. Sa relation avec Serge s’étiole, et elle décide de le quitter et de ne pas garder l’enfant qu’elle attend de lui. Elle finit par se rapprocher de George, son ex-mari alors qu’en même temps, les amis de Marie ont chacun leurs propres soucis à régler.
La fiche du DVD / Blu-Ray
le film
Le bonus
« Une histoire simple » est avant tout une histoire de femmes, ce qui peut surprendre de la part d’un réalisateur au penchant affirmé pour les personnages masculins. « Vincent, François, Paul et les autres » demeure à jamais gravé dans sa filmographie.
Ce film tourné quatre ans plus tard lui fait d’ailleurs parfois écho autour d’une bande de copines qui se retrouvent de l’usine aux fins de semaine , avec maris , conjoints et amants, relégués dans l’ordinaire de leur quotidien.
Marie, Gabrielle, Francine, Anna et les autres portent une forte émancipation féminine, plus ou moins contraignante selon leur mode de vie. Marie que joue avec brio Romy Schneider en est la porte-parole évidente, libre et déterminée dans ses amours à contre-sens.
« Je n’ai jamais pu garder un enfant et un homme en même temps » murmure-t-elle à sa confidente, Gabrielle (Arlette Bonnard), qui elle aussi connait les soubresauts du destin. L’annonce du licenciement de son mari (Roger Pigaut) jette un dernier doute sur un avenir conjugal bien compromis. Sa dépression est publique.
Les hommes aux façades rassurantes, voire respectables, ont des failles que le réalisateur concentre sur le personnage de Serge ( Claude Brasseur), le fier à bras et amant de Marie.
Contrairement au regard posé sur les femmes, Claude Sautet ne l’épargne guère.
Il est plus distant, plus posé avec les compagnes, plus compréhensif dans les amours qui se nouent et se dénouent, même s’il faut toujours être deux pour danser le tango. Marie s’y prête pour mieux s’oublier, oublier ses tourments et ses remords.
Un fils presque ado qu’elle voit partir un peu plus chaque jour, sans heurt ni fracas. Une déchirure ajoutée aux tourments de l’amitié qu’elle porte ici et là, et tente de raffermir quand le mauvais sort s’acharne sur un copain, une amie …
Dans le brouhaha d’un café enfumé ou la sérénité d’une maison de campagne, Claude Sautet conjugue à merveille ce maelstrom impétueux qui fait la vie et le quotidien. De ces décors changeants, de ces partenaires instables, il porte le déséquilibre à hauteur d’un discours que Denys Arcand rédigera une dizaine d’années plus tard dans « Le déclin de l’empire américain ».
La vision politique et sociale du canadien effleure chez le réalisateur français qui reconnait implicitement la violence physique et morale d’un licenciement, sans en contester le processus. C’est Bruno Cremer qui se charge d’évaluer l’impact économique d’une telle décision. Nous sommes en 1978. La crise commence…
LE SUPPLEMENT
- Autour du film avec Serge Bromberg et Eva Darlan ( 26 mn ). Le critique rappelle l’importance d’un réalisateur détesté par la Nouvelle Vague et les Cahiers du cinéma, et donc largement soutenu par la revue « Positif » . Quand on dit que c’est à la demande de Romy Schneider que le film a été pensé, il est beaucoup moins affirmatif, et souligne l’importance des relations entre le réalisateur et la comédienne.
« Ils ont partagé une intimité, leur amitié était fusionnelle (…) et dans le film elle est aux commandes, c’est l’actrice pivot ».
Eva Darlan (Anna) resitue l’esprit du film dans « l’époque du café-théâtre, de l’après 68, le féminisme. Les créateurs ont pris le train en marche comme ça se fait toujours » dit-elle en se souvenant d’un réalisateur, comme une « pile électrique toujours en colère » et qui affirmait haut et fort « je suis calme ».
« C’est quelqu’un qui n’était pas tiède, et affirmait ses opinions. Il était engagé ».
Pour Serge Bromberg le thème de l’avortement s’inscrivait dans un sujet de vie quotidienne et de société, comme Sautet en a beaucoup abordés. « Cela allait au-delà de la loi Weil qui avait déjà quatre ans ».
En évoquant le plaisir partagé de l’écriture avec Dabadie, le critique insiste ( à juste titre ) sur l’importance des rôles secondaires. « La construction de ce film, c’est un travail d’horlogerie ».
Quand on leur demande ce qu’ils retiennent avant tout du film, Eva Darlan n’hésite pas une seconde : Romy Schneider. « Depuis, elle n’a jamais été égalée. Cette lumière qu’elle avait, cette transparence. Mais on ne peut pas être ce qu’elle était, tout ce qu’elle donnait sans blessure, sans souffrance… »
« Il y avait des cercles concentriques tout autour d’elle, on ne pouvait quasiment pas l’approcher, et elle n’aimait pas les femmes, elle se sentait en danger avec une autre femme, ça n’a pas été simple avec moi comme avec les autres, mais ça ne m’a pas atteint car j’étais stupéfaite tout le temps, je regardais. Et si vous remarquez bien dans tous les hommages , il n’y a que des hommes ».
De son côté, Serge Bromberg relève la performance de Sophie Daumier « qui est dans le combat, elle connait déjà sa maladie. » La comédienne effectivement joue une partition bien à part dans le cinéma français qui depuis me semble-t-il n’a pas vraiment trouvé son équivalent.
le film
Le bonus
Contrairement à sa filmographie générale, Claude Sautet fait cette fois un film de femmes, autour de la rayonnante Romy Schneider dont le combat pour l’émancipation féminine se joue des aléas d’un quotidien bien animé. Une bande de copines se retrouvent de l’usine aux fins de semaine , avec maris , conjoints et amants, relégués dans l’ordinaire de leur quotidien. Si la sociologie de l’époque peut surprendre aujourd’hui, elle se nourrit cependant d’une réalité française que Sautet saisissait avec prudence : toujours distant, mais attentif dans sa mise en scène, le réalisateur avait le don pour convoquer des personnages, aux tempéraments et caractères si représentatifs d’une classe sociale de l’hexagone à la fin des années soixante-dix.
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