Synopsis: Dans les années 80, Aram, jeune Marseillais d’origine arménienne fait sauter à Paris la voiture de l’ambassadeur de Turquie. Gilles, un jeune cycliste est gravement blessé. Aram rejoint l’armée de libération de l’Arménie à Beyrouth. Gilles cherche à comprendre quand Anouck la mère d’Aram lui avoue que c’est son fils qui a posé la bombe. Aram décide un peu plus tard de le rencontrer …
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le bonus
Robert Guédiguian tarde à parler de sa famille. Pas très à l’aise semble-t-il quand il lui faut soulever le voile de la pudeur et des souvenirs. « L’armée du crime » il y a cinq ans abordait déjà un pan de sa propre histoire qui vise beaucoup plus directement cette fois le propos de ce nouveau film.
Né d’un père arménien, et d’une mère allemande, le réalisateur marseillais relate le combat du peuple arménien pour faire reconnaître le génocide perpétré par les turcs. A travers cette lutte, c’est le retour au pays que revendiquent les combattants, l’attachement à leur terre nourricière.
Tout un pan de l’Histoire de l’Europe bâti sur un stratagème politicien qu’un modeste épicier marseillais résume sur une carte. Elle est dessinée sommairement à l’intention de sa clientèle féminine. C’est Hovannès (Simon Abkarian, toujours parfait), qui pour avoir abandonné toute idée de rapatriement, laisse à son jeune fils les clés de la révolte.
Aram devient le fer de lance de la contestation contre Ankara, avant de passer aux actes.
Au désespoir de ses parents, et plus particulièrement de sa mère qui le pleure chaque jour, il s’enrôle dans l’armée de libération de l’Arménie à Beyrouth, foyer de la révolution internationale des années 80. La lutte armée, plus que jamais au programme, va faire des morts, des victimes innocentes ou pas, la liberté est à ce prix pensent Aram (Syrus Shahidi) et ses amis.
Ce que conteste bien évidemment l’une d’entre elles, un jeune homme qui à Paris, passait par là quand la bombe a détruit la voiture de l’ambassadeur de Turquie. Gilles (totalement habité par Grégoire Leprince-Ringuet, excellent ), ne pourra plus marcher.
Sa vie est détruite, son couple aussi, mais il veut comprendre ce pays dont il ignorait l’existence.
Robert Guédiguian a écrit cette histoire avec Gilles Taurand, d’après l’œuvre autobiographique de José Antonio Gurriaran, « La bombe ». Je ne sais dans quelle mesure l’adaptation est fidèle au livre du romancier espagnol, mais le propos du cinéaste est très envahissant. Détails, introspection… Il délaie comme pour affirmer sa bonne foi. Doutant peut-être de sa propre subjectivité.
C’est à mon sens la grande faiblesse de ce plaidoyer humaniste qui donne à l’Histoire de ce pays, et aux conséquences encore sur notre monde actuel, sa juste dimension. La maman d’Aram que joue avec maestria Ariane Ascaride l’illustre très bien quand elle admet que Gilles « veut voir son bourreau en face, et ce bourreau c’est mon fils ».
L’amour maternel donne à la repentance des airs d’absolution. Comme un grand pardon qui n’en finirait pas de renvoyer les belligérants dos à dos. « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » interroge le poète.
LE SUPPLEMENT
- « Une bombe de trop » un documentaire d’Audrey Valtille (19 mn). Il s’agit de raconter l’histoire du film à travers de nombreux prismes, et malgré le casse-tête du montage qui a dû suivre, le documentaire est très fluide, limpide et intéressant. On nous parle ainsi de l’Asala, l’armée secrète arménienne, un mouvement pour la libération de l’Arménie à l’origine de la bombe. Mais contrairement au film, c’est à Madrid qu’elle explosera à Noël.
Un journaliste se trouvait sur place José Antonio Gurriaran, qu’interprète dans le film Grégoire Leprince-Ringuet. Il fera un livre de son expérience qu’il va raconter un peu partout en Espagne. Vidéos des attentats, témoignage … Robert Guédiguian découvre alors un homme peu ordinaire. De son histoire il veut en faire un film.
Ariane Ascaride, évoque l’intégration des Arméniens « qui ont toujours gardé leur culture. (… ) La douleur on ne peut pas la mettre toujours sous un couvercle, on la transmet sans le vouloir forcément aux jeunes générations en leur disant elle est là mais ne faites pas de bruit, alors que la jeunesse veut faire du bruit ».
L’histoire du génocide avec documents d’époque prolonge la réflexion de Simon Abkarian « la haine elle vient de l’acte, il y a des enfants qui s’appellent Vengeance, on n’ose pas aller aussi loin dans l’horreur et parfois on est dans le déni de ce qui s’est passé dans les camps, des mouvements anthropophages… ».
Robert Guédiguian « si 30 pays reconnaissent aujourd’hui l’Arménie c’est grâce à l’Asala, c’est incontestable, même si on ne peut admettre et approuver la manière dont ils procèdent.(…). Je n’ai pas de haine, je ne sais pas pourquoi, mais la haine, elle vient ou elle vient pas, si je hais, je souffre » rappelle le « héros » du film qui depuis a écrit d’autres livres, notamment sur le génocide arménien. Il a également rencontré les auteurs de l’attentat qui l’a paralysé à jamais.
Le film
Le bonus
C’est avec beaucoup d’application me semble-t-il , du respect aussi et peut-être un peu de crainte envers le sujet abordé que Robert Guédiguian lève le voile de ses origines.
Né d’un père arménien, et d’une mère allemande, le réalisateur marseillais relate le combat du peuple arménien pour faire reconnaître le génocide perpétré par les turcs. A travers cette lutte, c’est le retour au pays que revendiquent les combattants, l’attachement à leur terre nourricière.
Un pan de l’Histoire qu’il pose au milieu d’un fourmillement d’idées et de détails que la narration cinématographique a bien du mal à assumer. En édulcorant certaines séquences son propos s’en serait trouvé allégé, plus consistant, plus pénétrant. Il reste un bon film historique porté par d’excellents acteurs, Grégoire Leprince-Ringuet trouvant ici l’un de ses meilleurs rôles.
Avis bonus
Un excellent documentaire sur le film et les événements qui l'ont inspiré
8 Commentaires
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