Synopsis: Ahmed, 18 ans, français d’origine algérienne, a grandi en banlieue parisienne. Sur les bancs de la fac, il rencontre Farah, une jeune tunisienne pleine d’énergie fraîchement débarquée à Paris. Tout en découvrant un corpus de littérature arabe sensorielle et érotique dont il ne soupçonnait pas l’existence, Ahmed tombe très amoureux. Submergé par le désir, il résiste …
La fiche du film
Le film
Les bonus
A priori, sans relief particulier (une fille aime un garçon) l’histoire écrite par Leyla Bouzid prend très vite derrière sa caméra le regard étrange d’Ahmed. Ce jeune garçon parait sorti de nulle part. Algérien né en France, il aborde la Fac au petit bonheur la chance. Elle lui fait croiser Farah et découvrir une littérature inimaginable à ses yeux.
Une poésie venue de son continent, il y a très longtemps, qui parle d’amour, de plaisir, d’érotisme. Autant de sensations nouvelles ressenties auprès de Farah (Zeibda Belhajamor) qu’il ne voit pourtant pas vraiment.
La jeune fille l’accompagne souvent, lui demande de découvrir Paris, et partage son monde universitaire qui l’inquiète peut-être un peu moins, désormais à ses côtés .
Ahmed (Sami Outalbali) répond à ses attentes, pas forcément à son désir qu’il ne saisit que dans l’instant d’un bref échange, avant de se rétracter, et même fuir.
Leyla Bouzid pointe là un écueil culturel évident, une faille dans l’éducation entre deux pays proches par la langue et l’Histoire, mais au destin divergent.
Déracinés, Farah et Ahmed peinent à s’unir en marge de cette France encore bien étrangère à leurs résolutions. La littérature, la poésie, comme issue possible ? La réalisatrice joue subtilement sur cette partition en compagnie de la professeure (Aurélia Petit) un peu plus attentionnée peut-être pour ses étudiants confrontés au verbe de leurs très lointains ancêtres.
Une rencontre presque irréelle pour le jeune homme si réservé, une révélation, ou la confirmation même de l’existence du vrai dans la vie de Farah, totalement indépendante.
C’est joliment filmé jusqu’au point de non-retour pour la femme qui s’éloigne quand auprès des siens, Ahmed parait tout aussi étranger. Karim (Bellamine Abdelmalek) son meilleur ami maintenant le rejette pour ce qu’il est devenu à ses yeux : un blanc ! En contradiction avec son père, lui l’ancien journaliste qui désormais dans l’exil, n’est plus rien du tout …
Le clin d’œil politique simplement dans le cadre, sans excès, mais tellement expressif. A l’image de ce film déroutant …
Les Suppléments
- Concert de Ghalia Benali au studio de L’Ermitage (21 mn)-En ce qui me concerne la découverte d’une artiste qui par ailleurs participe pleinement à la dynamique du film.
- Conversation avec Leyla Bouzid par Olivier Père (8 mn) – « J’ai voulu parler d’amour (…) et montrer l’absence de transmission des parents, qui n’ont jamais eu cette possibilité de transmettre leur culture d’origine. L’image qu’Ahmed en a est inscrite dans l’environnement de sa banlieue ».
La réalisatrice évoque aussi l’aspect politique de son film. « L’histoire contemporaine du monde arabe n’a toujours pas été digérée, il y a un énorme sentiment de frustration, d’humiliation ».
- Musique originale de Lucas Gaudin (14 mn)
- « Zakaria », court métrage de Leyla Bouzid (2013 – 27 mn)- Toujours dans l’esprit d’intégration au sol français, la réalisatrice suit le parcours de « l’arabe du village », Zakaria, totalement en phase avec son travail de mécanicien, et sa famille qu’il protège par-dessus-tout. Surtout Sarah, une adolescente en pleine révolte qui défie l’autorité paternelle et revendique son identité française à part entière.
Les premiers pas de Leyla Bouzid, déjà bien assurée dans la narration et la scénographie.
- Références de littérature arabe- La liste des textes apparaissant dans le film, une liste supplémentaire pour des lectures additionnelles …
Le film
Les bonus
Original, voire audacieux, le thème de l’amour entre un algérien et une tunisienne vivant en France, confronté aux écrits très anciens de leurs ancêtres. Une poésie arabe, où le plaisir et la jouissance s’offrent des vers libres et engagés.
Ce que découvre stupéfait Ahmed qui vit cette exploration au cours de ses études universitaires où il rencontre Farah et ses premiers émois amoureux.
Lui très réservé, elle en pleine indépendance, épanouie, le chaud et le froid, les extrêmes qui s’attirent, joliment filmés par une réalisatrice qui dans ses thèmes conjugués rejoint l’éternel sujet de l’intégration pour ces jeunes exilés, nés en France.
A ce titre, le rôle du père d’Ahmed est capital dans cette résolution à survivre ailleurs, lui l’ancien journaliste qui désormais dans l’exil, n’est plus rien du tout …
Le clin d’œil politique simplement dans le cadre, sans excès, mais tellement expressif. Assez à l’image de ce film déroutant …
AVIS BONUS
L’extrait d’un concert de Ghalia Benali, un commentaire éclairé de la réalisatrice, un court-métrage, du beau travail