Synopsis: Guy Ribes, 65 ans, est le plus prolifique des faussaires français recensés à ce jour, ayant inondé le marché de l’art pendant 30 ans. Guy Ribes n’a jamais rien copié. Ses Picasso, ses Matisse, ses Chagall, et autres Léger ont l’apparence trompeuse du « vrai » et égalent leurs inspirateurs. Mais combien de faux de sa main, authentifiés par des experts, vivent encore aux murs des collectionneurs, des galeries ou des musées ?
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le documentaire
Meilleur dvd Décembre 2016 ( 9 ème )
« Les récits des faussaires sont parfois aussi vrais que leurs œuvres » . Proverbe chinois
Une grande gueule, un grand faussaire. Le commissaire qui lui a mis le grappin dessus rectifie certaines de ses histoires tissées comme des légendes. Pour d’autres, il ne peut affirmer que Guy Ribes dit vrai.
Une chose est incontestable : peintre de talent et voyou, il est le plus prolifique des faussaires français recensés à ce jour. Il a inondé le marché de l’art pendant 30 ans.
En 2005, la police saisira plus d’une centaine de ses « faux ». En 2010 le Tribunal de Créteil le condamne à trois ans de prison, dont un ferme. Un faussaire que l’on peut rencontrer, c’est rare et l’intéressé ne se prive pas de l’opportunité que lui offre le réalisateur Jean-Luc Léon pour dire tout le bien qu’il pense de son petit commerce.
On le voit réaliser des Picasso, des Matisse, « à la manière de ». La façon dont il manie le pinceau et mélange les couleurs, lance le trait pour un Fernand Léger, on rêve. D’une telle simplicité, une telle habileté… Mais l’œil du peintre s’allume et n’en finit pas de révéler un détail, la technique nécessaire, toujours différente. Le coup de la poussière d’époque, il fallait y penser.
« Ce n’est pas le motif qui est difficile à faire, c’est l’âme » dit-il encore entre deux souvenirs d’une enfance chaotique et un avenir incertain. Il a commencé à faire des faux par jeu, puis pour aider un copain qui n’avait pas les moyens de se payer la toile qu’il aimait.
Un grand collectionneur va lui mettre le pied à l’étrier. L’homme de l’art n’est pas dupe mais Guy Ribes ignore qu’il est découvert. « Et j’ai appris beaucoup avec lui » dans un monde qui peu à peu lui ouvre ses portes. « Quand je voyais mon Chagall partir au Japon avec des grands marchands, je me marrais comme une baleine, c’est le panard ». 10-15 briques dans la foulée qu’il craque tout aussi rapidement. Des voyages, des cadeaux aux femmes du moment, et « sa cantine » : Lipp… On dit merci à Modigliani…
Quand la roue tourne, l’escroc pense avoir réglé ses comptes avec la société. « Cet argent je ne l’ai pas volé, je ne l’ai pas trouvé dans un coffre que j’ai forcé, j’ai travaillé. (…). Ils m’ont tous escroqués, même Gilles, mais lui c’est normal, c’est mon pote ». Guy Ribes, victime de lui-même ? De l’autre côté du prétoire on rappelle que les vraies victimes sont les acheteurs, les auteurs des tableaux et leurs ayant-droit avec « un trouble à l’ordre public considérable, il pollue le marché, il le dévalorise, certains de ses tableaux se retrouvent encore dans des revues officielles, des ouvrages d’art, ce qui les rend tout à fait crédibles ».
Une gouaille de marlou, une vie de flambe, de plaisir et d’arnaques, Guy Ribes s’inquiète de la décision de la justice. Elle accepte le bracelet électronique, il est soulagé. Et laisse entendre qu’il remettra peut-être son talent au service de sa palette. « Et cette fois-ci, celui qui trouvera la faille pour m’arrêter, il n’est pas encore né ! »
Le documentaire
« Si tu veux baiser un expert, tu lui fais un Matisse inachevé, avec quelques annotations au crayon ». Guy Ribes s’exécute, c’est sidérant. Pendant 30 ans l’homme a régné sur l’art du faux en dupant les plus grands marchands et les experts. Dans ce documentaire, il explique son parcours qu’il n’assimile pas à celui d’un escroc. J’ai travaillé dit-il au journaliste à qui il confie ses petits secrets (la technique de la poussière, fabuleux !) et la manière dont il flambait ses gains énormes. Une gouaille de marlou, une vie de plaisir et d'arnaques, Guy Ribes est contredit dans certains de ses propos par le commissaire qui a mis fin à son petit commerce. L’homme entretient peut-être une légende avec une vérité certaine : il était très doué pour faire du faux comme du vrai !