Synopsis: Alors que s'accroissent la colère et le mécontentement devant les injustices sociales, de nombreuses manifestations citoyennes sont l'objet d'une répression de plus en plus brutale. Un pays qui se tient sage invite des citoyens à approfondir, interroger et confronter leurs points de vue sur l'ordre social et la légitimité de l'usage de la violence par l'Etat.
La fiche du film
Le documentaire
Les bonus
- Vod le 2 mars 2021.
Ces images on les a vues et revues, pêle-mêle , brutales dans leur projection immédiate. A la télévision, sur des réseaux sociaux.
Les voici réunies dans un même contexte à visée documentaire, un même ensemble fondé autour d’une réflexion à la fois théorique et philosophique, pour une pratique de la société dénoncée par les intervenants qui la souhaitent bien évidemment tout autre.
Autour des vidéos, des reportages TV, sur les manifestations de ces dernières années, particulièrement celles des « Gilets jaunes », des historiens, des mères de familles, des sociologues, des ouvriers confrontent leurs idées sur l’état de la violence, sa légitimité, et l’absence de réactions officielles quand celle-ci outrepasse le simple droit à l’existence.
« Les quartiers populaires depuis 1995 sont devenus des territoires d’expérimentation » dit Rachida Sriti, une psychopraticienne, qui revoie les images depuis le studio du réalisateur. « On ne peut pas traiter les enfants comme ça » poursuit-elle devant ce « spectacle » de collégiens à genoux, les mains sur la tête autour de CRS hilares.
« Voilà au moins une classe qui se tient sage » rigole l’un d’entre eux. C’est déjà grave, la remarque, l’attitude, les gestes. La suite est édifiante, inhumaine, dramatique. Des manifestants à terre que les policiers tabassent, à deux, à trois, et ne s’arrêtent pas. Des tirs de flash ball à bout portant, quasiment, des coups de matraque à un passant…
« La pratique du maintien de l’ordre, c’est un choix politique du gouvernement » dit un participant. Un autre : « On en vient à une violence d’état. (…) Il y a confusion entre l’Etat et la Police, elle est nationale, donc rattachée à l’Etat, à la différence de nombreux pays européens ».
Toute une dialectique sécuritaire s’élabore ainsi sans véritable opposition ou contradiction, les responsables politiques et policiers ayant décliné l’invitation. Ce qui rend le film plutôt à charge. Rare exception, Benoit Barret, secrétaire national Alliance Police, défend mordicus l’attitude de ses collègues qu’il visionne sur des vidéos pourtant sans appel.
Plus évident à ses yeux, la séquences des motards en position sur le boulevard renversés avec leurs engins, par des manifestants. « Ce sont des lâches qu’il faut mettre en prison ».
Entre le fond et la forme, la réflexion générale tente de trouver une raison d’être à ces états de faits, inadmissibles et condamnables. Ce que laisse à peine entrevoir le final pour quelques commentaires journalistiques dans un flou médiatique aussi convenu que celui proposé lors des évocations télévisées de ces événements répressifs dramatiques.
Petite déconvenue dans un réquisitoire quasiment sans appel. Pourtant le débat est loin d’être clos, ce film invite grandement à poursuivre la réflexion.
– Les suppléments
- Scènes complémentaires . Les intervenants du film complètent leurs réflexions sur le même thème de la violence et de sa légitimité. Le rôle des médias à peine évoqué à la fin du film revient subrepticement à travers la dénonciation de commentaires jugés négatifs. « Quand tous les médias condamnent ce qui les pousse à agir de cette façon (… ) il y a une forme de solidarité entre « Gilets Jaunes » et « Black bloc » … ».
« On est entré dans une ère moderne de la manifestation avec les « Gilets jaunes » reprend le sociologue Fabien Jobard. « Sur un mouvement si particulier la police a sur-réagi. Il n’y avait pas de banderoles, pas de slogans, pas de musique, la musique qui donne toujours une direction à une manifestation… »
- Conversation David Dufresne et Philippe Mangeot . Le réalisateur explique son projet et la façon dont il l’a mis en œuvre. « C’est un film de cinéma au départ, ces images méritent d’être à leur place, d’être vues en grand, mais je crois en la vertu du dialogue, c’est pour cela que beaucoup de gens interviennent, devant une seule caméra, pour une qualité d’écoute maximum.
(…) Dans un discours, Macron évoquait le fait que l’on ne pourrait pas parler de ces événements, le film est parti de là, non seulement il avait déjà le choix des armes, et voulait celui des mots. On ne veut pas de ce pouvoir-là ».
- Avant-première au cinéma les 7 Parnassiens. Avocats ou victimes, des témoignages en direct avant la projection du film. A la limite, sans parole, leurs présence suffit. Une main en moins, un oeil…
Le documentaire
Les bonus
Les représentants du pouvoir, de l’ordre , à trois exceptions près, n’ont pas voulu participer à ce documentaire relatif aux derniers mouvements de contestations ( les Gilets Jaunes en particulier ) marqués par des violences policières inouïes . Ce qui le biaise un peu, le rend à charge principalement, mais renvoie tout autant cette fuite en avant vers un aveu d’impuissance . Pour certains, c'est très certainement, une reconnaissance indirecte d’un fonctionnement sécuritaire complètement dévoyé.
Des personnalités d’horizons bien divers interviennent au cœur d’un dialogue où les questions multiples, bien encore sans réponse aujourd’hui, posent les règles du pouvoir macroniste. Il n’en peut plus de se définir comme légitime autant dans sa représentation que dans son intervention dite républicaine au sein de ces manifestations.
Ce sont ses limites que le film interroge en reprenant des vidéos amateurs, des reportages TV, ces derniers par ailleurs souvent contestés. Le documentaire termine ainsi subrepticement sur le flou médiatique entretenu par les chaînes officielles sur des événements autrement commentés par les intéressés eux-mêmes.
C’est seulement à la fin du film que le nom et la qualité des intervenants s’inscrivent sur l'écran. Une faiblesse corrigée dans le dvd .
AVIS BONUS
Des scènes complémentaires, une avant première avec des témoignages de victimes, et le commentaire du réalisateur
3 Commentaires
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