Synopsis: Dix ans après les attentats du 11 Septembre, Hambourg ne se remet pas d'avoir abrité la cellule à l'origine des attaques. Lorsqu'un immigré d'origine russo-tchétchène débarque dans la communauté musulmane de la ville les services secrets allemands et américains sont en alerte. Mais s'agit-il d'une victime ou d'un extrémiste aux intentions destructrices ?
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Meilleur dvd Janvier 2015 ( 5 ème )
La fin justifie les moyens. Sans ce dénouement, prévisible peut-être, mais d’une grande efficacité, le film d’Anton Corbijn avait jusqu’alors des allures pépères, entamées par le ton monocorde d’une mise en scène sans éclat. Le nom de John Le Carré ne garantit pas le bonheur d’une adaptation.Il faut en vouloir, y mettre beaucoup du sien, ne rien trahir de la composition romanesque, tout en rapportant sa propre lecture.
Depuis « La taupe » il est peut-être un peu risqué de vouloir coller des images à une vision littéraire d’un monde le plus souvent interlope, voire confus. Corbijn, lucide, élague tous les appendices susceptibles de nous égarer, ne laissant que la trame simplifiée d’un récit d’espionnage où le terrorisme de ce début de siècle sert d’alibi au scénario.
Un service secret dirigé par Günther Bachmann repère un individu recherché par la police allemande. Bachmann promet de coopérer avec les autorités, mais demande carte blanche. Trois jours pendant lesquels son équipe va tenter de récupérer la cible, sans jamais vraiment savoir qui elle est.
C’est tout le sel de l’intrigue que le cinéaste prend au pied de la lettre, au point de le suivre dans ses pérégrinations citadines, sans jamais trop chercher à percer son mystère.
Corbijn dépeint une ville traumatisée par ses échecs, des gens engoncés dans leurs souvenirs et comme paralysés par les échéances à venir. Le ton est monotone, avec cette impression que les comédiens observent autant leur metteur en scène qu’il ne les dirige. Etrange ambiance à laquelle John Le Carré ne peut rien
. Cet opus méritait-il d’ailleurs de voir le jour sur grand écran ? On peut imaginer que la seule présence de Philip Seymour Hoffman en patron espion justifiait un tel projet. Mais l’acteur, uniforme et transparent, ne comble pas les absences d’une mise en scène à laquelle l’ensemble du casting demeure tout aussi étranger. Il y a pourtant là des gens comme Willem Dafoe, ou Nina Hoss . Ils répondent tous aux abonnés absents. Le monde de l’espionnage est sans pitié.
LES SUPPLEMENTS
- Making of (16.40 mn) – Anton Corbijn évoque au milieu de quelques scènes très courtes de tournage « les personnages à plusieurs facettes, chez John Le Carré, et comment on nous manipule, et comment on fait naître la peur, j’espère que le public verra ça, le comprendra à la fin de mon film. ( …) On regarde de travers les gens que l’on pense suspects, et ça s’est renforcé après le 11 septembre, c’est aussi la raison pour laquelle je me suis intéressé au sujet ».
« Philip Seymour Hoffman s’est approprié le film et c’est normal car tout ce que l’on ressent passe par lui » poursuit le réalisateur qui passe en revue tout son équipe et à son image dit tout le bien qu’il pense d’un acteur qui s’exprime pour la dernière fois. « Je suis sûr que les gens qui verront ce film feront preuve de plus de compassion. Si notre vision simpliste des choses n’est pas ébranlée par ce film, alors nous sommes irrécupérables. Les gens ont une vision manichéenne, mais ce film n’a rien de manichéen».
- John Le Carré à Hambourg (10 mn)- Ancien espion, l’écrivain a travaillé à Hambourg, et il avait toujours voulu écrire sur cette ville que l’on découvre en sa compagnie. La guerre contre le terrorisme sera son point d’ancrage pour ce 21 ème roman. « Je me suis demandé si l’Allemagne était un bon sujet d’analyse, un miroir qui pourrait nous renvoyer à nos propres dilemmes ».
On le voit notamment auprès de l’ONG dont il s’est inspiré pour évoquer l’accueil des réfugiés. « Je voulais m’assurer que ce que je racontais était crédible à leurs yeux ». Puis à l’hôtel Atlantic, scène importante du film, le romancier décrit la manière dont il a imaginé ses personnages dans le lieu. C’est assez surprenant…
« Je voulais traiter du dilemme de tous les pays d’Europe de l’Ouest : l’immigration, l’identification, et la neutralisation des terroristes potentiels. Je m’insurge contre l’absence de révolte, lorsque cela nous est montré, que nous détruisons notre propre système. Notre obsession sécuritaire est complètement démesurée ».
Review Overview
Le film
Les bonus
Une adaptation de John Le Carré qui ne restera pas dans les annales. Le maître du roman d'espionnage doit-il d’ailleurs toujours connaître les versions imagées de ses intrigues interlopes ? Ca ne semble pas être le cas, vu ici le regard du cinéaste qui tente de percer lui-même les secrets de l’homme tant recherché. La monotonie ambiante pèse sur le jeu des acteurs (pauvre Philip Seymour Hoffman, son dernier rôle …) .Le ton est tout aussi monocorde et sans un dénouement prévisible, mais factuellement très réussi, on s’ennuie un brin sur la longueur
Avis bonus
Alors que les propos de John Le Carré résonnent étrangement après ce que l'on vient de connaître à Paris, je ne suis pas certain qu'il est raison sur tout, mais sa parole est précieuse. C'est à Hambourg...
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