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« Trois Visages » de Jafar Panahi. Critique cinéma-dvd-vod

  • AvecBehnaz Jafari, Jafar Panahi, Marziyeh Rezaei, Maedeh Erteghaei, Narges Delaram
    Sortie le : 02 Octobre 2018
  • Cinéma :  06juin 2018
  • DistributionMemento Films
    Durée100 minutes

Octobre 2018 : le meilleur DVD

Prix du scénario Cannes 2018 . – 

L’histoire : Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d’une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice... Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l’aider à comprendre ce que cela signifie. Ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest où les traditions ancestrales continuent de dicter la vie locale.

  • Film :
  • Bonus : 

 

Je ne sais si un réalisateur autre que Panahi réussit aussi bien à matérialiser un propos, une situation, un pays, comme il le fait encore dans ce magnifique film où tout me parait à la fois symbolique et profondément concret.

Cette route sinueuse, terriblement dangereuse avec son ravin que rien ne retient, et qui semble mener nulle part. Comme un pays perdu où s’égarent encore quelques âmes en quête de racines. Une célèbre actrice et un réalisateur ( Jafar Panahi en personne ) s’y aventurent pour tenter de résoudre une énigme policière.

Le sort d’une jeune fille, Marziyeh, dont l’appel à l’aide s’est éteint sur le portable de la comédienne de plus en plus inquiète .

Le premier « visage » du film, une actrice célèbre qui débarque dans un village perdu dans la montagne iranienne…

Chahutée par le remords de ne l’avoir peut-être pas entendu. De ne lui avoir pas répondu. Le tourment de Behnaz ( pour Behnaz Jafari ) vire même à la paranoïa . Un doute, cependant ! Et si la vidéo était un leurre ?

Mais l’enquête s’avère compliquée. Dans le village de Marziyeh, aux traditions ancestrales fortement marquées, son désir de vouloir devenir comédienne s’apparente à une manipulation satanique. Elle est le déshonneur incarné, la honte personnifiée. On ne veut rien savoir d’elle et surtout pas ce qu’elle est devenue.

Après celui de la consécration portée par l’actrice, c’est l’autre visage de ce pays révélé dans l’enfermement d’un système qui a déjà fait de nombreuses victimes. A l’image de Shahrzad une comédienne elle aussi, oubliée depuis longtemps et abandonnée, auprès de qui  Marziyeh a trouvé refuge.

Quand l’actrice les rejoint, elle scelle la trinité d’un cinéaste ballotté par ce temps qu’il a si souvent posé sur une pellicule alors libre et partisane. Aujourd’hui Panahi ne peut plus quitter son pays, il le dit et le rappelle dans ce film où son engagement total figure tel un manifeste. Un miroir reformant une société où l’histoire d’hier et ses traditions portent les éclats d’une lumière nouvelle.

Behnaz l’apprivoise déjà, quand  Mariyeh en devine la beauté, et Shahrzad le prix à payer . Trois visages de femmes conquérantes autour d’un cinéaste libéré de ses interdits. Dans le silence officiel de l’autorité aveugle, ce film est éclatant.

LE SUPPLEMENT

  •  » Où en êtes vous Jafar Panahi ? » . C’est encore au volant de sa voiture que le réalisateur nous parle. Il se rend en compagnie d’un ami cinéaste, Majid Barzegar, sur la tombe de Kiarostami. Il évoque bien évidemment son métier.

« Avant tout l’artiste doit trouver une satisfaction dans ce qu’il veut faire » dit-il avant d’évoquer les problèmes de la censure, les entraves gouvernementales, et les perspectives d’un autre cinéma, accepté, participant à la vie sociale du pays.

« Un artiste se satisfait d’abord et s’occupe des problèmes ensuite. (…) Si devant ton miroir, cette image virtuelle, tu réussis à convaincre ton reflet que ce que tu as fait est bien alors tu as gagné. Autrement il y a un problème ».

« Avant, les jeunes venaient se plaindre auprès de moi sur la difficulté de travailler dans le cinéma, mais depuis mes trois derniers films ils ne viennent plus, et doivent se dire malgré tout ce qu’on lui fait, comment réussit-il à filmer ? … »

« Les systèmes idéologiques sont toujours prêts à combattre d’hypothétiques ennemis pour créer une ambiance de terreur et d’insécurité » dit-il à son ami qui a dû retirer son film lors d’un festival car il y avait au générique le nom de Jafar Panahi.

Et d’expliquer alors très intelligemment et simplement quel genre de films il peut tourner au regard des difficultés que le gouvernement lui impose. « Ils m’ont mis dans un coin, et je parle alors de moi, de ce que j’observe, de la situation actuelle, mais ça ne leur plait pas non plus ».

Avec : Behnaz Jafari, Jafar Panahi, Marziyeh Rezaei, Maedeh Erteghaei, Narges Delaram Sortie le : 02 Octobre 2018 Cinéma :  06juin 2018 Distribution : Memento Films Durée : 100 minutes Octobre 2018 : le meilleur DVD Prix du scénario Cannes 2018 . -  L'histoire : Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d’une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice... Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l’aider à comprendre ce que cela signifie. Ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest où les traditions ancestrales continuent de dicter…
le film
Le bonus

C’est un scénario qui a été primé à Cannes, à juste titre, mais la mise en scène bien que discrète et presque souvent effacée mérite elle aussi notre attention. En raison justement de cette retenue dans la révélation d’une histoire et de son décor  qui laisse aux personnages le soin d’assumer totalement leurs propos. Ce que le réalisateur concrétise merveilleusement bien dans une symbolique  qui le met en scène tout en demeurant témoin. Plus qu’une mise en abîme son film devient le miroir reformant une société qu’il appelle de tous ses vœux . A travers ces trois visages de femmes d’hier et d’ aujourd’hui . Je ne sais si un réalisateur autre que Panahi réussit aussi bien à matérialiser un propos, une situation, un pays, comme il le fait encore dans ce magnifique film. Un manifeste pour la condition féminine, le droit à la création et celui à la liberté. Un manifeste total ! AVIS BONUS Le réalisateur, au volant de sa voiture, évoque son métier tout en se rendant sur la tomber de Kiarostami

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