« Trois mondes »de Catherine Corsini. DVD. Critique

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Trois Mondes"

De : Catherine Corsini

Avec : Raphaël Personnaz, Clotilde Hesme

Sortie le : 06 mai 2013

Distribution : France Télévisions Distribution

Durée : 101 minutes

Film classé : Tous publics

Nombre de DVD / Blu-Ray : 1

Meilleur dvd mai 2013 ( 9 ème )

On n’en ressort pas indemne. L’expression, peut-être galvaudée, prend ici tout son sens. En ce qui me concerne, tout du moins. Victime ou coupable, j’ai quasiment pris tous les coups de cette terrifiante histoire d’un délit de fuite qui du drame tourne au drame.

Dès les premières images, Catherine Corsini nous prend à témoin, de la même manière que ce que voit Juliette du haut de son appartement. Dès lors, c’est l’engrenage, mais lequel, et pour qui ? Comme pour ces joueurs de poker qui ignorent encore tout de l’accident qui les concerne, les cartes sont pipées.

Tout le monde triche avec tout le monde et c’est au plus offrant de s’en sortir pense alors Al qui s’apprête à devenir le directeur de l’usine de son futur beau-père. Le monde s’ouvre devant lui et ce n’est pas un mauvais coup d’accélérateur qui va stopper sa course folle. Même si le remord le ronge : l’assassin revient toujours sur les lieux de son crime.

Là où une famille pleure son frère clandestin, impossible à déclarer aux autorités françaises.

Corsini a le sens de la formule et du cadrage pour nous ramener à l’essentiel des choses, et nous les faire partager, au sein d’univers multiformes qui nous interpellent directement . Nous sommes en prise directe avec la culpabilité de l’un et les atermoiements d’un témoin taraudé par le poids de son silence.

Que ferions-nous ? Bien malin qui pourrait dire la direction à prendre.  La réalisatrice est tout aussi accaparée par ses doutes et ses personnages au plus près de leurs contradictions, de leurs angoisses.

C’est plus que lourd sur le cœur, c’est la conscience qui vous tourmente. Comment explore-t-elle à ce point les abîmes de l’humain pour lui dire qu’il n’est ni blanc, ni noir et que le salaud répond à un autre misérable.

On est un peu dans l’esprit de «  38 témoins », mais le fond et la forme diffèrent sur l’attitude à tenir, l’objectif à  atteindre.

 C’est dans les entrailles d’un polar intime, vécu de l’intérieur, que la réalisatrice puise toute son énergie. Elle n’en manque pas et le communique de manière charnelle. Au spectateur et à ses acteurs , en parfaite symbiose : Clotilde Hesme, Raphaël Personnaz, ou bien encore Arta Dobroshi  quasi méconnaissable, mais tout aussi formidable.

• Making of ( 10 mn )

Effectivement , plusieurs scènes de tournage en si peu de temps méritent un coup de chapeau. Mais ça veut dire aussi que l’on aurait pu en savoir un peu plus . Les comédiens et la réalisatrice livrent quelques commentaires…

• Mais aussi, je vous conseille de découvrir  » La mésange » de Catherine Corsini, avec Eric Frey. Un homme qui tente de s’extraire des embouteillages parisiens fait la rencontre d’une femme, entre rêve et réalité. (https://www.arte.tv/fr/videos/115628-000-A/la-mesange/)

Premier court métrage (1982), mise en œuvre d’un savoir, application régulière d’une technique libérée de l’ancienne école, mais pas forcément de l’empreinte « godardienne ». Une échappée libre dans un Paris autant rêvé que la jeune femme que rencontre notre héros.

Catherine Corsini la filme en toute innocence, fraîcheur et légèreté. Si bien qu’elle s’évapore en nous laissant de belles images, et la promesse d’un nouveau cinéma. Catherine Corsini apparait dans le rôle de la copine-comédienne de François, joué par Eric Frey.