« Toute ma vie ( en prison ) » de Marc Evans. Critique DVD

La fiche du DVD

Le film : "Toute ma vie (en prison)"

De : Marc Evans

Avec : Mumia Abu-Jamal, Noam Chomsky, Mos Def, Snoop Dogg, Steve Earle

Sortie le : 29/04/2013

Distribution : Lug Cinéma

Durée : 95 minutes

Film classé : Tous publics

Nombre de DVD : 1

Mumia Abu-Jamal est incarcéré le 9 décembre 1981, William Francome voit le jour. Sa mère, militante de la première heure lui rappelle la coïncidence, à chaque anniversaire. On n’est donc pas trop surpris de retrouver le jeune Britannique, vingt-cinq ans plus tard, sur les traces de celui qui a été en prison « durant toute ma propre vie ».

A travers son regard, ce film documentaire évoque l’itinéraire cabossé de l’un des plus célèbres condamnés à mort américains, devenu malgré lui une véritable icône abolitionniste. Mais le point de vue de Francome renvoie en écho celui d’une Amérique qui a bien changé depuis les années soixante, où laisse-t-il entendre, la lutte des noirs était autrement plus entendue.

Angela Davis le reconnaît implicitement en analysant la situation actuelle avec sa propre histoire. Membre des Black Panthers, tout comme Mumia, elle fut acquittée grâce au soutien massif de la population. « Cette fois nous n’avons pas pu atteindre tous les cercles, nous ne parlons qu’à des convaincus ».

L’impact politique des artistes qui s’étaient mobilisés dans les années 90 pour Mumia semble lui aussi régresser, la catastrophe Katrina venant confirmer un sentiment qui jusque-là demeurait encore indistinct :« la négation de la communauté noire » comme le pense Noam Chomsky, une intellectuelle noire.

Ses opposants (on dit aussi ennemis dans le documentaire) défilent en demandant de « le faire griller ». Avec l’indifférence du public et des médias, l’optimisme n’est pas de rigueur pour le camp Mumia.

Le réalisateur britannique s’interroge sur sa détermination. La voix des sans-voix, comme on l’appelle « parle pour défendre un idéal qui refuse de se voir mis à terre, un idéal qui pour moi est celui du rêve américain ».

Celui auquel n’a pas eu le droit Mumia à travers un procès jugé d’avance par un jury trié sur le volet avec un juge qui confiera entre deux portes : « je vais les aider à griller ce nègre ». Manque de chance pour lui, une secrétaire passait par là.

Un avatar dans un dossier où les incohérences, les contradictions, les silences (même aujourd’hui policiers et magistrats refusent de parler devant une caméra) font plus que faire planer le doute.

Des images d’archives inédites, des témoignages avec les lacunes de l’enquête (le juge refusant d’entendre certains témoins ou de visionner des photos) et des partis-pris du procès (des témoins influencés…. ) ,complètent ce portrait d’une Amérique où l’Ordre fraternel de la police n’est pas un vain mot.