- DVD : 15 Octobre 2024
- Format : Mono, Cinémascope, Noir et blanc
- Durée : 88 minutes
- Reprise: 07 août 2024
- 25 novembre 1960
- Acteurs : Charles Aznavour, Marie Dubois, Nicole Berger, Michèle Mercier, Albert Rémy
- Studio : Carlotta Films
L’histoire : Charlie Kohler, pianiste dans un petit bar, commence à avoir des ennuis lorsque deux gangsters s’en prennent à son frère qui se réfugie sur son lieu de travail. Dans le même temps, Léna, la serveuse est amoureuse de Charlie alors que ce dernier cache un sombre passé auquel la jeune femme va tenter de le soustraire.
D’après le roman éponyme de David Goodis
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Plus « nouvelle vague », ça n’existe pas, dit-on encore aujourd’hui à propos de ce film devenu mythique, ou même culte, selon l’humeur. Je le place personnellement parmi les références indispensables d’un cinéma d’époque, avec ce petit plus qui nous donne à voir et à entendre une chanson de Félix Leclerc dans un autoradio.
Une autre époque, relayée par la présence de Bobby Lapointe qui nous sert sa « Framboise » dans le bastringue où se produit un pianiste triste, et talentueux.
Charlie joue sans grand enthousiasme (Charles Aznavour, excellent), ignorant Léna la serveuse qui lui fait du gringue, mais de façon très discrète. L’arrivée de son frère Chico (Albert Rémy), poursuivi par deux malfrats, le sort un peu de sa torpeur et de ses habitudes.
Comme le duo ne réussit pas à mettre la main sur le frangin, Charlie va en faire les frais. Ou l’entame des aventures d’un petit bonhomme, loin d’être un héros, que Truffaut tente de réhabiliter en retournant sur son histoire d’autrefois, glorieuse et attristée.
C’est déjà la marque d’une mise en scène particulière ( il sort des « 400 coups » et ça choque ) via une narration qui confond hier et aujourd’hui pour donner le meilleur d’une aventure que le cinéaste prend souvent à la légère. Malgré les suicides, les morts, les enlèvements. François Truffaut porte du sépia sur la série B et affuble ses personnages de drôle de façon.
Ernest (Daniel Boulanger) et Momo (Claude Mansard) -ci-dessus- figurent tels des bandits d’opérette, quand les frères de Charlie , avec leurs prénoms rigolos, Chico, Momo et Fido, rendent hommage aux Marx Brothers. Un peu de fantaisie au cœur du drame qui se noue autour du pianiste et de la belle serveuse, maintenant au plus près de son amoureux.
Mais Charlie demeure l’anti-héros placardé derrière son piano et rien ne parait pouvoir le sortir de ses souvenirs malheureux.
Du mélodrame à la romance, du drame au policier Truffaut mélange les genres sur une dynamique gaillarde et originale. Où il est beaucoup question des femmes, misogynie en pointe : on en parle , on les filme, elles se rebellent . Marie Dubois pimpante, attentionnée, Michèle Mercier, une Clarisse au grand cœur, Alice Sapritch Nicole Berger … Truffaut, l’homme qui aimait les femmes ?
LES SUPPLÉMENTS
- Commentaire audio de Serge Toubiana (biographe de François Truffaut) avec marie Dubois. Et Raoul Coutard (directeur de la photographie)
- Présentation du film par Serge Toubiana – Comme pour éviter le piège du premier film réussi ( « Les 400 coups ), Truffaut prend tout le monde à contre-pied, en adaptant un polar américain. « J’étais libre comme l’air », dit-il « le plaisir avant tout ».
Aznavour-Truffaut, Toubiana note les ressemblances entre les deux hommes pour un film « dont le vrai thème est la timidité (… ) et l’obsession : les femmes ! Elles sont magiques, on ne s’en lasse pas d’en parler , de les filmer… ».
- Les bouts d’essai de Marie Dubois (3 mn) – François Truffaut lui suggère plusieurs poses, mais celle où elle doit insulter un automobiliste lui parait sinon difficile, du moins très osée. Elle ne se trouve pas bonne, Truffaut l’encourage
- Cinéastes, de notre temps : François Truffaut ou l’esprit critique (4 mn – HD). Réalisation : Jean-Pierre Chartier – © 1965 INA
François Truffaut parle du charme de la traduction (littéraire comme cinématographique) et du ton particulier de « Tirez sur le pianiste. » « Mais ce n’est pas une parodie, comme je l’ai entendu dire. (… ) Il y a de l’ironie, peut-être, mais jamais de moquerie ».
Une phrase lui parait symbolique des polars , « allez rentrer chez vous, c’est un accident ». Là encore dit Truffaut, rien à voir avec de la naïveté dans ma mise en scène « c’est une phrase type ».
- Étoiles et toiles : David Goodis par François Truffaut (15 mn). Réalisation : Robert Réa – © 1982 INA
Dans cet entretien mené par François Guérif, le cinéaste explique son choix de porter à l’écran le roman éponyme de David Goodis. « J’ai beaucoup ri en le lisant, et ça m’a aussi ému . (…) J’ai besoin d’admirer le style, l’écriture … Goodis n’a pas peur du mélodrame, de situations extrêmes, ce que j’aime beaucoup. »
Le Film
Les bonus
Après son premier film, gros succès « Les 400 coups » Truffaut craint la redite et vire carrément de cap en adaptant un roman noir américain qu’il transpose dans un bastringue parisien, où un pianiste triste et timide tente d’oublier son passé.
Mais comme ses frères sont des voyous, il se retrouve mêlé à leurs affaires et peine à suivre celles de ses courtisanes , dont Léna la serveuse du bar qui se tient constamment à ses côtés.
Mais Charlie demeure l’anti-héros placardé derrière son piano et rien ne parait pouvoir le sortir de ses souvenirs malheureux.
Du mélodrame à la romance, du drame au policier Truffaut mélange les genres sur une dynamique gaillarde et originale.
AVIS BONUS
Différents éclairages, Truffaut parle adaptation et de son film, c'est tout bon