Accueil » A la une » « The Third Murder » de Hirokazu Kore-eda. Critique cinéma-dvd

« The Third Murder » de Hirokazu Kore-eda. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Le brillant avocat Shigemori assure la défense de Misumi soupçonné de vol et d’assassinat. Il a déjà purgé, il y a trente ans, une première peine d’emprisonnement pour un autre meurtre. Les chances de Shigemori  sont faibles : Misumi plaide coupable et risque cette fois la peine de mort. Pourtant, au fil de l’enquête et des témoignages, l’avocat commence à douter de la culpabilité de son client.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "The Third Murder "
De : Hirokazu Kore-Eda
Avec : Masaharu Fukuyama, Koji Yakusho, Suzu Hirose, Isao Hashizume, Mikako Ichikawa
Sortie le : 05 SEPTEM 2018
Distribution : Le Pacte
Durée : 125 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Le bonus

A la dernière Mostra de Venise, Kore-Eda visait une palme . Il est reparti bredouille. Même scénario à Beaune où le festival du film policier ne lui a pas souri. Ce qui me parait assez logique.

Cette histoire d’avocat (Masaharu Fukuyamadéfenseur d’un criminel qui le balade comme il veut est assez tordue pour plaider coupable. Coupable d’actionner les ressorts d’une intrigue inexistante. Quand elle se révèle, elle s’effiloche sur des révélations qui n’en sont pas.

Coupable de reprendre le symbolisme animalier de la liberté devenu lourdingue. La cage d’un volatile, c’est une prison et dans la prison il y a des hommes…

Misumi par exemple (Koji Yakusho).

La vengeance est le premier motif du crime reconnait l’avocat. Mais le coup de l’assurance vie de l’épouse fort éplorée revient sur le tapis. Un grand classique que le cinéaste ne se prive pas de piétiner en convoquant la gamine du couple qui ne lui parait pas très claire.

Coup de projecteur alors sur ceux et celles, plus ou moins louches, qui gravitent autour de la jeune fille. L’une des circonstances atténuantes du dossier : Kore-Eda illumine tous ses personnages, même les plus secondaires, les moins évidents.

Ce qui plaide en sa faveur avec un atout majeur dans sa manche : cette façon de revisiter les parloirs des prisons. De filmer le face à face entre l’avocat et le détenu. Ce qui se dit à la limite importe peu, c’est l’affrontement qui prime. On se toise, on se juge, on cherche à qui perd gagne.

Tension totale, extrême, dans une lumière au contraste fort.

Il y a bien sûr une réflexion sur la justice, mais à l’image du récit, à peine esquissée, aussitôt abandonnée. L’ancien juge du suspect que défend maintenant son fiston, débarque à l’improviste dans son cabinet. Une belle idée de scénario qui pourtant n’en fait rien.

A l’image du duel qui s’annonce entre l’avocat et madame le procureur. Elle lui reproche « d’empêcher les criminels d’affronter leurs propres fautes ». On n’en saura pas plus, plus ou moins perdu dans ce labyrinthe scénaristique peu passionnant. Ton monocorde, sans emballement. Impossible de plaider l’acquittement …

  • Entretien avec Kore-eda Hirokazu  . Il y a d’abord comme une mise en garde sur son projet assez différent de ses films précédents. « Un homme peut-il condamner un autre homme, comment naissent les crimes ?… » interroge le cinéaste.

Questions idéologiques, abstraites, posées à travers un meurtre qui va perturber le coupable. « Quand on me dit qu’on ne comprend pas tout, je dis de voir le film trois fois, pour découvrir de nouveaux aspects… ». Cette remarque doit m’être adressée.

Après quoi l’entretien débute réellement au cours duquel il confirme qu’il a toujours fait des films inspirés par sa vie personnelle et cette fois donc, changement de cap, « j’ai voulu élargir mon champ d’inspiration ».

« La vérité que l’on croit détenir est loin d’être une certitude, mon film va au-delà d’une simple critique du système judiciaire, mais s’interroge sur un système défaillant dont les conclusions sont toujours définitives ce qui est grave surtout au japon avec la peine de mort toujours en cours ».

Il parle de la manière dont il a recruté son équipe (rien n’est innocent et laissé au hasard) puis sa façon de tourner pour la première fois en cinémascope.  « J’ai réfléchi avec Mikiya Takimoto, le directeur de la photographie sur la manière de conserver la tension à l’écran avec cette technique ».

« Seven », « There will be blood » et pour les face à face, de vieux westerns spaghettis, voilà par quoi il a été inspiré.

A la dernière Mostra de Venise, Kore-Eda visait une palme . Il est reparti bredouille. Même scénario à Beaune où le festival du film policier ne lui a pas souri. Ce qui me parait assez logique. Cette histoire d’avocat (Masaharu Fukuyama) défenseur d’un criminel qui le balade comme il veut est assez tordue pour plaider coupable. Coupable d’actionner les ressorts d’une intrigue inexistante. Quand elle se révèle, elle s’effiloche sur des révélations qui n’en sont pas. Coupable de reprendre le symbolisme animalier de la liberté devenu lourdingue. La cage d’un volatile, c’est une prison et dans la prison il y a des hommes… Misumi…
Le film
Le bonus

Il y a des points positifs dans ce film (dont l’ironie passagère) qui malheureusement sur la durée s’inscrit sur un ton monocorde et un faux rythme qui ne s’emballe que dans les scènes de parloirs. Je crois n’avoir jamais vu de tels lieux ainsi filmés. Un tension magnifique accentuée par une lumière au contraste saisissant. Avant ou après, Kore-Eda n’arrive pas à coordonner le fond et la forme sur les ressorts d’une intrigue inexistante. Quand elle se révèle, elle s’effiloche sur des révélations qui n’en sont pas. Dans ce labyrinthe scénaristique, aux réflexions esquissées sur la justice, on se perd beaucoup trop pour tenir la distance : 2 h 05 mn.

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Trois amies » d’Emmanuel Mouret. Critique cinéma

Beaucoup moins inspiré par ses marivaudages, Emmanuel Mouret en rajoute

Laisser un commentaire