Synopsis: Conservateur d’un musée d’art contemporain, Christian roule en voiture électrique et soutient les grandes causes humanitaires. Il prépare sa prochaine exposition, « The Square ». Une installation incitant les visiteurs à l’altruisme. Mais il est parfois difficile de vivre en accord avec ses valeurs : quand Christian se fait voler son téléphone portable, sa réaction ne l’honore guère…
La fiche du film
Le film
Palme d’or au Festival de Cannes 2017
Le sujet aidant, est-ce de l’art ou du cochon ? Ou de quoi parle ce film qui comme souvent chez Ruben Östlund trace les travers de l’humanité sur le parcours d’un personnage aussi particulier que ses précédents personnages.
Christian ( Claes Bang ) a tout pour plaire au sein de cet univers créatif qu’il anime en dirigeant un grand musée d’art contemporain. Sa prochaine exposition est sur les rails, un concept autour de l’altruisme et de la tolérance, deux principes qu’il érige en code de bonne conduite.
Pourtant, dès ses premiers pas, ce matin-là dans la rue, l’allure contredit la démarche. On appelle à l’aide, il tarde à intervenir. Les passants sont encore plus indifférents à la détresse du SOS qui s’évanouit dans la foule.
L’affolement urbain était peut-être organisé. On lui a subtilisé son portable, son portefeuille. Il va alors se mettre à la recherche de son voleur tout en poursuivant ses activités professionnelles.
L’enquête personnelle liée à la préparation de l’exposition, ce parallèle permanent est imaginé par un réalisateur qui en géométrie ignore l’axe médian. De l’investigation désordonnée dans un immeuble d’une banlieue sensible au maniérisme ambiant du musée, il s’éternise et s’égare..
De l’art ou du cochon ? La critique sous-jacente du monde artistique, le regard amusé, voire ironique sur l’art contemporain, heurtent la perception même de cet univers aussi conceptuel que le film.
Il ne s’agit pas de délimiter un carré au sol et d’y inscrire une profonde réflexion nous dit le cinéaste pour accorder notre conduite à la volonté de son créateur.
Le comportement du héros, en contradiction avec l’humanité revendiquée par l’œuvre, est à cet égard éloquent. Mais il ne provoque pas l’élan attendu et entrevu dans quelques scènes palpitantes .
La distribution des lettres dans l’immeuble du voleur supposé, la conférence de presse perturbée par un handicapé, l’insistance de la journaliste (Elisabeth Moss), la performance bestiale au concert bienfaiteur (Terry Notary, remarquable )…
Situations perturbantes, souvent, sans réel effet sur ce miroir déformant reflet d’une revendication vaine. Tout le monde en prend pour son grade, bobos et journalistes, bien-pensant et populace, mais personne ne se sent concerné.
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L’art contemporain au cinéma
« Dans la maison » de François Ozon
« Mon pire cauchemar » de Anne Fontaine
« La prisonnière » d’Henri-Georges Clouzot
« Achille et la tortue » de Takeshi Kitano
Le film
Pour dire que le monde va de traviole, que les bobos devraient se faire panser et que penser à l’avenir du monde à travers une œuvre conceptuelle douteuse parait bien dérisoire, Ruben Östlund ne fait pas plus simple que d’imaginer les tourments d’un homme prisonnier de ses apparences. A travers son activité créatrice, ce directeur de musée prône la tolérance, l’altruisme, le respect , mais se contredit quasiment à chaque séquence. La critique sous-jacente du monde artistique, le regard amusé, voire ironique sur l’art contemporain, heurtent la perception même de cet univers aussi conceptuel que le film. Tout le monde en prend pour son grade, bobos et journalistes, bien-pensant et populace, mais personne ne se sent concerné.
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