Synopsis: Un jeune aristocrate londonien engage un valet qui très rapidement se montrera gênant et inquiétant. Peu à peu il deviendra le maître de la maison.
La fiche du DVD
Le film
Les bonus
Meilleur dvd Janvier 2015 ( 4 ème )
Atteindre le degré de répulsion du couple Dirk Bogarde -James Fox. Hugo le valet, Tony le maître. Un oisif enrichi par des affaires dans des contrées lointaines et maintenant, dilettante à souhait.
Ce que lui reproche secrètement, silencieusement, Hugo ? Losey place ses pions, et les déplace, sans raison apparente, sans stratégie préconçue. J’imagine que la copine du patron agace sérieusement notre héros. Elle est imbuvable. Et sans ses écarts de langage, ses ordres d’esclavagiste, (elle le traite vraiment comme un larbin) il ne se passe rien d’éclatant, dans ce petit « home sweet home » londonien, aristocrate et classique à souhait.
Un homme y vit et se fait servir, plutôt aimablement. Mais subrepticement la mise en scène échappe à son « concepteur » de plus en plus déstabilisé par les petits pas feutrés de son employé.
Une « sœur » s’installe à demeure ( Sarah Miles ), un va et vient de privautés, ces petits riens qui dérèglent le bel ordonnancement du maître. Techniquement, le processus de destruction est parfait : un empilement invisible de situations qui nous conduisent imperceptiblement vers le dénouement. Mais lequel et pour quels vérités ?
Losey joue avec les ombres, les reflets, les miroirs, autant de renvoies, d’impressions. Le couple qui nargue le maître, sous sa coupe, dominé. Ballet machiavélique, engrenage terrifiant. Dirk Bogarde, débarrassé du rôle de jeune premier, c’est une atmosphère à lui tout seul, un regard troublant dans lequel se reflète toute la palette infinie d’un jeu inégalé.
La classe au coin du sourire, mais jamais éclatant, toujours en retrait, comme en attente d’on ne sait quel malheur.
La lutte des classes est à ce prix nous dit Harold Pinter, un scénariste dont les ellipses soulignent encore plus les failles du système. Après quoi, le regard fixé à l’œilleton Losey froidement fait tourner sa caméra.
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Dominant et dominé
« La servante » de Kim-ki Young-« The housemaid » d’Im Sang-Soo.-« L’intervallo » de Leonardo Di Costanzo-« Ma vie avec Liberace » de Steven Soderbergh-« A moi seule » de Fredéric Videau- « La vénus à la fourrure » de Roman Polansi
Les suppléments
- James Fox, interviewé par Richard Ayoade (45 mn). Il joue le maître de maison.
De l’obtention du rôle à la perception de l’œuvre de Losey, qu’il ne connaissait pas à l’origine car il avait tourné sous plusieurs pseudonymes, l’acteur s’épanche sur sa manière de travailler, sur son personnage, vis-à-vis d’un réalisateur qu’il admire encore aujourd’hui énormément.A l’époque « il était assez paranoïaque, et pas du tout optimiste. Mais extraordinairement brillant sur tous les plans du cinéma. (… ) Il ne disait jamais ce qu’il fallait faire, mais toujours ce qu’il ne fallait pas faire ».
- Wendy Craig (5.20 mn). Elle parle de son personnage, Susan, la jeune femme qui en fait baver au majordome…
- Sarah Miles – Vera – (10 mn). « J’accepte ce rôle si vous auditionnez mon petit ami » dit-elle à son agent, Robin Fox , bien embêté par le diktat, car le jeune homme en question, alors officier dans l’armée britannique, n’est autre que Willy Fox, son second fils . De la célèbre famille des acteurs Fox. Sarah Miles insiste et Willy deviendra James Fox.
- Harold Pinter (30 mn). Sa vie, son œuvre, sur des images d’archives, et des extraits de ses pièces, des adaptations au cinéma.
« Je ne sais pas d’où vient tout ce que j’écris. Bien sûr tout est lié à moi, quand on ouvre une porte, le reste vient assez naturellement… »
- Joseph Losey parle de « The servant » (5.40 mn). « Je l’avais déjà imaginé en 1956, mais Dirk Bogarde n’était pas très chaud à l’époque, et à juste titre, le public n’était pas prêt, et Dirk prêtait beaucoup attention à son image. Les choses ont évolué. Les gens s’inquiétaient bien plus de leur image que maintenant. On comprend aujourd’hui qu’il faut être acteur avant d’être une star, une célébrité ».
- Interview audio de Douglas Slocombe 2012 (19 mn). Le directeur de la photo du film évoque son travail avec Losey, et les techniques utilisées, photos à l’appui.
(Les réalisateurs puisent dans cette thématique de riches arguments scénaristiques. Le plus évident : la manière dont la situation peut être totalement renversée en faveur du plus faible…)Dans la version Blu ray
Dans la version Blu-Ray
- Premier festival de cinéma à New-York (1963) (27.30 mn). Joseph Losey est en compétition avec « The servant » (mais sans palmarès), parle de cette première édition et de son film, en compagnie des organisateurs. Une excellente émission, bien que datée, où l’on parle de l’avenir du cinéma .Losey se défend d’avoir « le goût de la violence » comme lui reprochent des détracteurs « je ne sais pas ce que c’est, mais pour connaître le bien, il faut parler du mal ». Sur le festival il se félicité de sa tenue, « car ça permet de voir des films tels qu’ils ont été tournés. Après dans le circuit commercial, on peut facilement les censurer ». A ses côtés un autre réalisateur dont je ne sais rien Jonas Mekas. Comme pour « The servant », des extraits de son film « Hallelujah the hills » sont projetés.
Review Overview
Le film
Les bonus
Le genre de film que l’on ne voit plus vraiment. Comme l’impression que les choses demeurent figées pendant très longtemps, que les rapports maître-valet évoluent au fil d’un quotidien paisible. Il ne se passe pas grand-chose, mais subrepticement Losey met en place une autre mise en scène, visant à déstabiliser l’ordre établi par la naissance et l’argent. Une critique aigue de l’establishment des années soixante en Grande-Bretagne, à travers les manigances démoniaques d’un valet et de son amie. Une vengeance tranquille, mais terrible qui ira jusqu’à l’avilissement de la victime.
Et quand la vérité voit le jour (mais laquelle, il y en a tellement) c’est par le truchement d’une ombre, d’un miroir. Losey joue avec les reflets, les faux-semblants qui semblent hanter le regard de Dirk Bogarde. La classe au coin du sourire, mais jamais éclatant, toujours en retrait, comme en attente d’on ne sait quel malheur.
Avis bonus
Plusieurs interviews qui nous promènent encore joliment dans l’univers de Pinter et Losey, tout un chapitre du cinéma européen.
12 Commentaires
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