Synopsis: Un jour d'hiver, Sergey Sobolev, un commandant de police locale, est en route vers l'hôpital où sa femme s’apprête à accoucher. Surexcité, il conduit trop vite et renverse un enfant qui meurt à la suite de l'accident. Le commandant a deux options : aller en prison ou cacher le crime. Sobolev décide alors de compromettre sa conscience et appelle un collègue pour l'aider. Mais l'affaire se complique…
La fiche du DVD
Le film
L’accident a beau être maquillé, les preuves dissimulées, et la mère de la jeune victime, réduite au silence, l’officier de police à des remords. Une conscience qui le tenaille, et que son entourage, légèrement mafieux, s’emploie à remettre dans l’ordre des choses. Celles qui conduisent leurs affaires.
En peu de temps, de mots et d’images Yuri Bykov pose les bases d’un dilemme qu’il va s’employer à résoudre, un peu comme la vie l’aurait voulu. L’interrogatoire ne se passe pas comme prévu. Naturellement, la femme se rebelle et menace. Son mari est tout aussi colère, selon une dramaturgie du film policier parfaitement élaborée. Classique. La suite l’est beaucoup moins pour le spectateur de plus en plus tendu sur ce thriller où les poings pleuvent en guise de signatures.
On a déjà là une intrigue, forte, toutes les données du problème et un environnement social étonnant .Le pouvoir de la police locale, les conditions de travail et d’accueil dans un commissariat,on ne voit pas ça tous les jours.La réalité mise à nue , un moment d’une grande et incroyable intensité, dans les regards, les échanges, les silences , pesant comme la mort qui rode depuis toujours dans ses couloirs insalubres et pourtant publics. Une police désorganisée, un commandement anarchique , un état de l’état soviétique ?
C’est le grand foutoir nous dit Bykov (les armes s’enraient, les soldats n’ont pas d’ordre) qui endosse lui-même l’uniforme de l’enquêteur de police, très copain avec le capitaine Sobolev responsable de la mort du garçonnet. L’amitié va-t-elle résister aux atermoiements d’un drame qui n’en finit plus de demander des comptes. Les attitudes varient mais la dérive est en marche et plus d’un innocent va s’y laisser prendre.
On ne peut rien contre le destin rappelle le cinéaste très attentif à ces petits détails de l’instinct qui vous chamboule une existence en moins que rien. Un monde fatal, un engrenage inéluctable quand une pièce de la machine vient à gripper. Si l’action ne manque pas à sa réflexion, Bykov est très présent sur le terrain de la psychologie, laissant à ses protagonistes le soin d’organiser leurs arguments.
S’il tire un peu sur la corde, enjolive le cadre de quelques herbes égarées au milieu de l’immensité neigeuse, il laisse sur le champ la trace d’une civilisation à peine remise des coups de poings de l’Histoire. Ceux qu’ils nous donnent peuvent encore réveiller quelques consciences.
Review Overview
Le film
En peu de temps, de mots et d’images Yuri Bykov pose les données d’un problème politique et social que l’Histoire se contente encore aujourd’hui de regarder avec une indifférence notable. A travers la vie d’un commissariat russe, il nous parle de l’état soviétique où les armes s’enraient, les soldats n’ont pas d’ordre.
La mort accidentelle d’un enfant par un officier de la police locale peut-il inverser le cours des choses ? Ou le conforter dans les certitudes d’un establishment qui ne tient sa légitimité que dans la violence.
Ici la réalité est mise à nue, moment d’une grande et incroyable intensité, dans les regards, les échanges, les silences, pesant comme la mort qui rode depuis toujours. Le réalisateur joue très bien le rôle du copain du flic responsable de la mort du garçonnet. Il s’appelle Denis Shevod et mérite lui aussi sa part du gâteau.
Avis bonus
Le dvd est livré avec une interview très complète du réalisateur
2 Commentaires
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