Synopsis: Dans un futur proche… Toute personne célibataire est arrêtée, transférée à l’Hôtel et a 45 jours pour trouver l’âme sœur. Passé ce délai, elle sera transformée en l'animal de son choix. Pour échapper à ce destin, un homme s'enfuit et rejoint dans les bois un groupe de résistants ; les Solitaires.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Vague scène de chasse en Bavière, turpitudes criminelles de Mastroianni dans « La dixième victime » d’Elio Petri, Yorgos Lanthimos survole le monde absurde et fantastique du Nemrod nouveau. Des gens plutôt coincés n’ont pas encore trouvé l’âme sœur. Ils doivent résoudre leur problème sous les 45 jours. Dans le cas contraire, ils deviendront animal et seront chassés.
Pour échapper à cette perspective, ils doivent éliminer leur prochain à l’aide de fusil hypodermique. Le lieu est un somptueux hôtel sur lequel règne en maître absolu (de la réception aux fêtes) un couple intraitable.
Garry Mountaine et Olivia Colman ne sont pas à prendre avec des pincettes. A la moindre incartade, la punition peut-être terrible. Le coup du grille-pain vous passera l’envie de plaisirs intimes et personnels. Le docteur ( Roger Ashton-Griffiths) n’est alors plus d’un grand secours.
David attaque malgré tout sa cure de célibataire avec plein de bonne volonté, feignant la froideur la plus excessive afin d’arriver à ses fins. Il fond sur ses proies sans état d’âme ce qui plaît énormément à une femme dont la réputation est elle aussi impitoyable. Angeliki Papoulia. Peut-être la femme de sa vie !
Le réalisateur nous ménage l’information avec la même rage communicative que ses pensionnaires. Ce monde est tellement loufoque, surréaliste, décalé et un brin gore, qu’il en devient drôle et amusant. J’aime beaucoup cette dérive de l’écriture qui tente envers et malgré tout de garder son semblant de sérieux.
La fusion réussie provoque un contenu euphorique, d’hilarantes contorsions, que se retient d’exprimer notre héros. Colin Farrel, y met du sien pour nous bringuebaler dans d’impossibles impasses où John C. Reilly se perd à son tour avec délice, un cheveu sur la langue.
Mais il faut bien dans cette boucherie de façade que les morts se recensent. Décompte glorieux des victimes au milieu desquelles, feignant de jouer le jeu, David prend le large après en avoir informé à sa façon son encombrante amoureuse.
Un autre film commence, transposant le même univers éthéré au cœur d’une forêt. Les solitaires échappés de l’Hôtel s’y sont regroupés. Rétifs au système concentrationnaire, ils le reproduisent quasiment à la règle près, symptôme régulateur d’un monde tout aussi hiérarchisé. Léa Seydoux, la chef de ces rebelles, n’est vraiment pas commode.
Une mise en scène aussi sophistiquée que son récit est incongru et une lignée de comédiens de haute noblesse. A ceux déjà cités, je rajoute Jessica Barden, qui n’arrête pas de saigner du nez, Rachel Weisz, une femme myope qui le deviendra encore plus pour un crime d’amour, et Ariane Labed, superbe, en femme de chambre bien intrigante. Comme quoi le réalisateur en a gardé dans l’objectif. En oubliant de le fermer à temps …
LES SUPPLEMENTS
- Entretien avec Yorgos Lanthimos (8 mn) ; « C’est notre expérience quotidienne, présentée d’une façon déformée, une situation ou un univers que nous poussons à l’extrême. Toute la folie de ce qui nous entoure et que nous considérons comme normal ».
Est-ce dans notre nature de craindre la solitude ? interroge le film selon son auteur qui voulait « introduire avec parcimonie le côté voyeurisme d’une émission de télé-réalité « The Hotel » que je regardais à la TV, pas de l’imiter ou le même traitement visuel, mais voir comment on filmait des vrais gens dans un vrai hôtel, j’en ai beaucoup tenu compte pour le placement de la caméra ».
- Rencontre avec Ariane Labed (8.29 mn) . La comédienne parle de son travail, du théâtre et de la danse dont elle vient (voir l’extrait « Attenberg » de Tsangari), et décortique sans exagération la manière d’appréhender « The lobster ». C’est très riche comme entretien
« Le cinéma peut tout se permettre, tout inventer, et je cherche des gens qui créent ainsi de nouvelles formes, c’est la raison pour laquelle je fais du cinéma. (…) Le cinéma peut intégrer toute forme d’expression il me semble, un art absolument libre, car encore très jeune ».
- « Necktie » (2 mn). Vraiment un court métrage, avec une seule phrase, mais définitive comme dialogue à l’issue d’un duel surprenant.
- « Making of » (5 mn). Les comédiens et le réalisateur se succèdent pour raconter la manière dont ils voient leur personnage, et le film dans sa finalité. Quelques petites scènes de tournage en prime.
- Littérature : » Les tourmentés » de Lucas Belvaux
Le film
Les bonus
Sur une très jolie palette de comédiens et comédiennes en verve, Yorgos Lanthimos décline nos obsessions secrètes de voir le monde tourner à l’envers de la bienséance.
Tout célibataire devra trouver l’âme sœur sous les 45 jours de son hébergement à l’Hôtel, sous peine d’être transformé en l’animal de son choix. Une chasse s’engage afin d’éliminer les concurrents. Ce monde est tellement loufoque, surréaliste et un brin gore, qu’il en devient drôle et amusant. J’aime beaucoup cette dérive de l’écriture d’un film qui tente envers et malgré tout de garder son semblant de sérieux.
Il est dommage que le réalisateur tire un peu trop à la ligne, embarqué dans un affolement qu’il ne contrôle plus très bien. L’art de la synthèse est encore au programme.
Avis bonus
Rien que pour la manière dont Ariane Labed parle de cinéma...
10 Commentaires
Pingback: [Critique dvd] the constant gardener
Pingback: [Critique dvd] eyes of war
Pingback: [Critique DVD] Une Arnaque Presque Parfaite
Pingback: "Le Procès du siècle" de Mick Jackson. Critique cinéma
Pingback: "La dixième victime" d'Elio Petri. Critique bluray
Pingback: "Les Proies" de Sofia Coppola. Critique cinéma
Pingback: "Les Proies" de Sofia Coppola. Critique cinéma-dvd
Pingback: « La Favorite » de Yórgos Lánthimos. Critique cinéma
Pingback: « La Favorite » de Yórgos Lánthimos. Critique cinéma-dvd
Pingback: « Les frères Sisters » de Jacques Audiard. Critique cinéma-bluray