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« The gambler » de Ignas Jonynas. critique cinéma

Synopsis: Vincentas, le meilleur employé du service des urgences n'a qu'une passion : les jeux de hasard. Pour rembourser l'argent qu'il perd constamment, il imagine un jeu illégal en lien avec sa profession. Seuls les employés sont entraînés dans ces paris macabres. Mais l'idée se propage comme un feu de forêt. Ses collègues deviennent bookmakers tandis que Vincentas prend le contrôle de son pactole. Alors que les rentrées financières augmentent, Ieva, la maîtresse de Vincentas commence à contester le jeu. Il lui faudra alors choisir : le jeu ou l'amou

La fiche du film

Le film : "The Gambler"
De : Ignas Jonynas
Avec : Vytautas Kaniu?onis, Oona Mekas
Sortie le : 31/12/2014
Distribution : ASC Distribution
Durée : 109 Minutes
Genre : Thriller, Drame
Type : Long-métrage
Le film

Le réalisateur, ancien employé hospitalier a imaginé ce film d’après certaines pratiques remarquées. Extrapolation, peut-être, mais le constat est accablant. Le synopsis, tout aussi direct : des infirmiers, médecins et salariés des services de secours parient sur l’état de santé de leurs patients. Je pense déjà au très bon film de Pablo Trapero  » Carancho » , où un agent d’assurance obtenait de jolies primes  sur les accidentés de la route. Une mise sur la vie comme une autre, un jeu dangereux…

Le jeu, Vincentas l’a dans la peau. Les épreuves de lévriers participent à son quotidien, mais ne suffisent plus à rembourser les dettes contractées sur les champs de courses. Alors, l’idée de mettre un prix sur la tête des malheureux qu’il vient de secourir fait rapidement le tour de son service, avec des collègues très entreprenants.

Bien souvent, la mort est l’enjeu de leurs paris. Ils se réjouissent alors de « la réussite » d’une crise cardiaque . Un AVC c’est 6 contre un, une tentative de suicide au-dessus d’une rivière, ça ne les intéresse pas trop… Il est étonnant comment Ignas Jonynas, pour son premier film, nous fait participer à cette loterie de la mort, inscrite dans un quotidien qui par ailleurs poursuit son petit bout de chemin, comme si de rien n’était. Personne dans l’administration ne semble se préoccuper du problème.

Mais dans la vie privée, notre héros peine à voir le jour. Grand sauveur de l’humanité (c’est le meilleur de son établissement), il n’arrive pas à se tirer de son propre pétrin. Des dettes à foison, un loyer impayé…

gambler

 C’est l’autre thème du film qui va se mêler à celui du looser : un seul et même bonhomme pour incarner ce mal qui ronge la société par les deux bouts. Vytautas Kaniušonis a la position adéquate pour mener de front ses dilemmes, au cœur d’une relation amoureuse particulière. Sa collègue de bureau(Oonas Mekas)  doit soigner son fils avec un  médicament qui n’existe pas en Lituanie. L’activité illégale de son amant l’écœure.

Où, quand, comment, on ne sait, mais ça risque d’exploser cette déchéance sociale filmée comme un polar qui se repasse le code secret, les documents compromettants .En l’occurrence, les fiches médicales des patients, histoire d’évaluer leur chance de survie. Jonynas a peut-être eu l’envie d’attiser le suspense, mais au filon policier il préfère le mélodrame.

On enterre un collègue sur lequel on avait parié...
On enterre un collègue sur lequel on avait parié…

Des séquences qui vont par un ralenti formel, decrescendo, dans l’esprit d’un Lars Von Trier et de Thomas Vinterberg (« Festen »).Après l’enterrement d’un collègue tous les copains se retrouvent chez la veuve. Ils avaient bien évidemment parié sur ses chances de survie…

Le jeune réalisateur n’y va pas avec le dos de la cuillère, mais  l’état de son pays n’engage semble-t-il pas d’autres alternatives. Ou le chacun pour soi prime sur le cas de conscience. Le jeu sur la raison. Sans concession, sa caméra défie toute morale jusqu’à l’ultime sentence, elle aussi empreinte d’une éthique douteuse. Une sorte de fin heureuse, à moitié partagée…

Le réalisateur, ancien employé hospitalier a imaginé ce film d’après certaines pratiques remarquées. Extrapolation, peut-être, mais le constat est accablant. Le synopsis, tout aussi direct : des infirmiers, médecins et salariés des services de secours parient sur l’état de santé de leurs patients. Je pense déjà au très bon film de Pablo Trapero " Carancho" , où un agent d'assurance obtenait de jolies primes  sur les accidentés de la route. Une mise sur la vie comme une autre, un jeu dangereux... Le jeu, Vincentas l’a dans la peau. Les épreuves de lévriers participent à son quotidien, mais ne suffisent plus à rembourser…

Review Overview

Le film

Un premier film plutôt pugnace, violent et culotté sur une petite entreprise de jeux de la mort, imaginée par des infirmiers et des médecins. Ça tient du délire, mais les fins de mois difficiles acculent les protagonistes à de tels excès qui deviennent vite des passions. Un engrenage inhumain au cœur d’un système appelé à sauver des vies. C’est pourtant sur une crise cardiaque, un AVC ou un suicidé que l’on va parier. Les cas de conscience ne sont pas légion, même quand l’un d’eux est concerné par un pronostic vital mal engagé. « Il y en aura toujours un qui sera quelqu’un pour l’un d’entre nous, si on fait le distinguo, le jeu s’arrête ».C’est une machine infernale qui va broyer plus d’un participant jusqu’à ce qu’une femme se décide à dénoncer le système. Elle va le payer chèrement …. Le réalisateur filme avec une détermination égale à celle de ces héros perdus dans un monde sans pitié. Au polar qui perce, il préfère le mélodrame social, où la violence est une seconde nature. Ca fait froid dans le dos, mais c’est du grand cinéma.

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