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« The Celluloid Closet » de Rob Epstein, Jeffrey Friedman. Critique dvd

Al Pacino dans " Cruising"

Synopsis: L'homosexualité vue à travers cent ans de cinéma hollywoodien. Pour les auteurs "The Celluloid Closet" montre comment notre attitude envers l'homosexualité et notre perception des rôles des deux sexes ont évolué au cours de ce siècle.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Coffret : The Celluloid Closet + Vito [Coffret Collector - 2 DVD]"
De : Rob Epstein, Jeffrey Friedman, Jeffrey Schwarz
Avec : Tom Hanks, Tony Curtis, Susan Sarandon, Whoopi Goldberg, Harvey Milk
Sortie le : 29 novemb 2014
Distribution : Outplay
Durée : 191 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 2
Le film
Le bonus

« Vous êtes juif, non je suis gay ». Si la remarque du film «  Next stop, Greenwich village » renforce  le propos de cet excellent documentaire, il rajoute à l’opprobre, une connotation raciste : l’homme (Antonio Fargas)  à qui s’adresse la dame s’appelle Bernstein et il est noir. La panoplie presque complète de l’individu à proscrire dans les scénarios.

Ces scénaristes, confrontés aux interdits des producteurs, et  des ligues de vertu  savent détourner l’attention. « C’étaient des tapettes, pas des gays, on avait une représentation subliminale des homos »  dit  Jay Presson Allen. L’écrivain Armistead Maupin est catégorique «  Hollywood a appris aux hétéros quoi penser des homos, et aux homos quoi penser d’eux-mêmes ».

«  Mais on se sent si transparente, si seule » semble lui répondre Whoopi Goolberg, «  alors bienvenue au club, celui de ceux qu’on ne montre pas ». Mais pour le scénariste Harvey Fierstein, «  nous attendons d’abord de l’art que ce soit un miroir de nos vies, de nous-mêmes, enfant j’avais envie de voir des images de gays, pour être effectivement moins seul ».

Un film expérimental d’Edison (deux hommes dansent sur la musique d’un violoniste ) ,  «  Charlot fait du cinéma » ( il embrasse une femme qui semble en réalité être un homme , et un gros monsieur immédiatement se moque ) : l’évocation homosexuelle fait  rire ( plusieurs extraits) , pitié ou peur . Une femme en homme, on ne se moque  pas, on la trouve sublime. L’inverse, c’est la tapette et on se gausse.

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Dans les années 30, Marlène Dietrich et «  Morocco » de Josef von Sternberg font un petit scandale, une scène de «  Tarzan et sa femme » est censurée, et le club des femmes se rebelle contre «  ces films condamnables ». L’église dénonce les orgies portées à l’écran et édicte ses propres règles de conduite au cinéma. Un code de bienséance qui rejoint la loi Hays. Elle permet de changer l’identité des personnages, des situations. Des meurtres d’homosexuels deviennent ainsi  des meurtres d’antisémites…

Mais la censure, aussi puissante soit-elle, ne peut rien contre l’imagination et le talent… Voyez les deux meurtriers dans «  La corde » de Hitchcock  par exemple, «  Rebecca » ou «  Le faucon maltais » de John Huston . Dans  le roman de Dashiel Hammett dont s’inspire John Huston il est indiqué «  cet homme est un pédé », mais au cinéma,  le parfum de Peter Lorre, du Gardénia… suggère simplement son orientation sexuelle.

Audrey Hepburn Shirley Maclaine "La_rumeur"
Audrey Hepburn Shirley Maclaine « La rumeur »

Les années 50, la virilité prime. Gore Vidal, scénariste de « Ben Hur »,  reconnaît que « l’on est devenu très fort pour suggérer ce que l’on ne pouvait pas montrer. Voyez Messala et Ben-Hur… » .Ce qu’il raconte est absolument passionnant, notamment sur la manière dont Heston ne doit pas être mis au courant de sa véritable personnalité. « C’était comme travailler à la Pravda, on devait écrire entre les lignes (…) il fallait jouer sur les regards ».

A la sortie de « La chatte sur un toit brûlant » le New York Times dénonce un film décadent, (« si vous aimez l’inceste, le viol… » ), mais le cinéma anglais aborde le thème de front avec « La victime » en 1961 : Dirk Bogard premier héros homo : courageux pour une telle star dans un film populaire.

 « Les garçons de la bande », le premier film homo heureux ? interrogent les deux auteurs Rob Epstein et Jeffrey Friedman  qui voient dans « Cabaret », le premier film qui fait de l’homosexualité une fête. Comme une reconnaissance bien tardive d’une situation qui s’inscrit peu à peu dans la banalité humaine

"Philadelphia" de Jonathan Demme
« Philadelphia » de Jonathan Demme

Le mot pédé est employé  à toutes les sauces, ça devient une insulte et sur le grand écran les exemples fleurissent  «  vas te faire mettre sale pédale ». «  On devient insensible au mot, conditionné à l’accepter » dit le scénariste Barry Sandler dont le film « Making Love » provoqua un malaise lors de sa sortie (deux hommes s’enlacent, roulent sur le lit …). «  Et quand ils s’embrassent, c’est la panique dans la salle, les gens sortaient ».

Plus l’homosexualité se montre, plus l’amitié virile devient suspecte («  Le sergent » 1968). Il faudra attendre « Cruising » en 1980 pour que Hollywood porte à l’écran le monde gay, à travers les bars cuir dans un polar sanglant. Et si « Philadelphia » passe aisément la barre des préjugés, Tom Hanks n’est pas dupe « mon personnage est sympathique, homosexuel, il a le  sida, mais il n’inspire pas de crainte, et c’est en partie car c’est le petit Hanks qui joue le rôle ».

« C’est super » dit effectivement la réalisatrice Jan Oxenberg, « mais ça ne prouve rien, l’histoire d’un héros gay qui meurt, c’est une figure tragique de plus. Reste à voir comment réagirait le public quand le héros gay ne meurt pas ». On n’en finira donc jamais, même si j’ai la vague impression qu’aujourd’hui beaucoup de tabous en la matière ont été levés.

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 Il suffit de revoir « Dallas Bayer club », «  Pride », «  Saint-Laurent » de Bonnello, «  Les garçons et Guillaume, à table« , «  80 jours »  pour ne citer que les plus récents. « Les prédateurs », « Midnight express », « Beignets de tomates vertes » «  The crying game », « Basic Instinct »   “My own private Idaho” seront passés par là

LES SUPPLEMENTS

  • Scènes coupées (54 mn). Clichés, premiers pas, lire entre les lignes, travestisme …Par petits chapitres on vous rapporte les commentaires (sans  extraits cette fois) qui n’apparaissent pas dans le montage final. Ca complète très bien tout ce que l’on a pu déjà entendre et voir dans le film d’Epstein et Friedman.

Deux petits exemples : pourquoi la reine Victoria n’a-t-elle jamais voulu appliquer la loi anti-homos aux femmes ? Si Hitchcock n’a jamais enfreint (ouvertement)  le code Hays, qui lui était insupportable, il était assez rusé pour le contourner…

  • « Vito » de Jeffrey Schwarz. Vito Russo, un des activistes gays les plus marquants de l’histoire américaine, fut  critique cinématographique, scénariste et militant de la première heure jusqu’à sa mort en 1990. New-yorkais né à East Harlem, il lutte très tôt contre l’homophobie. Très marqué par les émeutes de Stonewall, il devient militant des droits LGBT, et aborde la question gay par le biais de sa représentation au cinéma. Véritable archéologue de l’image, à une époque où les cassettes vidéo et les DVD n’existent pas, Vito Russo déniche des trésors qui donneront naissance à son livre « Celluloid Closet ».

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Figure  des seventies, animateur de talk-show, il devient célèbre, militant brillant et radical après l’apparition du sida. Il est l’un des cofondateurs d’Act Up, avant d’être lui aussi emporté par le sida en 1990.

Interviews inédite
Extraits de l’émission « OUR TIME » présentée par Vito Russo

Meilleur dvd Novembre 2014 « Vous êtes juif, non je suis gay ». Si la remarque du film «  Next stop, Greenwich village » renforce  le propos de cet excellent documentaire, il rajoute à l’opprobre, une connotation raciste : l’homme (Antonio Fargas)  à qui s’adresse la dame s’appelle Bernstein et il est noir. La panoplie presque complète de l’individu à proscrire dans les scénarios. Ces scénaristes, confrontés aux interdits des producteurs, et  des ligues de vertu  savent détourner l’attention. « C’étaient des tapettes, pas des gays, on avait une représentation subliminale des homos »  dit  Jay Presson Allen. L’écrivain Armistead Maupin est catégorique «  Hollywood a…

Review Overview

Le film
Le bonus

Vito Russo, un des activistes gays les plus marquants de l’histoire américaine, a écrit «  The Celluloid Closet » .Inspiré de ce livre culte ce film révèle tous les subterfuges auxquels les cinéastes d'Hollywood ont eu recours pour déjouer les pièges de la censure et parler de l'homosexualité. « Ben-Hur », « Philadelphia »,  « Rebecca », « Certains l'aiment chaud », « Basic Instinct », plus de 120 films sont ainsi passés au tamis, pour nous fournir anecdotes et révélations sur la face cachée d’un art qui connaît certaines difficultés à assumer l’entière liberté de sa fonction.  Les extraits, parfois un peu courts, sont toujours éloquents, doublés par la pertinence des commentaires des scénaristes confrontés à la censure. Une somme exemplaire  sur les sous-entendus, les allusions et les représentations de l’homosexualité au cinéma.

Avis bonus Près d'une heure de scènes coupées ...

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