LES SUPPLEMENTS
Pas de quoi raccrocher les gants, ils sont nombreux, diversifiés, documentés. Un plaisir de DVD qui prolonge très bien un excellent film.
- Rencontre avec Jim Sheridan. Le réalisateur parle du comportement de Daniel Day-Lewis à l’entraînement. « Il était obsédé par tous les détails » alors que il écarte d’emblée l’envie de se rapprocher de De Niro dans « Raging Bull » de Martin Scorsese. « On n’était pas en mesure de faire mieux au niveau de la technique et de la créativité. ( … ). La seule chose que j’ai apportée à Daniel c’est un peu de chaos ».
Il parle beaucoup de Chris Menges, le directeur de la photographie « un caméraman unique. Il a suivi de nombreux conflits et est plus développé que moi esthétiquement sur l’utilisation de la caméra. Je la posais à un endroit, je la retrouvais ailleurs ».
« J’essaie de capturer la vérité émotionnelle d’une histoire, d’une prestation, d’une pièce ou d’une situation et quand on éclaire ça, on se distancie de l’émotion . On adopte un regard détaché, et froid ».
Il parle aussi de la projection test à Anaheim en Californie dans l’antre Disney. Ça vaut le détour …
- « Amour, boxe et politique » par Philippe Guedj de Point Pop. Le critique rappelle que le film s’appuie sur la véritable histoire de Barry McGuigan qui fut champion du monde, poids plume. Il est consultant sur le film et coach de Daniel Day-Lewis. « Jim Sheridan choisit la boxe comme métaphore contre la violence. Ce sport a des règles , l’Ira tue aveuglément ».
« Au nom du père » était « un film de colère » dit-il. « The Boxer est celui de la concorde, Jim Sheridan se retourne contre les siens et leur demande de faire la paix ».
L’écriture a évolué tout au long du tournage en fonction de l’actualité. « Tony Blair est nommé 1er ministre alors que Sheridan est sur son plateau. Et Tony Blair interviendra vivement dans le conflit » …
- Scène commentée par Philippe Guedj. Il s’agit du 3ème combat de boxe, à Londres devant de riches personnes. « Ca s’apparente au jeu du cirque , mais l’issue de ce combat est éloquente. Là encore Sheridan envoie son message : déposez les armes ! ».
- « Inside the boxer » . Ce documentaire convoque toute l’équipe du film. Il y a notamment des extraits d’une interview commune Sheridan-Day-Lewis. Emily Watson raconte sa rencontre avec des femmes de prisonniers. « Elles ont été franches. (… ) . On ne choisit pas d’être femme de prisonnier ».
Daniel Day-Lewis explique son personnage « autour de quelqu’un qui a perdu l’aptitude à la parole ».
Barry McGuigan évoque son travail auprès du comédien-boxeur. « Il me disait je veux comprendre ce par quoi passe un boxeur, il est devenu boxeur de qualité, mais je lui disais qu’on pouvait en faire moins pour le film ».
- Scènes coupées La première qui ouvre le film est encore plus explicite sur les enjeux du retour du prisonnier dans son quartier avec une mise en parallèle plus insistante sur le mariage dans la prison et la suite à l’extérieur. En coupant certains plans, Jim Sheridan n’a rien perdu de l’intensité du prologue.
La seconde révèle totalement l’animosité qui se dégage autour de Danny, lors d’une soirée dans un pub où le patron de l’Ira rend hommage aux femmes de prisonniers. On avait déjà compris.
Maggy est ensuite l’objet de plusieurs petites séquences avant de retrouver une scène dans le train entre Maggy et Danny qui lui confie tout ce qu’il a sur le cœur. Notamment au sujet de Harry … Cette scène aurait pu figurer dans le film, à mon avis
A l’image d’un plan assez court où l’on voit Harry , le bras droit du patron de l’Ira et son épouse dans le lit . Elle lui dit « si on ne bouge pas, la guerre est finie ».
- Fin alternative . Surtout pas, celle du montage final se suffit à elle-même .
Le Film
Les bonus
Comme un complément à « Au nom du père » Jim Sheridan revient sur le conflit entre l’Irlande du Nord et l’Angleterre , en misant cette fois sur l’intimité d’un prisonnier qui à sa sortie se range des voitures. Il a fait 14 ans, revient dans son quartier où il n’est pas le bienvenu. Comme il n’a pas trahi, pas donné de noms, l’ambiance parait bizarre, mais pour le réalisateur son héros est le porte-parole de ce qu’il ressent lui-même en espérant une paix prochaine. Une mise en scène assez méthodique jointe à l’interprétation parfaite (Daniel Day-Lewis, Emily Watson, Brian Cox … ) donne au décor très réaliste la force d’un personnage à part entière. Témoin des violences quotidiennes de part et d’autre, et de l’amour impossible entre le boxeur et son ancienne fiancée. Comme du fil blanc sur une pelote de barbelé. L’amour au cœur de la mitraille. Un no man’s land sentimental où Jim Sheridan évite le piège de la romance . Il nous raconte un pays déboussolé où les habitants regardent autant le ciel que la rue, inquiet du ballet incessant des hélicoptères. C’est intense du début à la fin, un très grand film qui n’a rien perdu de sa vigueur, cinquante ans après les événements tragiques. AVIS BONUS Pas de quoi raccrocher les gants, ils sont nombreux, diversifiés, documentés. Un plaisir de DVD qui prolonge très bien un excellent film.