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« Tempête de sable » d’Elite Zexer. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Les festivités battent leur plein dans un petit village bédouin en Israël, à la frontière de la Jordanie : Suleiman, marié à Jalila, épouse sa deuxième femme. Jalila tente de ravaler l’humiliation, et découvre que sa fille aînée, Layla, a une relation avec un jeune homme de l’université. Un amour interdit qui pourrait jeter l’opprobre sur toute la famille. Elle va se battre. Mais Layla est prête à bouleverser les traditions ancestrales qui régissent le village, et à mettre à l'épreuve les convictions de chacun.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Tempête de sable"
De : Elite Zexer
Avec : Lamis Ammar, Ruba Blal, Hitham Omari, Khadija Al Akel, Jalal Masrwa
Sortie le : 06 juin 2017
Distribution : Pyramide Vidéo
Durée : 85 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Le bonus

Grand prix du Jury à Sundance.

6 Ophirs ( les César Israéliens ) 2016

Meilleur dvd Juin 2017 ( 3 ème )

Le cinéma « oriental » soigne ses cérémonies. Le mariage traditionnel est une figure de proue, scénaristique, une passerelle idéale pour révéler l’état des lieux d’un pays, d’une société. A la veille des préparatifs, au cours de l’élaboration des plats, et pendant le rituel, la caméra d’Elite Zexer furète à travers les maisonnées de la fête où ce n’est pas forcément la fête.

L’épouse légitime doit accueillir la seconde femme de son mari, plutôt volage semble-t-il, inconstant, c’est certain. Entre rigueur et libertinage, tradition et modernité, Suleiman n’arrive pas à poser les règles essentielles de l’éducation familiale. Nous sommes dans un petit village bédouin, comme retiré du monde. Mais les enfants fréquentent l’Université, les adultes se rendent dans la ville voisine.

Un pont entre deux rives sur lesquelles Layla dissimule sa liaison avec un garçon étranger à la tribu. La jeune fille a déjà dépassé les codes de bonne conduite que tradition et coutumes imposent à sa famille. Elle va maintenant les bousculer. Dans un processus d’identification majeure d’une cinéaste, adepte du trompe l’œil. C’est pourquoi sa théorie du regard demeure d’une grande importance dans cette mise en scène qui sublime les femmes, de la grand-mère à la petite fille. Dans leurs yeux, le pouvoir d’exprimer une autre vérité que la petite sœur de Layla s’empresse d’appliquer sans la moindre réserve. On ne la remarque pas trop, Layla fixe toutes les attentions, mais dans l’ombre, derrière les fenêtres ou aux basques de son père, la gamine est de toutes les scènes.

Elle voit tout, entend tout, mais ne dit jamais rien, de crainte de se projeter trop précipitamment dans ce que lui réserve un avenir marqué par ce même environnement machiste, déshumanisé, qui conduit peu à peu la grande sœur à rendre les armes. Une abdication cruelle et douloureuse, soumission au pouvoir patriarcal , sans véritables portes de sortie pour la gente féminine.

Cette culture qui s’effrite ne répond plus aux attentes, mais elle est sans issue semble penser la réalisatrice qui après une séquence pesante et symbolique (la traversée d’un tunnel) récupère magnifiquement son point de vue lors du final inoubliable. C’est encore un regard, un plan dans le plan, celui de la petite sœur, dont le modèle vient de flancher. Mais elle ne sourit plus.

LE SUPPLEMENT

  • Le making of (18 mn). Au milieu de quelques scènes de tournage et de répétitions, la réalisatrice Elite Zexer et son producteur expliquent rapidement le film et ses contours

« A l’origine ma mère avait été conviée il y a plusieurs années à filmer un village bédouin, elle était restée très liée avec des gens, et j’ai repris l’idée pour en faire un film ».

Le choix des comédiennes, et le point de vue de Ruba Blal (Jalila), la mère : « j’ai apporté la femme, la mère, la femme qui lutte, l’Arabe ». Pour le rôle de sa fille, la réalisatrice n’avait pas retenu Lamis Ammar, mais la directrice de castings la voyait tout à fait dans le rôle. « J’ai alors discuté pendant quatre heures avec Lamis au bout desquelles j’ai modifié le scénario pour elle, ça voulait dire qu’elle était la bonne personne ».

Lamis Ammar, la jeune héroïne du film avec sa réalisatrice

Une belle séquence autour du mariage est suivie d’une explication sur la manière d’écrire le scénario de l’hébreu au bédouin, et la façon de jouer avec les enfants sur le plateau.

La réalisatrice ? Selon les comédiennes, elle ne lâche jamais sa partie « mais tout le monde s’est rallié à son profond désir de raconter une histoire (…) et alors on a vécu dans une bulle d’amour ».

Comme tout l’argent investi (petit budget) était à l’écran, « on a improvisé la salle de montage dans la chambre d’Elite », dit le producteur, « les visionnages dans le salon… ». Après quoi la belle histoire pouvait se poursuivre :  50 mn de pré-montage présenté au festival de Locarno, un prix dans la foulée et le début d’un bouche à oreille de Berlin à Sundance. « On comprenait alors que cette histoire pouvait concerner le monde entier ».

Grand prix du Jury à Sundance. 6 Ophirs ( les César Israéliens ) 2016 Meilleur dvd Juin 2017 ( 3 ème ) Le cinéma « oriental » soigne ses cérémonies. Le mariage traditionnel est une figure de proue, scénaristique, une passerelle idéale pour révéler l'état des lieux d’un pays, d’une société. A la veille des préparatifs, au cours de l’élaboration des plats, et pendant le rituel, la caméra d'Elite Zexer furète à travers les maisonnées de la fête où ce n’est pas forcément la fête. L’épouse légitime doit accueillir la seconde femme de son mari, plutôt volage semble-t-il, inconstant, c’est certain. Entre…
Le film
Le bonus

Une réalisatrice israélienne avec des acteurs arabes s'exprimant en dialecte bédouin forgent obligatoirement un film à part. Et totalement abouti dans l’acceptation de ce regard qui en appelle bien d’autres à l’intérieur de ce village bédouin israélien qui s’apprêter à célébrer les secondes noces d’un de ses habitants. Au-delà de la frustration de la première femme, toute une revendication souterraine se met en place pour la gente féminine qui malgré quelques velléités n’arrive pas à s'émanciper. Un sort toujours peu enviable quand l’aînée de la famille tente une échappée solitaire qui lui sera fatale. Ce qu’observe silencieusement sa petite sœur, point d’ancrage d’une réalisatrice dont la force est la manière dont elle conduit les regards. Une mise en scène des regards sublimée par un final malheureusement guère engageant pour le sort de ces femmes. Les comédiens sont au diapason de cette belle œuvre cinématographique : Lamis Ammar, Ruba Blal, Hitham Omari...

Avis bonus Un making of éclairant

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