Synopsis: Au cœur du Swinging London de 1968, au croisement de la Beat Generation de Ginsberg, des Black Panthers et de la contre-culture pop, trois jeunes anglais, horrifiés par la photo d'un enfant vietnamien blessé, essaient de comprendre la spirale de la violence de la guerre du Viêt Nam et de surmonter leur sensation d'impuissance...
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Meilleur dvd Février 2014 ( 5 ème )
Aujourd’hui c’est l’Afrique, la Syrie, le Centrafrique… « Et si nous mettions fin à la guerre du Vietnam, quelle serait la prochaine ? » demande un activiste en réponse aux mouvements de protestation qui dans les années soixante mobilisent à travers le monde, des milliers de gens.
La question est cynique, mais lucide en regard de l’ambiance du moment que Peter Brook n’esquive absolument pas. Son documentaire, ni à charge ou à décharge, confronte les points de vue. Aux images des enfants carbonisés, il renvoie la peur viscérale du communisme. Face aux massacres de villageois, de sang froid, par centaines, un pilote d’hélicoptère sanitaire égrène le travail réalisé (constructions d’écoles, d’hôpitaux..).
« Nous estropions la nuit, nous construisons le jour » chante un comédien de la troupe de Peter Brook, qui participait l’année précédente à la pièce « Us » du même auteur, dont s’inspire ce film. Des images d’archives aux commentaires de l’époque, Peter Brook introduit une fiction « réelle », une réflexion menée par un couple militant contre la guerre, qui aussi s’interroge sur leur propre démarche.
Une réflexion sur les mouvements de masse, la foule, le fanatisme, et le sens à donner aux images … Plusieurs séquences montrent parfaitement l’enjeu du débat que l’ambassadeur US à Londres veut élever au niveau de la survie de la démocratie. Le fait même de contester cette guerre est à ses yeux un déni. Il y a aussi l’intrusion de notre héros au cœur d’une soirée mondaine, au cours de laquelle il discute avec des députés travaillistes. On y soupèse notamment la « valeur » de la guerre…
Sur le final, qui peut laisser un peu pantois (Peter Brook une fois encore n’assène aucune vérité et laisse le spectateur libre de son option), je retiens l’intermède consacré à Norman Morrison, un américain qui s’était immolé à New-York. Ce geste eut un réel retentissement à Hanoï qui depuis a baptisé une rue à son nom, gravé par ailleurs sur plusieurs stèles. Peter Brook a alors rencontré une communauté bouddhiste qui tente d’expliquer le sens d’un tel geste , qui lui paraît vain.
LES SUPPLEMENTS
- Entretien avec Peter Brook (30 mn). Il explique ce qu’il aime au cinéma (au début il le préférait au théâtre) et comment l’idée lui est venu de faire ce film, qui devait « éviter la captation de la pièce ». Il en explique la technique, dont les trois caméras qu’il contrôlait en simultanée.
« Il était inconcevable de faire partie d’une grand troupe de théâtre à Londres et d’ignorer la tragédie qui se passait au Vietnam. Alors qu’autour de nous, tout le monde fermait les yeux. »
Les parallèles ou non avec la pièce, la recherche d’une « structure libre, loin du film documentaire. (…) Et ce qui justifie cette pièce, ce film, le moment où l’on voit le visage de l’enfant, carbonisé, est une mise en cause de toutes les justifications qui puissent existées. Aujourd’hui on le voit bien, la saturation des images TV nous a un peu anesthésiés. »
- Entretien sur la restauration (19 mn). Gilles Duval (Fondation Groupama Gan) et Séverine Wemaere (Fondation Technicolor) expliquent avec beaucoup de plaisir qu’avant de restaurer le film, il a fallu le retrouver. Une belle histoire, avec toutes les péripéties (1968, le festival de Cannes qui l’accueil, n’aura pas lieu) … alors que Peter Brook découvre au fil de la recherche des deux français, plein d’infos sur son film, dont le prix décerné au festival de Venise. Il l’ignorait totalement …
Review Overview
Le film
Les bonus
Une fiction, comme un documentaire pour dire non à la guerre (ici celle du Vietnam) tout en laissant ses partisans s’exprimer le plus démocratiquement possible. Le résultat, assez étonnant prolonge la pièce que le même Peter Brook avait montée l’année précédente à Londres. En raison de la période (1968) le film eut bien du mal à être projeté.
Un DVD le remet au goût du jour, et surtout nous alerte que 45 ans plus tard, on trouve toujours des guerres à faire.
Avis Bonus
Un long entretien avec le réalisateur, et la rencontre des deux protagonistes à l'origine de la restauration , une histoire qu'il faut absolument entendre ...
3 Commentaires
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