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« Tel Aviv on Fire » de Sameh Zoabi. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Salam, 30 ans, vit à Jérusalem. Il est Palestinien et stagiaire sur le tournage de la série arabe à succès "Tel Aviv on Fire !" Tous les matins, il traverse le même check-point pour aller travailler à Ramallah.  Un jour, Salam se fait arrêter par un officier israélien Assi, fan de la série, et pour s’en sortir, il prétend en être le scénariste. Pris à son propre piège, Salam va se voir imposer par Assi un nouveau scénario.

La fiche du film

Le film : "Tel Aviv On Fire"
De : Sameh Zoabi
Avec : Kais Nashif, Lubna Azabal
Sortie le : 03/04/2019
Distribution : Haut et Court
Durée : 97 Minutes
Genre : Comédie
Type : Long-métrage
Le film
Les bonus

A quelques jours d’intervalle, un DVD (« Samouni road » de Stefano Savona) et un film « Tel Aviv on Fire » évoquaient le problème israélo-palestinien, de manière radicalement opposée. Au documentaire émouvant de Stefano Savona répond la comédie (la première du genre ?) de Sameh Zoabi, déjà remarqué avec son scénario pour «  Le chanteur de Gaza ».

A nouveau sur le script, mais derrière la caméra cette fois, le cinéaste palestinien accentue sa veine fantaisiste avec une histoire qui promettait bien du plaisir. Ou comment l’armée israélienne récupère l’histoire d’une série palestinienne à très grand succès pour retourner la fiction en sa faveur.

C’est au check-point de Ramallah que Salam (Kais Nashif), stagiaire sur le tournage, s’est fait coincer. Pour s’en sortir, il se prétend scénariste auprès de l’officier dont la famille tout entière ne jure que par la série.

Mais Assi (Yaniv Biton) ne goûte que très moyennement les valeurs du récit et propose d’y remettre un peu d’ordre.

Une occasion de redorer son blason auprès des siens et de valoriser les exploits de ses hommes, et les siens par la même occasion. Ses idées ne manquent pas, et Salam devra s’y conformer. Sous peine de perdre son passeport.

Ainsi tendu, le canevas est bien tentant et Zoabi s’en accommode gentiment pour rappeler l’insécurité quotidienne qui règne dans les territoires occupés. Sa préoccupation avant tout est de faire sourire et de réconcilier les deux camps qui sur le plateau du tournage trouvent matière à une entente cordiale. Voire amoureuse.

Pour la fiction, une espionne palestinienne (Lubna Azabal) tente de séduire un commandant israélien. Et dans la vie de Salam, les déclarations qu’il glisse dans les dialogues afin de reconquérir sa compagne qu’il a abandonnée il y a bien longtemps. «  A la mer morte, je préfère la méditerranée » lui dira-t-il alors…

Médecin, c’est sur la TV de l’hôpital que Mariam ( Maisa Abd Elhadi) entend les appels de l’homme qui l’avait éconduite…

Le militaire laisse faire, n’y voit rien d’important tant que son œuvre est respectée. Le héros n’est plus un combattant de la liberté, mais un terroriste. Voilà ce que concède l’accord tacite passé entre les deux hommes dont le travail réussit malgré tout à orienter les épisodes en préparation. Mais rien de révolutionnaire dans le contenu ou la visée de l’humour.

Le pitch, la parodie, et les clins d’œil aux feuilletons du genre ne conservent qu’un temps les premiers parfums. Sur un tel sujet j’imagine que l’on pouvait s’éclater un peu plus.

LES SUPPLEMENTS

  • Entretien avec le réalisateur « Le personnage d’abord, son parcours, la politique vient après ». Sameh Zoabi rappelle son itinéraire de cinéaste socio politique depuis «  Téléphone arabe ».

Comment interagir avec la société israélienne ? se demande-t-il « tout en étant dans un processus créatif. Il est important de réfléchir sur sa propre situation en Palestine, et la réalité politique qui l’entoure »

« L’humour libère les gens , la réalité est tragique, si je filme des gens qui font la queue pendant quatre heures à un poste pour aller travailler on va me dire que c’est de la propagande, ( au sujet de la scène où le héros dit à la femme militaire qui lui demande ses papiers ce qu’elle pense de l’expression « être une bombe pour une femme«  )

« L’humour permet de prendre une certaine distance ».

Une bien belle espionne, mais comment se prénomme-t-elle ?

Sameh Zoabi est visiblement très content de ce qu’il a fait et notamment son mixe progressif entre réalité et feuilleton , en opposant très logiquement l’un et l’autre. Son point de vue sur la situation politique dans son pays, bien qu’il vive à New-York maintenant. Je résume : « dire que l’on n’y peut rien y faire c’est accablant ».

  •  Frédéric Albert Levy, journaliste et auteur  (25 mn ) « L’un des meilleurs films comiques que j’ai vus depuis bien longtemps » , il explique pourquoi et comment, en se référant  aussi bien à Molinaro qu’à Molière

« Un conflit n’est intéressant que si les deux adversaires ont raison, la bible des scénaristes américains que le réalisateur applique ici et Pierre Corneille l’avait compris quelques siècles plus tôt ( Horace, Le Cid … ) »

Même à l’hôpital pour la patiente palestinienne, le feuilleton avant tout

Il analyse la psychologie des deux personnages principaux et les éléments réalistes du film ( le mur, le gamin sans papier, l’enlèvement … )

« De part et d’autre de la frontière aujourd’hui on regarde les mêmes chaînes, les mêmes séries, ce qui me rend un brin optimiste , si les politiciens n’ont pas évolué, l’art cinématographique a fait un grand pas »

  • Scènes coupées ( 2.56 mn ). Elles se réfèrent toutes les deux aux personnages du feuilleton que le héros est en train d’écrire. Elles sont très intéressantes
  1. Comment doit s’appeler l’espionne , Rachel ou Manal , et les raisons de son mariage que l’imam récuse
  2. Le général israélien ( joué par un palestinien ) demande que son personnage soit plus dur «  ma mère pleure plus devant la TV que quand j’étais dans les prisons israéliennes » dit-il au scénariste
    • Le conflit Israélo-Palestinien dans ce blog :

    « Mon fils » de Eran Riklis

    « Bethléem » de Yuval Adler

    « Room 514 » de Sharon Bar-Ziv

    « Les voisins de Dieu » de Meny Yaesh

    « L’attentat » de Ziad Doueiri

    « Alata » de Michael Mayer

    « Le policier » de Nadav Lapid

    « Une bouteille à la mer » de Thierry Binisti

    « Le cochon de Gaza » de Sylvain Estibal

    « Foxtrot » de Samuel Maoz

A quelques jours d’intervalle, un DVD (« Samouni road » de Stefano Savona) et un film « Tel Aviv on Fire » évoquaient le problème israélo-palestinien, de manière radicalement opposée. Au documentaire émouvant de Stefano Savona répond la comédie (la première du genre ?) de Sameh Zoabi, déjà remarqué avec son scénario pour «  Le chanteur de Gaza ». A nouveau sur le script, mais derrière la caméra cette fois, le cinéaste palestinien accentue sa veine fantaisiste avec une histoire qui promettait bien du plaisir. Ou comment l’armée israélienne récupère l’histoire d’une série palestinienne à très grand succès pour retourner la fiction en sa faveur. https://www.youtube.com/watch?v=6xjhaurtimY…
Le film
Les bonus

Au départ l’idée est séduisante. Afin de garder son passeport qui le fait circuler entre Jérusalem et Ramallah, Salam, stagiaire sur le tournage d’une série palestinienne à succès accepte de confier le scénario au responsable militaire du check-point. Celui-ci entend le réécrire à sa guise afin de mettre en valeur les exploits de l’armée israélienne. Une fois le premier trait lancé, on sourit un peu et puis le train-train des convenances entre les deux hommes alourdit l’humour que l’on attend assez vainement. C’est drôle, amusant, mais sans la tonicité attendue avec un tel projet. Sans excès sur une fantaisie qui semblait offrir beaucoup plus de possibilités.

AVIS BONUS Une rencontre intéressante avec le réalisateur, le point de vue tout aussi passionnant d'un journaliste et des scènes coupées , on ne s'ennuie pas

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Voir aussi

« Vingt Dieux » de Louise Courvoisier. Critique cinéma

Le Comté bon

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