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« Taxi Téhéran » de Jafar Panahi. Critique cinéma-dvd

Omid est tout fier d'avoir reconnu le cinéaste et de se faire conduire...

Synopsis: Installé au volant de son taxi, Jafar Panahi sillonne les rues animées de Téhéran. Au gré des passagers qui se succèdent et se confient à lui, le réalisateur dresse le portrait de la société iranienne entre rires et émotion..

La fiche du DVD

Le film : "Taxi teheran"
De : Jafar Panahi
Avec : Jafar Panahi, Nasrin Sotoudeh
Sortie le : 18/08/2015
Distribution : Memento Films
Durée : 82 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD : 1
Le film
Le bonus

Ours d’or au festival de Berlin.

Meilleur dvd Août 2015 ( 5 ème )

Ce soutien à sa résistance face au pouvoir iranien qui lui interdit de filmer, s’accompagne d’un triple accessit pour sa vista. Le cinéaste a posé trois caméras discrètes à l’intérieur de son taxi. Il sillonne les rues de Téhéran en quête d’un passager.

Ils ne vont pas manquer et très vite constituer un petit théâtre de la vie quotidienne. Paisible sous sa casquette de circonstance, le chauffeur d’occasion laisse le monde défiler dans son rétroviseur, saisissant les mots que les uns les autres lâchent, au hasard d’une querelle ou d’un accident de la circulation.

J’imagine très bien certaines scènes improvisées ( il parait que non), quand du banal surgit des questionnements inhérents à la société iranienne.

 Le monde politique hante l’habitacle sans jamais y trouver sa place. C’est le peuple qui l’interpelle, drôle, cocasse et pertinent, jusqu’à cette rencontre avec Omid un livreur de DVD. Petit trafic sous le manteau pour braver là encore les interdits de diffusion.

L’homme est plutôt marrant, mariole et joue le jeu de celui qui ne savait pas. Tout à l’honneur d’être conduit par un si grand cinéaste. Si bien que la compagnie impromptue d’une femme dont le mari vient d’être accidenté le perturbe .

Elle est maintenant au centre de la mise en scène, pleurant à qui mieux mieux sur son sort, et laissant son époux délivrer son testament .Omid filme la déclaration que l’intéressée s’empressera de réclamer.

Croyance et superstition font aussi parties du quotidien des femmes iranienne
Croyance et superstition font aussi parties du quotidien des femmes iranienne

Au-delà de l’insistance maladroite de la femme, tout un pan de la condition féminine se révèle à travers sa détresse. Veuve, elle se retrouverait purement et simplement à la rue. Jafar Panahi ne commente, ni n’oppose le vrai du faux . Ces parlottes de la vie quotidienne  façonnent toute sa raison d’être : le cinéma.

« Tout film mérite d’être vu » dit-il à l’apprenti-cinéaste qu’Omid ravitaille en DVD, avant de s’épancher sur les interrogations de sa nièce qu’il aborde à la sortie de l’école. La gamine a un tempérament de feu, et engueule copieusement son tonton pour son retard et la crasse de sa voiture. «  J’ai dit à mes copines que tu étais réalisateur, que vont-elles penser ? ».

Sur l’anecdote et le détail amusé, Jafar Panahi esquisse un portrait savamment détaillé.

La nièce prépare un court métrage pour son école. Mais que peut-elle filmer ?
La nièce prépare un court métrage pour son école. Mais que peut-elle filmer ?

De son cours à l’école, l’enfant n’a pas tout compris sur ce qui peut être dit ou pas, ce que l’on doit filmer ou cacher. Ca parait anodin, puéril, mais le réalisateur ne fait que reprendre des faits avérés par son propre système. Et quand elle lui demande quel sujet de court-métrage elle pourrait ramener, le tonton sourit pour lui montrer que tout est là, tout est partout.

Démonstration éclatante d’un film qui puise au cœur même de la vie et de la ville, l’essentiel d’une vérité qui court les rues. L’avocate qu’il accueille maintenant, des roses plein les bras, en sait quelque chose, elle qui ne cesse de militer pour les incarcérations arbitraires. Pour une iranienne qui voulait voir un match de volley par exemple. «  Ils font de ta vie une prison » lui dit-elle «  il te reste à fuir le pays ». C’est dans le film, c’est dans leur vie.

  • Remise de l’Ours d’or. Interdit de quitter le territoire, le réalisateur est représenté par sa famille et notamment par la petite fille du film ( la nièce )  Hanna qui va recevoir le trophée . C’est très court, mais l’émotion est à son comble.
Ours d’or au festival de Berlin. Meilleur dvd Août 2015 ( 5 ème ) Ce soutien à sa résistance face au pouvoir iranien qui lui interdit de filmer, s’accompagne d’un triple accessit pour sa vista. Le cinéaste a posé trois caméras discrètes à l’intérieur de son taxi. Il sillonne les rues de Téhéran en quête d’un passager. Ils ne vont pas manquer et très vite constituer un petit théâtre de la vie quotidienne. Paisible sous sa casquette de circonstance, le chauffeur d’occasion laisse le monde défiler dans son rétroviseur, saisissant les mots que les uns les autres lâchent, au hasard…

Review Overview

Le film
Le bonus

Pour parler de cinéma et de la vie que mènent ses concitoyens, au jour le jour, dans les rues de Téhéran, Jafar Panahi est devenu chauffeur de taxi, incognito. Interdit de filmer pendant vingt ans, il use du subterfuge pour raconter plus que dénoncer l’état d’une société qui malgré tout résiste aux interdits. C’est drôle, cocasse, émouvant, surtout que le cinéaste ne prend jamais un commentaire à son profit. Il laisse les trois caméras, discrètes, tourner dans l’habitacle où défile le petit théâtre de la vie. Avant d’embarquer avec sa nièce, à la sortie de l’école pour un voyage cinématographique où l’homme de l’art interroge son pays et sa pratique. C’est fait avec finesse et humilité, par l’entremise d’une enfant qui n’a pas la langue dans sa poche. L’Iran de demain ?

Avis bonus La remise de l'Ours d'or à Berlin

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8 Commentaires

  1. Courez voir ce film,ne serait-ce que pour soutenir Panahi.
    Toutes les absurdités de la vie quotidienne et plus, défilent au gré du caractère des clients montant dans le taxi.
    Film-docu tout en finesse et qui fait mal quelque part…

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