Synopsis: La Suburra, quartier malfamé de Rome, est le théâtre d’un ambitieux projet immobilier. L’Etat, le Vatican et la Mafia sont impliqués. En sept jours, la mécanique va s’enrayer : la Suburra va sombrer, puis renaître.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le bonus
Un homme sort de prison. Vingt ans pour association de malfaiteurs. Il trouve que les choses ont bien changé, comme l’architecture par exemple, ou le standing de ses anciens amis. Il veut récupérer son dû, ce dont il n’a pas profité pendant toutes ces années où il s’est tu. Il aura le malheur de traverser en dehors des passages cloutés…
Il y a des choses qui ne se font pas et surtout qui ne se disent pas. La mafia est méfiante, le parrain veille au grain. Il mène depuis quelques temps des tractations afin que sur les plages d’Ostie, pas très loin de Rome, un ensemble immobilier puisse voir le jour. Quelque chose d’énorme qui pour l’heure butte sur la loi littorale qui interdit ce genre de construction.
Un député dans la manche pour la faire évoluer, le Vatican pour débloquer les fonds nécessaires, les affaires se trament. Mais un petit caillou parfois provoque des avalanches et le parrain n’y peut rien. Les petits chefs du quartier de la Suburra vont plus vite, plus loin que leurs aînés. Ca dérape alors méchamment, violemment comme une guerre des gangs qui dormait sous le boisseau.
lle se réveille et Stefano Sollima qui depuis les origines demeurait aux aguets filme lui aussi dans l’urgence. Son montage, sec, nerveux, radical, pose les bases d’une réalisation qui pendant plus de deux heures ne vous lâche quasiment jamais. S’il tire parfois sur la corde du réalisme, il demeure très lucide sur les enjeux du conflit. Entre l’ombre, les magouilles et les règlements de compte, la confrontation érige un système que le cinéma américain avait exalté dans de grands films de gangsters.
Mais là nous sommes en Italie, au début d’un siècle qui commence comme s’était achevé l’ancien. Dans Rome la nuit, avec des éclairages superbes, magnifiquement filmée. Quand la pluie s’en mêle (il pleut beaucoup dans « Suburra ») c’est encore plus grandiose, Sollima accentuant le clapotis sur le goudron d’une petite musique inquiétante.
C’est quasiment de la poésie jusqu’à ce que du sang se mêle au ruissellement. Et que l’affrontement se poursuit dans un supermarché dans un moment de vérité hallucinante.
Les seconds couteaux sont à l’œuvre, mais pour le réalisateur ce sont des personnages de premiers plans qu’Alessandro Borghi illustre un poil au-dessus de la raison. Un seul coup d’œil de Numéro 8, son surnom, et vous détalez illico-presto.
Pierfrancesco Favino, coutumier de ce genre d’ambiance, joue le politicien véreux avec l’aplomb nécessaire pour nous embarquer dans cette triste débauche du pouvoir perverti. Le parrain interprété tout aussi bien par Claudio Amendola en est quasiment la figure tutélaire.
Une vision pessimiste de l’Italie, sans Berlusconi, même si les fêtes qui se déroulent dans une certaine villa ne sont pas sans rappeler les frasques de ce monsieur. Politiciens, malfrats, et prélats s’y retrouvent et refont le monde. Leur monde. Triste perspective …
LE SUPPLEMENT
- Dans les coulisses du film . On y voit pas vraiment grand-chose (les scènes de tournage sont rapides et minimales) mais les protagonistes du film sont très bavards pour raconter comment l’affaire a pu se faire autour d’un réalisateur dont on dit le plus grand bien. Avec même parfois des surprises
« Il demande très souvent de faire ce qu’il a dit de ne pas faire » dit un comédien, relayé par un technicien. « Il ne veut pas intégrer d’effets visuels, il préfère le réalisme ».
« C’est un cinéma de genre » confirme Alessandro Borghi « où rien n’est inventé, les faits sont réels ». L’intéressé affirme qu’il ne voit pas les scènes d’actions « comme telles, ce sont avant tout des scènes avec des personnages, dans un contexte différent ».
On arrive ensuite à la partie technique et aquatique puisque l’eau est très importante dans un film qui à 90 % se passe la nuit, dont 70 % sous la pluie. « Elle crée une atmosphère pesante, lourde et oppressante » poursuit Stefano Sollima « mais pour ça, pour bien la voir, il faut qu’elle soit parfaitement éclairée », démonstration à l’appui. « Le résultat est génial, mais ca a été pénible et fatigant ».
Le film
Le bonus
Dans l’esprit des films de gangsters américains luttant pour leur territoire et leur petit commerce mafieux, Stefano Sollima propose une version italienne acérée, et radicale sur le comportement des hommes, les compromissions politiques et religieuses, et leurs conséquences criminelles. C’est filmé sans trop de ménagement, et le montage se heurte également à une transcription classique d’événements réels et hallucinants. Mais Sollima qui connaît bien son sujet le rapporte de manière à provoquer à la fois le spectateur et les protagonistes d’une débauche généralisée en conflits ouverts. Le casting correspond bien à l’état d’esprit d’un film qui la nuit se perd avec poésie dans une Rome de toutes les couleurs. Là encore le cinéaste fait œuvre de réalisme.
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