Synopsis: Suite à un attentat perpétré contre le Président de la République, une élection présidentielle anticipée est organisée. Dans les coulisses de cette élection sous haute tension, s’engage un combat fratricide entre deux conseillers en communication qui se réclament chacun de l’héritage politique du président disparu…
La fiche du Disque
Le film
Cette nouvelle série française,sur le fond, ne révolutionne pas le genre.Elle demeure attachante par la forme d’un scénario à la trame plutôt originale : pour s’immiscer dans les arcanes de la politique, on s’attache cette fois pleinement aux hommes de l’ombre, ceux de la communication, qui font et défont les présidents.
Le piment : d’anciens collaborateurs, aujourd’hui concurrents , à la vie à la mort. Un décalque presque parfait du monde qu’ils sont sensé animer. Sur l’écriture de Dan Franck , le réalisateur joue de cette opposition pour mener à bien le petit bal des prétendants à la fonction suprême. Mais avant de remplacer le président décédé,il serait peut-être intéressant d’élucider les tenants et les aboutissants d’un attentat bien mystérieux.
Nathalie Baye talentueuse est tout à fait dans la peau de son personnage de future candidate face à des adversaires sans pitié. Petits phrases et grands coups, la fiction colle à la réalité , sans la dévoyer.
Bruno Wolkowitch et Grégory Fitoussi , les deux compères de la com’ ont peiné au démarrage. Après la machine s’est mise en route . Les voici en accord avec la prestation de Philippe Magnan.Dans le rôle du premier ministre aux dents longues ( rien à voir avec Fillon ! ), il est tout à fait convaincant. Pour la petite histoire, son ministre de l’intérieur s’appelle Patrick Harivel, un excellent comédien qui j’espère aura dans les épisodes à venir un peu plus d’espace .
- Chapitres 3 et 4. La série a pris toute la mesure d’un excellent scénario, qui nous offre un thriller-politique rondement mené. Peu d’instants pour reprendre son souffle, entre les peaux de bananes et les entourloupes des uns et des autres. Les situations sont très crédibles, les interprètes, aux mieux de leur forme, avec une mention particulière à Valérie Karsenti, la journaliste sur la piste du témoin de l’attentat du président.
Elle est aussi l’ex du conseiller en communication de la candidate Nathalie Baye. Ce qui n’arrange pas forcément les affaires de tout le monde. Mais pour le suspense, c’est une merveille et Nathalie de plus en plus crédible dans son personnage, me ravit.
- Chapitre 5 et 6. Pour notre candidate, le résultat est acquis sans la manière. Comme pressé d’en finir, on a ramassé toutes les données des différentes intrigues, pour aller jusqu’au générique de fin, sans véritablement les utiliser. Je pense à la fameuse lettre écrite par l’assassin du président ou aux écoutes chez le candidat de l’opposition.
Il y avait là matière à plus de suspense ou de rebondissements. Ce qui fut fait dans les chapitre précédents, a cette fois été bâclé. Peut-être un manque de moyen, côté production. Avec un ou deux chapitres supplémentaires, le réalisateur aurait pu mener sa barque à bon port. Au début, c’était vraiment palpitant…
- Mais encore. Cette fiction est une véritable série à suspense avec un mensonge d’Etat en toile de fond. Nathalie Baye incarne une femme politique propulsée candidate à des élections présidentielles anticipées. Le film a pris de nombreux décors en Touraine. La scène de l’attentat contre le président se déroule dans l’ancienne imprimerie Mame, très célèbre pour ses éditions de la Bible sur papier vélin.
Mais le plus extraordinaire , ce sont les scènes de meetings – censées se dérouler à Perpignan, Lyon et Auxerre – tournées dans la ville de Tours. Les salles du centre de congrès Vinci étant particulièrement sollicitées.
Un ratage à la française, comme – presque – toujours dans les productions hexagonales. Rien n’est crédible (quel journal, en France, titrera « Elle était la maîtresse du président » ?), tout est tiré à la ligne (traduction : ça traîne un max !), rien n’est approfondi (on parle de quoi ? Des spin-doctors, d’une candidate idéale, des roueries du pouvoir ?).
Pourtant il y avait tout pour réussir : un sujet rarement traité, des comédiens de qualité, des moyens… Non, raté vous dis-je…
La référence, même un peu répétitive et sans grand intérêt dramatique, « The West Wing », avait au moins comme qualité d’être d’un réalisme tel que l’on se demande aujourd’hui, en regardant un reportage sur les élections américaines, s’il n’est pas tiré de la série ! Et si l’on va se balader sur Arte pour regarder « Borgen », on comprend que l’on n’a pas besoin de gros moyens pour réaliser un excellent boulot sur le même sujet. Vive le Danemark !