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Dirk Bogarde

Rares sont les acteurs capables d’exercer une trouble fascination qui séduit autant qu’elle irrite. À l’évidence, Dirk Bogarde en est l’un des plus flamboyants spécimens. L’un des rôles le plus marquants de sa carrière, celui d’un domestique pervers et machiavélique dans « The Servant » est symptomatique. Par ailleurs, chef-d’œuvre de Joseph Losey.

De son vrai nom Derek Jules Gaspard Ulric Niven Van den Bogaerde, ce fils d’un critique d’art hollandais et d’une actrice anglaise revient de la guerre traumatisé, après avoir été l’un des premiers à découvrir le camp de concentration de Bergen-Belsen.
Doté d’un physique avenant qui lui vaut le surnom de « Rock Hudson britannique », il décroche rapidement des rôles, mais le véritable succès ne vient qu’en 1954 avec « Toubib or not toubib ».

Courtisé par Hollywood, Dirk Bogarde y tourne « Le Bal des adieux » dans lequel il incarne le compositeur Franz Liszt sous la direction de Charles Vidor qui meurt en cours de tournage. George Cukor le remplace au pied levé. Heureux de ce rôle artistiquement plus gratifiant, il déchante vite quand le film est boudé par le public. Mais cette expérience marque le début d’une mutation irréversible qui le pousse à délaisser son statut de star populaire pour rechercher des emplois plus ambitieux.

 » La victime » avec Sylvia Syms

Ce sera « La Victime » où il interprète un avocat gay dont l’amant est assassiné. Dans une Angleterre où l’homosexualité est encore considérée comme un délit, le film crée le scandale. Bogarde, y perd son image de gendre idéal pour voir peser sur lui des soupçons renforcés par le mystère qui entoure sa vie privée. De fait, même s’il s’en défend, il vit depuis plusieurs années avec son manager qui restera son compagnon jusqu’au bout.

De quoi ajouter à l’image trouble qu’il montre désormais à l’écran, notamment avec « The Servant » où s’épanouissent tous les ressorts de son jeu particulier, tout en flegme et en distinction mais avec une part d’ombre dérangeante, à l’image des regards qu’il aime jeter à la caméra.
Dans « Mort à Venise » de Luchino Visconti, il est un quinquagénaire homosexuel qui pourrait faire office de coming out s’il ne continuait à rester farouchement discret sur sa vie privée. Après ce point d’orgue de sa carrière, il tournera d’autres films marquants, mais quitte progressivement le cinéma pour se consacrer avec bonheur à la littérature.

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« Les Carnets de Siegfried » de Terence Davies . Critique dvd

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