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« Sorry, we missed you » de Ken Loach. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Ricky, Abby et leurs deux enfants vivent à Newcastle. Abby travaille avec dévouement pour des personnes âgées à domicile, Ricky enchaîne les jobs mal payés :  jamais ils ne pourront devenir indépendants ni propriétaires de leur maison. C’est maintenant ou jamais ! Abby vend sa voiture pour que Ricky puisse acheter une camionnette afin de devenir chauffeur-livreur à son compte.

La fiche du film

Le film : "Sorry We Missed You"
De : Ken Loach
Avec : Kris Hitchen, Debbie Honeywood
Sortie le : 23/10/2019
Distribution : Le Pacte
Durée : 100 Minutes
Genre : Drame
Type : Long-métrage
Le film
Les bonus

Meilleur dvd Février 2020 ( 4 ème )

Ken Loach made in France, est-ce possible ? Qui dans l’hexagone pour rapporter autant de rage, de force et de conviction sur la pourriture d’un système social inique et inhumain ? On le résume en parlant d’ubérisation, mais le cinéaste élève le débat au niveau d’une société totalement gangrenée par le fric, le profit, le rendement.

On retrouve là un peu la famille Williams de « Raining Stones », du même Ken Loach, trente ans plus tard, quand la robotique s’est substituée aux agents comptables.

Dans son établissement de transports, Ricky (Kris Hitchen) jongle avec les horaires à rallonge, les clients mauvais coucheurs, un patron inflexible et même au-delà. Il va sans doute se reconnaître, le salopard, Ken Loach ayant creusé à la source l’origine de ce film dont on ressort totalement bouleversé.

Mais bon dieu qu’est-ce qu’ils-t-ont fait pour vivre une vie de galérien qui n’en finit pas ?

D’un endettement contracté après la faillite de leur banque, à l’enlisement progressif d’une situation devenue inextricable, la famille Turner demeure encore soudée, malgré les écarts adolescents du fils aîné. Seb ( Rhuys Stone prend à témoin le premier bilan d’une vie sans espoir. Il ne veut pas de cette vie-là !

La mère, (Debbie Honeywood ), debout au petit matin ( aide à domicile ) , jamais couchée la première, tente de maintenir l’embarcation à flots.

Mais part à la dérive quand ses hommes s’affrontent devant la petite dernière,Liza Jane (Katie Proctor), déboussolée par cette famille qui part en vrille.

Vagues à l’âme, colères, misères à répétition, il n’y a rien d’humain dans tout ça, sinon ce carrousel désenchanté qui tourne à vide par manque d’humanité.

C’est encore le coup d’œil de Ken Loach au service des Urgences d’un hôpital où Ricky attend des plombes après une agression.

Au milieu de ce marasme qui n’en voit pas la fin, on aimerait simplement un p’tit coin de ciel bleu pour cette famille pas modèle du tout. Mais tellement vraie, multiple et sans frontière. Ken Loach la franchit avec grandeur et intelligence.

LES SUPPLEMENTS

  • Making of (5.10 mn ) . Même si les rencontres se font sur le plateau de tournage, ce sont surtout des commentaires.

Ken Loach au milieu de son équipe rappelle les grands principes de son film, et le thème principal : la précarité des emplois « Ce n’est pas un film sur les conditions de travail, mais sur la manière dont le travail a évolué ».

  •  Entretien avec Ken Loach ( 18.40 mn ) par Victor Lamoussière. Le réalisateur remercie d’avoir acheté le dvd, ce qui est rare dans ce genre de rencontre.

«  Le monde dans lequel nous vivons est de notre responsabilité. (… ) Il faut canaliser notre mécontentement et nos sentiments de façon constructive ». Il évoque sa longue collaboration avec Paul Laverty son scénariste, Carla’s song ( les erreurs ) . «  Les bouleversements du monde du travail nous en parlons depuis vingt ans … »

Le processus d’écriture …

Un cinéma politique et engagé …(le viol des droits fondamentaux des travailleurs).

 

La direction d’acteurs ? «  Nous voyons des gens qui dans la vie exercent le métier dont on veut parler, ils n’ont jamais joué , je tiens à ce qu’ils viennent de la région où l’on filme. (… ) S’ils se sentent en confiance , il s’autoriseront à se montrer vulnérables , et il le faut pour qu’on puisse voir leur âme »

Intéressant la façon dont il raconte comment travaille avec la caméra en interaction avec la lumière naturelle.

Comme pour la musique qu’il veut utiliser parcimonieusement. Et là encore, depuis «  Lady’s bird » un compositeur attitré : George Fenton.

Meilleur dvd Février 2020 ( 4 ème ) Ken Loach made in France, est-ce possible ? Qui dans l’hexagone pour rapporter autant de rage, de force et de conviction sur la pourriture d’un système social inique et inhumain ? On le résume en parlant d’ubérisation, mais le cinéaste élève le débat au niveau d’une société totalement gangrenée par le fric, le profit, le rendement. On retrouve là un peu la famille Williams de « Raining Stones », du même Ken Loach, trente ans plus tard, quand la robotique s’est substituée aux agents comptables. Dans son établissement de transports, Ricky (Kris Hitchen) jongle avec les…
Le film
Les bonus

Ken Loach n’a pas attendu trois années avant de revenir devant le parti conservateur britannique pour lui montrer comment depuis «  Moi Daniel Blake » son pays avait évolué. Il est vrai que l’on ne parlait pas encore vraiment d’ubérisation, mais le phénomène accentué quasiment à tous les pans de la vie économique est un rouleau compresseur . Les premières victimes sont les hommes et les femmes que cette fois le cinéaste britannique ciblent au cœur même de leur raison d’être : la famille. De là il développe de manière très sensible, mais sans aucune indulgence pour le système anglais les dégâts sociaux et humains provoqués par la visée libérale du parti conservateur. Vagues à l’âme, colères, misères à répétition, il n’y a rien d’humain dans tout ça, sinon ce carrousel désenchanté qui tourne à vide par manque d’humanité. On aimerait simplement au milieu de ce marasme qui n’en voit pas la fin, rien qu’un petit coin de ciel bleu pour cette famille pas modèle du tout. Mais tellement vraie, multiple et sans frontière. Ken Loach la franchit avec grandeur et intelligence.

AVIS BONUS Un petit making of et beaucoup de commentaires de la part de l'équipe , avec en prime Ken Loach, of course !

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