Synopsis: Soixante-quinze ans après sa disparition Benito Mussolini revient avec la même ambition : reconquérir le peuple italien. Mais comment y parvenir dans ce monde moderne ? Le monde a changé, mais les Italiens ?
La fiche du film
Le film
Dans le genre des films peu ordinaires, celui-ci est extra-ordinaire. Mussolini de retour au pays, il faut l’imaginer.
Soixante-quinze ans après sa mort, l’ancien dictateur ressuscite dans un jardin au cœur de Rome, complètement abruti. Il ne comprend rien à ce qui l’entoure ( normal ! ) et ses premières paroles amusent les citadins qui s’imaginent un comédien échappé d’un tournage.
Le doute sur l’identité du personnage est possible. Massimo Popolizio est plus que ressemblant à la stature de l’imperator d’autrefois et sa faconde entraîne quelques quiproquos et rigolades auprès des romains et … des spectateurs.
Toute l’ambiguïté du sujet.
Au début, on sourit aussi beaucoup de ces contre-temps de l’Histoire rapportés par un bouffon dont la TV s’empare très rapidement. Et puis le discours s’installe, notre homme redécouvre son pays et ses ouailles, sous l’œil bienveillant d’Andrea ( Franck Matano ), un réalisateur de documentaire en mal de sujet.
Il est redevenu le Duce, qui va remettre tous ce petit monde dans le droit chemin.
Micro-trottoir et reportage sur le vif, l’information rapporte la pseudo pensée du peuple sur son Italie d’aujourd’hui. Démagogie à fond, chamboule-tout politique, la télé-réalité prend le relais et Mussolini retrouvé, devient une tête d’affiche incontournable.
Un système rapidement laminé par la caméra de Luca Miniero peu suspect de nostalgie à l’égard de sa mise en scène. Mais le bon peuple a dépassé le stade de la théorie, encore plus de la réflexion , il lui faut du pain et des jeux.
L’homme a beau être une silhouette à leurs yeux, il n’en crache pas moins son discours de haine et de rejet que les chaînes relaient avec délectation. Andréa est aussi passé dans le camp de la fascination et c’est sans le moindre recul qu’il filme les airs fascistes entonnés par les équipes de TV saluant le résultat de leurs audiences.
L’amalgame est frisante quand le réalisateur met définitivement les choses au point . La scène magnifique d’une vieille dame ( Ariella Reggio) souffrant de la maladie d’Alzheimer. Mais à la vue de ce pantin qu’elle nomme crapule, elle n’a plus aucun doute. Pourquoi Miniero ne s’arrête-t-il pas à cet instant d’Histoire gravée dans le regard et la vapeur des trains ?
Ce qui suit n’apporte quasiment rien de plus à cette volée d’oiseaux de mauvaise augure. Le réalisateur les chasse encore, et le le cœur d’Andrea flanche enfin, un tout petit peu. A-t-il compris , mais trop tard ?
Le film
Je ne pense pas que tous les italiens apprécient le retour de Mussolini dans cette fiction grinçante qui les ramène à une actualité évidente de nos jours, dont l’écho troublant peut résonner jusqu’au-delà des frontières . Si le bouffon est pris comme tel à l’origine, l’intéressé lui revient pour terminer le travail qu’il n’a pu accomplir à la fin de la seconde guerre mondiale. Un réalisateur en mal de documentaires le prend sous son aile et le voici à travers le pays, à l’écoute de son peuple auprès de qui il distille tranquillement ses idées fascistes. La TV n’est pas en reste loin de là , et le système de la télé-réalité se prête tout à fait à cette comédie qui peu à peu n’en est plus une du tout. Massimo Popolizio est incroyable dans ce personnage inquiétant à plus d’un titre quand le réalisateur réussit à nous entraîner lui aussi dans ce carnaval des illusions où les relents malfaisants pourrissent encore notre quotidien.