Synopsis: Bucarest. Lary - 40 ans, docteur en médecine - va passer son samedi au sein de la famille réunie à l'occasion de la commémoration de la mort du père. L'évènement ne se déroule pas comme prévu. Les débats sont vifs, les avis divergent.
La fiche du film
Le film
Resnais en aurait fait un « Smoking/No Smoking ». Deux versions continues d’un même récit sur le temps qui passe et les gens qui s’arrêtent. Regards alternatifs, puissance émotionnelle. Ce qui transpire dans le film de Cristi Puiu gourmand d’images et d’histoires passionnées.
Trop gourmand peut-être pour digérer trois heures d’application scénique dans le huis clos d’un modeste appartement de Bucarest .La tribu Mirica salue la mémoire du chef de famille mort il y a peu. Une commémoration conforme à la tradition couronnée par la bénédiction du prêtre qui n’est pas encore là.
En attendant, oncles, tantes, cousins et frangins échangent des amabilités et quelques vacheries. Une cacophonie familiale proche des grands airs de la désunion et des règlements de compte. Dans l’air de cette Roumanie que Puiu exècre à l’image du reste de l’Europe. Hanté par la théorie du complot, l’infidélité des époux, l’avenir pitoyable d’une jeunesse qui boit beaucoup et peut-être même se drogue, le cinéaste n’en finit pas de raconter sa vie.
Lary, l’homme qui a réussi, est son porte-parole, son témoin. Médecin spécialiste, il se tient à distance et s’amuse de peu de chose ou d’une gravité. Rien ne semble pouvoir le toucher et ses frères le mettent en garde d’une telle indifférence. Parce que le monde ne tourne pas rond disent-ils et que les puissants leur mentent. Le prêtre n’est toujours pas arrivé, les conversations s’enveniment. D’autres absents occupent le terrain comme Tony, fâché avec sa femme, Tante Ofelia, pour avoir frappé leur voisin qui n’appréciait pas que son épouse lui rende visite.
Quand Tony se décide à rejoindre le cloaque familial la situation empire, dans cet entre-deux léthargique et conflictuel d’une mise en scène assez bluffante. Confinée dans l’étroitesse de trois pièces et une cuisine, elle cherche maintenant ses repères, un troisième souffle, une autre vérité. Je ne comprends pas pourquoi Cristi Puiu s’acharne ainsi sur ses personnages . Mimi Branescu – Mirela Apostu – Eugenia Bosânceanu – Ilona Brezoianu – Ana Ciontea, d’excellents comédiens qui ne demandent qu’à vivre et à s’exprimer, sans autre forme de procès que celui infligé par l’Histoire de leur pays et les miasmes qui l’accompagnent.
Le cinéaste, auteur du scénario, en rajoute sur un propos qui n’est plus qu’un murmure. Les trois frères vont finalement en rire. Tout ça pour ça !
Le film
L’idée de réunir une famille pour une commémoration mortuaire permet au cinéaste roumain de faire le bilan de la société de son pays encore traumatisée par l’ère Ceausescu et à peine intégrée à la communauté européenne. Il le fait avec maestria dans une mise en scène qui occupe le peu d’espace accordé par un appartement où une dizaine de personnes vont et viennent, palabrent, pleurent, s’engueulent. Cristi Puiu transcende la banalité des situations et des propos en leur conférant toujours une portée universelle quand sur l’infidélité des époux ou la théorie du complot, il donne à voir et à entendre autre chose que le son des cloches de basse-cour. Mais le fait de palabrer à n’en plus finir plombe l’originalité du regard qu’il portait sur cette famille tuyau de poêle. A mon avis le film pouvait être réduit d’une bonne heure , ou bien devenir deux entités à la fois distinctes et complémentaires , un peu dans l’esprit de « Smoking/No smoking » d’Alain Resnais.
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