Synopsis: Une femme quitte son foyer, sa famille semble s'en accommoder. Deux vies en parallèle vont alors nous raconter leur histoire
La fiche du film
Le film
Les bonus
- D’après « Je reviens de loin » de Claudine Galéa.
- DVD : 01 er Février 2022
Le regard de Mathieu Almaric est un regard de dingue. Allumé, énigmatique, tout plein de questionnements. Ce qu’il voit, on le sait maintenant un peu plus au fur et à mesure que sa vision éclaire le firmament du septième art.
Dernière comète en vue, ce « Serre moi fort » parmi les plus allumées de son système à nul autre pareil . Une grammaire toujours renouvelée.
Une femme au petit matin quitte mari et enfants, sans crier gare. Clarisse ( Vicky Krieps) prend une voiture d’une autre époque et s’en va sur les routes. Au hasard. Sans histoire. Sinon celle de son foyer qui prend l’affaire comme elle vient, sans inquiétude.
Clarisse le pense ainsi.
Il faut que les choses se fassent, qu’elle vive sa vie résume le mari qui assure vaille que vaille l’intendance et la maîtrise des enfants. Paul et Lucie ne sont pas de tout repos, mais dans l’absence maternelle les vides sont toujours bons à remplir.
Surtout pour Lucie penchée sur son piano, ses gammes, et son rêve de conservatoire. Clarisse l’entend dans ses retours de promenade, comme un écho familier à une vie qu’elle vient de délaisser.
C’est du moins ce que l’on imagine en compagnie du réalisateur, lui aussi bien étrange quand il mixe de manière fulgurante l’avant et l’après. Réalité et fantasmes. La lumière est douce ( Christophe Beaucarne , directeur photo ), le cadre attentiste au moindre mouvement.
L’attente est manifeste dans ce décalage temporaire où le désordre parait conduire à une impalpable logique. Depuis cet hôtel de montagne où la femme guette les sommets et cette neige qui garde son secret.
Quand elle se confie à son amie (Aurélia Petit), elle parle de la lassitude du foyer, d’un mari comme un meuble, des enfants bons à jeter par la fenêtre. La raison de son départ ? Elle est partie, ils sont restés …
Amalric saisit ces instants, les ramasse, à la façon d’un puzzle ou d’un « Memory » avec des polaroïds de vacances qui ne veulent plus rien dire. Le souvenir est devenu une abstraction à l’image du récit que le cinéaste bouscule bizarrement sur le final .
Loin de conclure sur ce vide jamais comblé, Mathieu Amalric nous confie les clés de son histoire pleine et entière . Tous les acteurs de ce drame rapportent alors un peu d’eux-mêmes. : Vicky Krieps, Arieh Worthalter, Aurèle Grzesik et Juliette Benveniste, les enfants adolescents. Une affiche magnifique. Un film éblouissant.
LES SUPPLEMENTS
- Commentaires de Mathieu Amalric –Il est rare que je m’intéresse à ce chapitre, bien souvent le commentaire se rapporte aux images que l’on voit. On nous les explique, on nous explique pourquoi on tourne là…
Mais cette fois le réalisateur prend prétexte du décor, des personnages pour aller en profondeur donner encore plus de sens aux scènes, à la raison d’être des protagonistes. Mathieu Amalric poursuit son film et c’est passionnant.
- Les photographes- Trois photographes se sont succédés plus ou moins volontairement sur le plateau, et là encore c’est original avec un résultat très sensible. Pour trois styles vraiment différents, toujours attachants, le plus souvent des points de vue humains plus que techniques.
Charles Paulichevich- Il n’est pas spécialiste des tournages, des plateaux, alors il regarde ailleurs et ça flash dans l’émotion, l’intensité, avant de se faire rattraper par le film qu’il saisit sans effet, mais d’un regard indépendant, Il aime que la lumière lui fasse de l’ombre pour « attaquer » le sujet, lui rendre toute sa vérité, et éclairer la complexité d’une profondeur de champ, une perspective pas si fuyante … ( Photo ci-dessus)
Roger Arpajou –30 ans de plateau après avoir fait le tour du monde pour Sipa-Des portraits surtout, mais aussi de l’action autour du réalisateur qui montre et démontre
Christophe Offret-Il est accessoiriste et ça explique peut-être en partie des photos en marge, comme parfois volées …
Le film
Les bonus
Mathieu Amalric n’en finit pas d’interroger le cinéma , sa grammaire et sa raison d’être. Ce qui rend ce nouvel opus attrayant, les réponses apportées ne laissant filtrer que des éléments cinématographiques de première importance.
Sur le fil d’un départ inexpliqué, une famille se retrouve à vivre sans la mère. Ce qui parait ne pas compliquer le quotidien du mari et de ses enfants, quand la femme prise entre ses souvenirs et son propre cheminement, mène une quête secrète et solitaire.
Mathieu Amalric mixe de manière fulgurante l’avant et l’après. La lumière est douce, le cadre attentiste au moindre mouvement.
L’attente est manifeste dans ce décalage temporaire ou le désordre parait conduire une impalpable logique.
Le souvenir est devenu une abstraction à l’image de cette mise en scène qui retrouve une tonalité véritablement concrète sur le final qui à mon avis échappe à l’esprit du film.
Loin de conclure sur ce vide jamais comblé, Mathieu Amalric nous confie les clés de son histoire. Ca m'a un peu chagriné. Mais les acteurs sont magnifiques. Et le film aussi .
AVIS BONUS
Les commentaires très avisés de Mathieu Amalric et le regard de trois photographes, tout à fait éclairants