Synopsis: Interdit aux moins de 16 ans. Franck, représentant de commerce, traîne son existence minable dans la triste banlieue parisienne. Ce porte-à-porte laborieux fait bientôt la rencontre de Mona, une adolescente de 17 ans. Ils se découvrent alors un même but : fuir leur morne condition, quitte à employer les moyens les plus… expéditifs !
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Meilleur dvd Juin 2013 ( 5 ème )
Un titre à double détente. Une référence à la littérature du même nom, et au dénouement de plus en plus macabre qu’orchestrent magistralement deux maîtres en la matière. Alain Corneau, le réalisateur et Patrick Dewaere dont la prestation nous laisse un goût amer dans la bouche (« Coup de tête », « Hôtel des Amériques »… ). Comment a-t-il pu nous filer entre les doigts, sous des cieux auxquels il ne croyait pas ?
Sur le plancher des vaches, l’artiste s’exprime pleinement, et foncièrement, dans son rôle de psychopathe bienveillant. Dans une foultitude de registres, il décline la palette des émotions comme s’il chantait le bréviaire, l’air de ne pas y toucher.
J’ai l’impression qu’avec lui, chaque scène est désormais inscrite sur le marbre du septième art : la cabine téléphonique dans laquelle vient buter un simple d’esprit (mais qui est le plus idiot ?), sa femme qui le cuisine sur le meurtre de la vieille ou ses faces à faces avec Bernard Blier qui trouvait là il est vrai, comédien à qui parler. Mal dégrossi, le personnage est terriblement efficace.
Dewaere ne fait peut-être pas tout, mais il participe bigrement au bonheur de ce film qui le voit déambuler dans le noir des âmes et des rues d’un quartier de banlieue. La déprime des terrains abandonnés à des constructions fantômes où se perdent les rêves et les espoirs. Où rien ne fleurit si ce n’est cette fleur de pavé, Mona, qui va lui ouvrir un jardin plein de promesses.
Le début d’un engrenage fatal en réalité, de l’amour dit-il, happé par une caméra qui ne le lâche plus, qui le filme au plus près de la peau (les gros plans sont désormais interdits au cinéma ?) et le bringuebale dans les scories d’une histoire vraiment noire.
La psychologie épelée par Corneau lui donne tout son sens, sa raison d’être, parano, sympathique, schizophrène…. Les mots de Perec y ajoutent un soupçon de bienveillance et surtout d’humanité. Il est dommage que le personnage de Marie Trintignant n’ait pas la chance de saisir cette prose: Mona parle peu, elle observe beaucoup. Elle a aussi pris la poudre d’escampette. Série noire, effectivement.
LES SUPPLEMENTS
- Rencontre avec Alain Corneau et Marie Trintignant. (28 mn ). Le réalisateur revient beaucoup sur le parcours du romancier, Jim Thompson dont il s’est inspiré (« A Hell of a Woman ») pour son film qui utilise « la musique du décor habituel des gens » comme le fit en tout premier Scorsese avec,« Mean Streets ». « Là je me suis dit qu’il était effectivement intéressant de mettre les chansons que les gens écoutaient habituellement , le matin au réveil, comme Sacha Distel ou Claude François ».
Corneau qui parle bien du cinéma, le sien, mais aussi celui des autres, et avec beaucoup de respect, évoque ses références, et la tentation de tourner en noir et blanc. « Pour “ Série noire ” ça s’imposait, mais j’avais l’impression de le magnifier, dans un système un peu classieux, mais avec une telle histoire c’était bien tentant ».
Sur Patrick Dewaere, il est intarissable. « Un acteur qui ne prémédite pas » résume-t-il.
Marie Trintignant qui apparait de temps à autre dans la discussion, mais en plans rapportés, dit tout le bien qu’elle pense de son metteur en scène et de sa technique des deux caméras. Elle est aussi pleine d’éloges pour Patrick Dewaere .Sur son personnage, elle reconnaît qu’il ressemblait beaucoup à ce qu’elle était alors. Elle avait 16 ans .
- Série noire pour des acteurs ( 14 mn ). De l’équipe du film à la profession ( Anglade, Nicloux.. ) tout le monde dit tout le bien qu’ils pensent de Patrick Dewaere
Review Overview
Le film
Les bonus
Autour d’un Dewaere prodigieux, Corneau tisse les fils d’une intrigue qui bien que déprimante nous entraîne avec maestria dans les bas-fonds des cœurs déchirés. Quand Franck rencontre Mona, ça fait tilt ; Pour eux le monde s’arrête de tourner, laissant au réalisateur le soin d’en imaginer la suite. Et le monde se remet à fonctionner, à leur façon, à la fois triste et fabuleux. Le film noir, par excellence…
Avis Bonus : Une rencontre passionnante avec Corneau ( il parle très bien du cinéma) et l'hommage de la profession à Patrick Dewaere
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