Synopsis: Les coulisses d’une chaîne de télévision aussi puissante que controversée. Des premières étincelles à l’explosion médiatique, des femmes journalistes ont réussi à briser la loi du silence pour dénoncer l’inacceptable.
La fiche du film
Le film
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DVD : 27 mai 2020
Depuis l’affaire Weinstein, le cinéma a repris le flambeau des révélations qui ont pu déstabiliser plus d’un système jugé inébranlable. Cette fois Jay Roach ouvre le dossier de la « Fox News » puissante chaîne d’informations américaine dirigée par le non moins puissant Robert Murdoch contraint de licencier son ami Robert Ailes, directeur de la rédaction, accusé d’harcèlement sexuel.
Nous sommes à l’été 2016. La bataille pour la Maison Blanche fait rage. Un certain Trump, tête baissée, s’en prend à une élite journalistique et cible encore plus quelques femmes qu’il traite de tous les noms.
Dont Megyn Kelly (Charlize Theron ) célébrité médiatique de Fox News. De nombreux détracteurs, supporters inconditionnels du candidat réactionnaire prennent le relais. Menaces diverses, lettres anonymes … Les charges sont sexistes, insupportables.
Mais rien n’y fait, le patron demande à son employée de tempérer, et déroule le tapis rouge au bouledogue-bulldozer.
C’est le quatrième candidat que Roger Ailes soutient sans vergogne. Personne ne peut contredire ses choix politiques, sa ligne éditoriale, sa conduite professionnelle. On sait, il se dit, on murmure que … Mais rien ne bouge …
Quand Gretchen Carlson ( Nicole Kidman), célèbre présentatrice, parmi les plus anciennes et les plus respectées dévie légèrement de la trajectoire, la sanction ne se fait pas attendre. Les candidates à la relève piétinent dans l’ombre, Roger Ailes n’a qu’à choisir. Ce sera donc Kayla Pospisil (Margot Robbie ) qui n’imagine pas le calvaire qu’elle entame auprès de l’homme le plus puissant du New-York journalistique.
Trois femmes dans le giron médiatique, trois générations pour instruire sur la durée le procès d’un système basé sur un patriarcat de droit divin dont les dérives s’inscrivent dans la colonne des dégâts latéraux dont on ne parle pas. La façade est reluisante, Fox News est un succès.
Le licenciement de Gretchen Carlson sonne pourtant le glas de cette marche en avant triomphale. L’ex-journaliste Fox News ose attaquer en justice celui à qui elle doit tout, mais à quel prix !
La lézarde dans le système Ailes est encore faible mais le réalisateur use de tous les codes du cinéma hollywoodien pour la mettre en scène de manière éloquente. Le décorum ne manque pas à l’édification d’un procès dont l’instruction se fait essentiellement dans les couloirs de la rédaction. Et ça, c’est bien vu !
Là où les révélations sont fortement contestées par les apparatchiks du journal, des hommes et des femmes qui entrevoient maintenant la fin de leurs pouvoirs et de leurs privilèges.
Ces petits arrangement entre amis que Megyn Kelly avait jusqu’alors tus et qu’elle révèle dans une histoire qui ressemble aux premiers pas de la jeune Kayla, la nouvelle qui monte …
Elle est interprétée par Margot Robbie parfaite petite poupée Barbie naïve et insouciante au royaume des aveugles. Son maître, John Lithgow dirige à la note juste une partition exécrable, mais si vraie aux yeux du réalisateur très bien entouré .
Nicole Kidman et Charlize Theron qui d’une histoire essentielle à la condition féminine dominent leur égo pour en faire plus qu’un écho.
Le film
C’est un film à l’américaine, et plus spécialement hollywoodien : il use de tous les procédés techniques, scéniques et scénaristiques pour mettre en scène de manière grandiloquente un sujet éminemment actuel et de plus en plus brûlant : le harcèlement sexuel . Le fait de jouer avec la grande artillerie n’enlève en rien la nécessité de reprendre effectivement ce genre de débats ( personnellement je préfère la finesse et l’approche subtile de « Nina Wu » ) surtout que le réalisateur le place un peu au-dessus des contingences Allusif ou suggestif dans la dénonciation des faits incriminés, il les resitue dans l’ordre établi d’un patriarcat de droit divin. Une puissance dictatoriale à l’égale des oligarques qu’il protège ou qu’il sert. C’est le petit plus de ce film dont le grand plus revient à un casting quasiment irréprochable.
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