Synopsis: Pendant la Seconde Guerre mondiale, un avion transportant des garçons de la haute société anglaise, s'écrase sur une île déserte. Seuls les enfants survivent. Livrés à eux-mêmes dans une nature sauvage et paradisiaque, les enfants tentent de s'organiser en reproduisant les schémas sociaux qui leur ont été inculqués. Mais leur groupe vole en éclats et laisse place à une organisation tribale, sauvage et violente bâtie autour d'un chef charismatique.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le bonus
Meilleur dvd Juillet 2014 ( 10 ème )
J’imagine qu’au début des années soixante le film adapté de l’œuvre de Golding ait pu attiser la curiosité. On y voit en tout petit, la manière dont les hommes se comportent habituellement. Le monde est alors réduit à une île, déserte, peuplée de gamins rescapés d’un crash aérien.
Un microcosme ausculté à la loupe par un cinéaste qui traque autant le détail d’un visage chérubin que l’esprit qui l’anime au milieu de ses semblables. Ce que développera en plus hollywoodien la série Lost, bien des années plus tard. Ici le propos de Peter Brook se veut avant tout fidèle à l’esprit du livre,à son désir de rendre la nature la plus accessible possible à l’homme.
Nous sommes au cœur du mythe de la création : tout naturellement, il instaure ses codes ( l’élection d’un chef .. ) et ses lois ( on ne parle pas sans avoir levé la main .. ) pour que cette micro-société puisse fonctionner normalement. On nous promettait un paradis qui apparaît effectivement comme tel aux yeux des naufragés, avant de devenir le réceptacle de la survie humaine.
L’épisode du feu qui n’a pas été entretenu est assez significatif de ce modèle primitif et dramatique, source des premières tensions qui vont amener chaque individu à se positionner. « Si les adultes nous voyaient » relève l’un d’entre eux face aux dissensions qui désormais les divisent.
Il faut choisir son camp, son clan et dès lors s’apprêter à combattre. C’est une autre séquence, formidablement filmée, qui vient alors à l’esprit quand autour d’un grand feu, la petite bande se laisse emporter par l’ivresse de cette liberté soudaine et inconnue, frénésie proche de l’hystérie.
Je ne vous dévoilerais pas l’issue de cette danse incantatoire, mais elle présage bien de l’avenir de cette civilisation qui s’effacera au profit d’un retour à l’état sauvage. Les enfants les plus fragiles ou les plus raisonnables pourront-ils y survivre ?
LE SUPPLEMENT
Le cinéma en liberté, entretien avec Peter Brook (32 mn) . Il revient sur son coup de foudre pour le roman de William Golding, la préparation et le tournage du film, et sur la signification de son travail avec une troupe d’enfants.
« Ce qui m’a plu, immédiatement, dans le livre, c’est l’aspect du mythe qui dépasse les limites du naturalisme, mais très proche de la vie réelle. Le mythe de la création du genre humain qui veut que les hommes sont immédiatement divisés socialement ».
Il évoque la mythologie grecque et prévient qu’il n’y a rien d’ennuyeux dans l’œuvre de Golding. Sur les questions logistiques, Peter Brook détaille sa rencontre avec le producteur Sam Spiegel qui lui fera perdre « très vite toute liberté d’action. Il a commencé presque de manière inconscience à quadrupler le budget » sourit aujourd’hui le réalisateur qui s’escrimait à demander le moins de sous possible.
« Je voulais une île déserte, des enfants et une caméra ». Ce qu’il obtiendra d’un second producteur, mais au passage Spiegel réclamera beaucoup d’argent, histoire de récupérer sa mise…
Peter Brooks revient aussi en détail sur le choix des enfants, le plus difficile à localiser étant « Piggy ». Hugh Edwards lui écrira une lettre après avoir vu une petite annonce dans un journal anglais. Pour la constitution de l’équipe, le réalisateur fait souvent appel à des gens n’ayant encore jamais tourné un film, comme le preneur de son ou le caméra man. Les mères des enfants présentes sur l’île participent aussi à la fête…
Review Overview
Le film
Le bonus
L’œuvre de Golding relayée par la caméra de Brook a fait de cette histoire d’enfants naufragés sur une île déserte une ode à la liberté et au retour à l’état sauvage. C’était sans compter sur les méfaits de la civilisation réduite à ce microcosme si éloquent au cœur d’une nature quasi paradisiaque.
Aujourd’hui le propos peut paraître un brin candide, mais il est révélateur d’un état d’esprit qui depuis Daniel Defoe pour ne pas remonter trop loin à la série TV « Lost » remue bien les imaginations. Car c’est de la vie dont il s’agit et de l’aventure de l’histoire humaine. Le microcosme imaginé par Brook et Golding est toujours d’une vérité accablante. Nous resterons des hommes.
Avis bonus
Une rencontre avec le réalisateur qui nous présente très bien le projet et sa réalisation
2 Commentaires
Pingback: « Médecin de campagne » de Thomas Lilti. Critique cinéma
Pingback: "London river" de Rachid Bouchareb. Critique dvd