Synopsis: Vincent Machot partage sa vie entre son salon de coiffure, son cousin, son chat, et sa mère envahissante. Un jour, il croise par hasard Rosalie Blum, une femme mystérieuse et solitaire, qu'il est convaincu d'avoir déjà rencontrée. Intrigué, il se décide à la suivre partout. Sa filature va l’entraîner dans une aventure pleine d’imprévus où il découvrira des personnages aussi fantasques qu’attachants.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Son nom de famille appartient au cinéma. Merci papa, mais ça ne suffit pas. Une filmographie scénaristique plutôt recommandable (« Zulu », « Cloclo », « Largo Winch » …) et un premier film désormais presque parfait. Julien Rappeneau peut voir venir son héroïne Rosalie, avec la conviction du travail bien fait.
Guère de faiblesses dans cette histoire provinciale, assez banale au demeurant.L’épicière solitaire et mystérieuse va rencontrer le coiffeur célibataire. Les figurines de Camille Jourdy, l’auteur de la BD éponyme, reprennent vie. Une idylle qui ne vient pas, des personnages qui se fuient, qui s’épient ( un vrai jeu de piste) et le petit manège du quotidien nous embarque dans sa féerie. Sa poésie du bonheur à cent balles, si précieuse…
Ses portraits très attachants, Rappeneau les rend encore plus présents par l’attention qu’il porte aux comédiens. Deux-trois coups de crayon et on a tout, famille, psychologie, amours, boulot ou pas… Même les fonds de tiroir méritent d’être observés. Philippe Rebbot est un clown magnifique et lunaire.
Anémone, une maman déglinguée, merveilleuse d’attachement forcené au fiston. C’est Vincent, son Figaro de quartier, Kyan Khojandi ( le garçon de « Bref » ) qui porte le sujet sans défaillir sur ses épaules d’amoureux transi au point de ne jamais se montrer auprès de sa belle. Plus le film avance, moins on en sait sur elle, sinon que Noémie Lvovsky ne force jamais la dose pour donner le meilleur d’elle-même.
Et entraîner le malheureux jeune homme sur de fausses pistes que le réalisateur balise avec une dynamique éclatante. La musique de Martin Rappeneau, le frérot, en guise de soutien. Le cinéaste multiplie les points de vue (exercice merveilleux) dans un spectacle permanent, celui de la rue que la caméra prend à témoin.
La ville n’est pas désincarnée, c’est bien une ville de province qui nous semble familière, magnifiquement filmée, avec une âme, pleine et entière. Nevers revit dans ce délire enchanté que parcourt une jeune fille elle aussi un peu à côté de ses pompes mais si bien portées par Alice Isaaz qu’on la suit sans trop s’inquiéter.
Même si au bout du compte le héros avait déjà bien rencontré l’héroïne, dans de drôles de circonstances, avec juste ce qu’il faut de gravité pour nous rappeler que tout ce que l’on vient de vivre n’est que comédie. Quelle belle et grande farce la vie et chapeau l’artiste !
LES SUPPLEMENTS
- Rencontre avec réalisateur et comédiens (18 mn). Julien Rappeneau explique ce qui l’a séduit dans le roman graphique. Avant tout « la fragilité des personnages, comme sur pause dans leur vie, et cette étrange histoire de filature. (… ) Un principal narratif très intéressant dans le roman graphique, les différents points de vue et je trouvais jubilatoire de l’exploiter au cinéma».
Sara Giraudeau « Habituellement on nous présente des règles scénaristiques qui fonctionnent toujours de la même façon, et cette fois il y avait autre chose dans l’écriture, un autre développement ».
Kyan Khojandi « Une écriture qui n’est pas codifiée effectivement (…) un thriller sur l’intime. En cherchant sur les autres, le héros va découvrir beaucoup plus sur lui-même ». ».
Tous les comédiens parlent de leur personnage, le réalisateur explique le choix des acteurs, et celui de son frère à la musique. « Le seul problème c’est que si elle ne me plaisait pas, je renvoyais le compositeur comme ça arrive parfois sur des films et alors qu’allait devenir la famille ? Mais la question ne s’est pas posée
- Du roman graphique au film (23.16). Un entretien avec Camille Jourdy et le réalisateur
Première bd, projet de diplôme « je ne m’attendais pas à une adaptation cinématographique, et c’est devenu stressant par rapport à ce que cela allait devenir, et la fidélité ».
« J’avais le sentiment de n’avoir jamais vu une telle histoire au cinéma » lui répond Julien Rappeneau « avec une thématique sur les personnages qui me parlait. Ca pouvait être drôle, émouvant, mystérieux, assez jubilatoire dans l’idée d’une adaptation ».
Des comparaisons du dessin et de l’image, de l’apport du scénario et des impressions de l’auteur de la BD … « Il a traduit ce que j’ai imaginé, dans un autre langage. Il y a beaucoup de choses qui ont changé, et bizarrement ça reste très fidèle ».
Le film
Les bonus
Dans une ville de province, magnifiquement filmée, le coiffeur célibataire épie l’épicière solitaire. Il l’a déjà vue, mais ne se souvient pas comment. Alors il tente de percer son mystère, ignorant qu’il fait peut-être partie du complot qui se trame dans son imagination.
En s’inspirant de l’œuvre dessinée de Camille Jourdy, Julien Rappeneau convoque une kyrielle d’excellents comédiens pour les mettre en situation de bonheur cinématographique. Une empathie avec ses personnages qu’il fixe parfaitement au point de les arrêter quand la caricature pourrait gâcher le plaisir. Il n’en est rien Anémone, étonnante et formidable , complètement jetée, certes, mais jamais folle dingue dans ce délire général, où tournoient joyeusement Noémie Lvovsky, Kyan Khojandi et Alice Isaaz .
Toujours dans les limites de la ligne rouge du désordre, du n’importe quoi. Une dynamique de tous les instants, pour un premier film épatant.
Avis bonus
Des entretiens surtout, réalisateur, comédiens, auteur de la BD
7 Commentaires
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