Accueil » A la une » « Rodin » de Jacques Doillon. Critique cinéma

« Rodin » de Jacques Doillon. Critique cinéma

Synopsis: À Paris, en 1880, Rodin reçoit sa première commande de l'Etat : La Porte de L'Enfer. Il partage sa vie avec Rose, sa compagne de toujours, lorsqu'il rencontre Camille Claudel, son élève la plus douée qui devient son assistante, puis sa maîtresse. Dix ans de passion, d'admiration commune et de complicité. Après leur rupture, Rodin poursuit son travail avec acharnement.

La fiche du film

Le film : "Rodin"
De : Jacques Doillon
Avec : Vincent Lindon, Izïa Higelin
Sortie le : 24/05/2017
Durée : 119 Minutes
Genre : Drame
Type : Long-métrage
Le film

« Nos enfants sortent de la glaise »

« Vous allez voir comme la lumière de la lune va lui plaire ». Rodin parle au nouvel acquéreur de son œuvre, mais c’est à Balzac qu’il s’adresse. Avec sa glaise, ses formes, ses œuvres en devenir, Rodin entretient des conversations charnelles et amoureuses. A l’image de Vincent Lindon, totalement habité par son personnage et son œuvre. Toujours grand.

C’est l’angle d’attaque de cet autre sculpteur d’images qui pour parler de la création la montre devant et derrière la caméra. Malgré une bande son parfois défaillante, l’osmose est étonnante entre Doillon et son sujet.

A l’exigence du modèle répond celle d’un cinéaste appliqué, respectueux du cadre dans lequel l’artiste conçoit son projet.

Au point de figurer un noir et blanc instinctif dans l’atelier où la lumière perce à peine les contours des statues en suspens. Christophe Beaucarne est aux commandes.

Rodin cause avec le plâtre, mais si peu autrement que Doillon emboîte le pas d’un récit extatique. La narration est rare, ou alors pour dire la colère, la jalousie, la mésentente.

Et les amours retranchées dans un château de Touraine entre l’homme et son élève devenue sa maîtresse. Rodin-Claudel. Izia Higelin que l’on n’attendait pas forcément là, mais qui est là et bien là. Leur histoire s’inscrit pleinement sur la palette du réalisateur toujours aussi proche de sa vérité que les étreintes des amants sont des esquisses sculpturales. De l’écran à la sellette, le même vertige de la création. La même passion pour les femmes qui peuplent son atelier et ses phantasmes.

Rose est à part, sa compagne de toujours à qui Séverine Caneele donne une farouche exubérance. Celle de son homme arc bouté sur le métier que l’on détruit si facilement dans les beaux salons parisiens Son travail n’est pas toujours compris et « Balzac » démembré, on le moque. La fougue alors disparait, Rodin ne se bat pas. Il maugrée et retourne à l’ouvrage.

Il pratiquait par à-coups, petits rajouts et touches aléatoires. Doillon opte par chapitres, tableaux ou séquences, selon une chronologie chamboulée. C’est le théâtre de la vie, celui d’une mise en scène de plateau sur lequel tous les comédiens jouent à l’unisson d’une musique venue de l’étrange. Philippe Sarde en est l’auteur. Toujours une belle osmose !

« Nos enfants sortent de la glaise » « Vous allez voir comme la lumière de la lune va lui plaire ». Rodin parle au nouvel acquéreur de son œuvre, mais c’est à Balzac qu’il s’adresse. Avec sa glaise, ses formes, ses œuvres en devenir, Rodin entretient des conversations charnelles et amoureuses. A l'image de Vincent Lindon, totalement habité par son personnage et son œuvre. Toujours grand. C’est l’angle d’attaque de cet autre sculpteur d’images qui pour parler de la création la montre devant et derrière la caméra. Malgré une bande son parfois défaillante, l'osmose est étonnante entre Doillon et son sujet. A l’exigence du modèle…
Le film

Jacques Doillon signe une œuvre peu commune et magnifique : tout en créant sa propre matière, il renvoie en écho l’acte créatif de Rodin comme articulation principale d’un film dont la narration n’est que secondaire. Il faut alors peut-être beaucoup aimer le travail de conception et d’élaboration artistiques en général, et plus particulièrement celui de Rodin pour entrer dans ce film miroir qui loin d’un biopic vise à sacraliser une œuvre à jamais immortelle. Où l’on voit les affres de l’artiste face à la glaise qu’il tutoie sévèrement avant de lui donner la forme adéquate. Et puis Camille Claudel. Son histoire s’inscrit pleinement sur la palette du réalisateur toujours aussi proche de la vérité que les étreintes des amants sont des esquisses sculpturales. De l’écran à la sellette, le même vertige de la création. La même passion. Entre Rodin et Doillon, une belle osmose célébrée par une palette de comédiens ad hoc.

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Pain, amour et fantaisie » de Luigi Comencini. Critique Cinéma

A nouveau les grands classiques italiens sur grand écran, on ne s'en lasse pas

Laisser un commentaire