Synopsis: C'est l'été à Tanger. Une famille se réunit suite au décès du père, pour partager sa perte, comme le veut la tradition musulmane. Il faut quitter les maillots de bain pour se vêtir de djellabas, et donner à la maison des allures d'enterrement. Il n'a laissé derrière lui que des femmes. Tout bascule à l'arrivée de Sofia, la dernière des filles, qui a fait sa vie ailleurs. Actrice n'interprétant que des rôles de terroristes dans des séries américaines, elle arrive de New York. Son retour va être le moyen de bouleverser l'ordre établi depuis toujours par ce patriarche.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Meilleur dvd Janvier 2014 ( 3 ème )
Ce film avance masqué ! Le patriarche vient de mourir, l’enterrement se prépare (trois jours selon la tradition), la tristesse est palpable, et pourtant l’ambiance parait plutôt sereine. Il est vrai que l’occasion permet de réunir toute la famille, et particulièrement les trois sœurs, dont la cadette, devenue star, et l’épouse d’une star, aux Etats-Unis. La ville de Tanger n’est plus pour elle qu’un lointain souvenir.
J’aime beaucoup cette mise en place, je l’avoue, avec un rien de perversité dans les premières rencontres à demi-mots, qui en disent plus qu’ils n’expriment réellement. Ca sent le règlement de compte, et la mise en scène est à l’image de cette ambiance où flotte un sentiment de malaise, avec beaucoup de retenue.
Ca va exploser, c’est une évidence et bien non. Les retrouvailles entres les sœurs procurent de sublimes et intenses moments de fraternité, de véritables instants de comédies cinématographiques, où les petits riens font les grandes tragédies. On en pressent une, qui ne vient pas, mais une autre prend déjà sa place.
Elle est plus insidieuse, déterre des histoires du passé, au milieu de la joie des retrouvailles ; les sœurs qui ne se font pas de cadeaux, s’adorent, et ça fait vraiment plaisir à voir, même si elles réveillent de méchantes douleurs, autour du défunt toujours aussi mort.
Encore que …
Un bel homme tout en blanc hante cette grande demeure à la rencontre de son petit fils qu’il ne connaissait pas, un petit ange brun, l’innocence incarnée au cœur d’une maison qu’il découvre. Là encore la caméra se balade de la même façon, d’une pièce à l’autre, d’une histoire vers une autre histoire où la cicatrice désormais béante laisse suinter un passé douloureux.
Dans un crescendo parfaitement maîtrisé, ce mélange des genres donne le ton si particulier à ce film qui se retient d’exploser mais qui le fait en filmant dans la marge, le sort des femmes marocaines, le quotidien des ruelles commerçantes et celui des gamins qui vous gardent votre belle bagnole.
Comme il est beaucoup question de femmes, de leurs conditions dans un Maroc qui se cherche, les comédiennes sont à l’honneur et le font avec grâce et distinction : Hiam Abbass, qu’il n’est peut-être plus besoin de présenter, mais aussi les trois sœurs, aux personnalités si distinctes que tour à tour elles nous embobinent joliment : Morjana Alaoui, Nadine Labaki et Lubna Azabal
En une pirouette, Laïla Marrakchi raconte des tranches de vie, et nous rapproche de la vie. Du cinéma vivifiant, qui distraie sans bêtifier, qui instruit sans pontifier.
- Un autre regard sur le Maroc : « Razzia » de Nabil Ayouch-« Houkak » de Younes Yousfi-« Much Loved » de Nabil Ayouch-« C’est eux les chiens » de Hicham Lasri-« Goodbye Morocco » de Nadir Mokneche-« Casanegra » de Nour Eddine Lakhmari -« Les femmes du pavillon J » de Mohamed Nadif-« Adam » de Maryam Touzani-« Sofia » de Meryem Benm’barek-« Prendre le large » de Gaël Morel
Review Overview
Le film
Autour du décès du patriarche (sujet éminemment récurent au cinéma), Laïla Marrakchi raconte des tranches de vie, et vous rapproche de la vie. Du cinéma vivifiant, et qui distraie sans bêtifier. Comme il est beaucoup question de femmes, les comédiennes sont à l’honneur et le font avec grâce et distinction : Hiam Abass, qu’il n’est peut-être plus besoin de présenter, mais aussi les trois sœurs, aux personnalités si distinctes que tour à tour elles nous embobinent : Morjana Alaoui, Nadine Labaki et Lubna Azabal
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