Synopsis: Fuyant la misère, Rosaria et ses quatre fils quittent l'Italie du Sud pour Milan où vit déjà l'aîné Vincenzo. Chacun tente de s'en sortir à sa façon. Mais l'harmonie familiale est rapidement brisée : Rocco et Simone sont tous les deux amoureux d'une jeune prostituée, Nadia.
La fiche du Blu-Ray
Le film
Meilleur dvd Novembre 2016 (10 ème )
Dans la famille Parondi l’entente est parfaite, jusqu’au jour où l’un des plus jeunes frères tire dans les pattes du cadet. Le début d’une guerre fratricide, où tous les coups sont permis …
Beaucoup de cinéphiles considèrent ce film comme une légende du cinéma mondial, un grand classique, voire un chef d’œuvre.
J’y mets un peu de tout, effectivement, pour résumer mon impression mitigée sur cette tragédie retournée à l’Antique par un réalisateur qui y puise les ressorts possibles du courant néo-réalisme de l’époque. Il le fait avec une force inouïe, une virulence à fleur de peau, dans une mise en scène de plus en plus sulfureuse. Le Noir et Blanc de Giuseppe Rotunno est sublime.
Le décor est aussi celui d’une tragédie grecque, les ruines d’un pays en reconstruction, des banlieues où s’entassent la misère et des gens en quête d’un autre destin. Comme les Parondi qui sous la férule de la Mama, figure incontournable, débarque dans la ville miracle. Le fils aîné les attend.
La mère, dans une posture déjà inaccessible au cœur de sa fratrie, devient peu à peu la mater dolorosa. Katina Paxinou en fait malheureusement des tonnes. Excessive, grotesque dans un final mélodramatique qui ne lui rend pas service.
On atteint le noir du noir dans la faillite de ses projets, elle qui un temps fut appelée « Madame… » dit-elle encore avec fierté « dans une grande ville comme Milan ! »
Le temps a posé trop de poussière sur l’œuvre du cinéaste italien. Mais derrière les boursouflures, la grâce se dégage toujours du jeu d’Annie Girardot (Nadia), la mauvaise fée qui a jeté un sort sur la famille Parondi.
Renato Salvatori est lui aussi très convaincant dans son personnage de méchant garçon, abrupt et arrogant, dingue à la folie de la belle Nadia, dont est tombé amoureux le tout jeune Rocco.
Une vraie figure de cinéma, magnanime et généreux, aussi romanesque qu’intemporelle. Sous les traits d’Alain Delon, il complète avec candeur et gentillesse ce triangle amoureux dont plus d’un scénariste se serait contenté. Mais Visconti creuse encore la veine littéraire du roman de Giovanni Testori « Il ponte della Ghisolfa », dont il s’inspire pour amener au tragique cette chronique familiale.
Elle me semble totalement réussie dans l’affrontement fraternel, autour duquel d’autres face à face, tels des duels, vont régler le sort des Parondi. Entre la maman et la putain, une haine sans fin conclut un pacte non signé. Celui des déracinés, des oubliés d’une terre qui un jour n’a plus voulu nourrir ses enfants. L’Histoire est effectivement un perpétuel recommencement.
- Mais encore
Le cinéaste Marco Tullio Giordana dit avoir été influencé par le film de Luchino Visconti lorsqu’il a tourné « Nos meilleures années« . On retrouve dans ce film l’une des comédiennes de « Rocco et ses frères », Adriana Asti.
Le film
Une tragédie tournée à l’Antique par un réalisateur qui y puise les ressorts possibles du courant néo-réalisme, pour façonner le décor de son théâtre : les ruines d’un pays en reconstruction, des banlieues où s’entassent la misère et des gens en quête d’un autre destin. Comme la famille Parondi qui sous la férule de la Mama, figure incontournable d’une telle dramaturgie, débarque dans la ville miracle où le fils aîné a déjà posé pieds. Elle espérait un peu de bonheur, de tranquillité et la réussite pour ses cinq fils qui tenteront eux aussi de mener à bien leur insertion dans un monde qui ne les attend pas. Mais face aux attraits de la grande ville et de la belle Nadia, la fratrie ne résistera pas. 56 ans après ce film demeure une entité indiscutable du cinéma européen, mais l’insistance mélodramatique de la mise en scène dans un final dirigé avec virulence, contraint les acteurs à une interprétation parfois outrancière. Avec une Mama qui en devient grotesque…
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